[14a,44] Ἐν δὲ τῇ ὁδῷ τῇ μεταξὺ τῶν Τράλλεων καὶ τῆς
Νύσης κώμη τῶν Νυσαέων ἐστὶν οὐκ ἄπωθεν τῆς πόλεως Ἀχάρακα,
ἐν ᾗ τὸ Πλουτώνιον ἔχον καὶ ἄλσος
πολυτελὲς καὶ νεὼν Πλούτωνός τε καὶ Κόρης, καὶ τὸ
Χαρώνιον ἄντρον ὑπερκείμενον τοῦ ἄλσους θαυμαστὸν τῇ φύσει·
λέγουσι γὰρ δὴ τοὺς νοσώδεις καὶ προσέχοντας ταῖς τῶν θεῶν
τούτων θεραπείαις φοιτᾶν ἐκεῖσε καὶ διαιτᾶσθαι ἐν τῇ κώμῃ πλησίον
τοῦ ἄντρου παρὰ τοῖς ἐμπείροις τῶν ἱερέων, οἳ ἐγκοιμῶνταί τε
ὑπὲρ αὐτῶν καὶ διατάττουσιν ἐκ τῶν ὀνείρων τὰς θεραπείας.
οὗτοι δ´ εἰσὶ καὶ οἱ ἐπικαλοῦντες τὴν τῶν
θεῶν ἰατρείαν· ἄγουσι δὲ πολλάκις εἰς τὸ ἄντρον καὶ
ἱδρύουσι μένοντας καθ´ ἡσυχίαν ἐκεῖ καθάπερ ἐν φωλεῷ σιτίων
χωρὶς ἐπὶ πλείους ἡμέρας. ἔστι δ´ ὅτε καὶ
ἰδίοις ἐνυπνίοις οἱ νοσηλευόμενοι προσέχουσι, μυσταγωγοῖς δ´ ὅμως καὶ
συμβούλοις ἐκείνοις χρῶνται ὡς ἂν
ἱερεῦσι· τοῖς δ´ ἄλλοις ἄδυτός ἐστιν ὁ τόπος καὶ ὀλέθριος.
πανήγυρις δ´ ἐν τοῖς Ἀχαράκοις συντελεῖται
κατ´ ἔτος, καὶ τότε μάλιστα ὁρᾶν ἔστι καὶ ἀκούειν περὶ
τῶν νοσούντων τοὺς πανηγυρίζοντας· τότε δὲ καὶ περὶ
τὴν μεσημβρίαν ὑπολαβόντες ταῦρον οἱ ἐκ τοῦ γυμνασίου νέοι
καὶ ἔφηβοι γυμνοὶ λίπ´ ἀληλιμμένοι μετὰ
σπουδῆς ἀνακομίζουσιν εἰς τὸ ἄντρον· ἀφεθεὶς δὲ μικρὸν προελθὼν
πίπτει καὶ ἔκπνους γίνεται.
| [14a,44] 44. Toujours sur la route, entre Tralles et Nysa, et non loin de cette
dernière ville, de laquelle même il dépend, est le bourg d'Acharaca, avec
son plutonium, qui renferme, outre un bois sacré magnifique et un temple
dédié à Pluton et à Coré, ce charonium dont on fait de si merveilleux
récits. Il est situé juste au-dessus du bois sacré, et attire, dit-on, une
grande affluence de malades et d'adeptes, tous animés d'une foi absolue
dans l'efficacité des prescriptions médicales des deux divinités :
naturellement c'est à qui viendra se loger le plus près de l'antre.
Certains prêtres connus pour avoir l'habitude de ces sortes de
consultations reçoivent des pensionnaires. En général les prêtres vont
dormir dans l'antre au lieu et place des malades, et reviennent ensuite
prescrire à ceux-ci un traitement d'après les songes qu'ils ont eus. Ce
sont eux aussi que les malades chargent d'invoquer les dieux en leur nom à
l'effet d'obtenir leur guérison. Mais parfois ils mènent les malades mêmes
dans l'antre, et les y installent en leur recommandant de rester là
immobiles, comme bêtes tapies au fond de leur tanière, sans prendre de
nourriture, et cela durant plusieurs jours. Enfin, dans d'autres cas, où
les malades pourraient interpréter eux-mêmes les songes qui les ont
visités, le prestige attaché à cette qualité de prêtre fait que les
malades aiment encore mieux se faire initier par eux à la pensée
mystérieuse de la divinité et n'agir que d'après leurs conseils. Le lieu,
du reste, passe pour être interdit aux profanes, et il y aurait danger de
mort, paraît-il, à y pénétrer {sans avoir été initié}. Chaque année il se
tient à Acharaca une panégyris ou assemblée, et l'on peut dire que c'est
là le vrai moment pour juger par ses yeux de l'affluence des malades, et
pour recueillir tout ce qui se dit de ces cures merveilleuses. Il est
d'usage ce même jour-là, à midi, que des jeunes gens et des éphèbes, nus
et le corps bien frotté d'huile s'élancent hors de leur gymnase, prennent
un taureau, le traînent le plus vite qu'ils peuvent jusqu'au seuil de
l'antre et l'y lâchent ; le taureau y fait quelques pas, tombe et expire.
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