[14a,4] Αὗται μὲν δώδεκα Ἰωνικαὶ πόλεις, προσελήφθη
δὲ χρόνοις ὕστερον καὶ Σμύρνα εἰς τὸ Ἰωνικὸν ἐναγαγόντων Ἐφεσίων·
ἦσαν γὰρ αὐτοῖς σύνοικοι τὸ παλαιόν, ἡνίκα καὶ Σμύρνα ἐκαλεῖτο
ἡ Ἔφεσος· καὶ Καλλῖνός που οὕτως ὠνόμακεν αὐτήν, Σμυρναίους τοὺς
Ἐφεσίους καλῶν ἐν τῷ πρὸς τὸν Δία λόγῳ „Σμυρ„ναίους δ´ ἐλέησον“
καὶ πάλιν „μνῆσαι δ´ εἴκοτέ τοι
„μηρία καλὰ βοῶν {Σμυρναῖοι κατέκηαν}.“ Σμύρνα
δ´ ἦν Ἀμαζὼν ἡ κατασχοῦσα τὴν Ἔφεσον, ἀφ´ ἧς τοὔνομα καὶ τοῖς ἀνθρώποις
καὶ τῇ πόλει, ὡς καὶ ἀπὸ Σισύρβης Σισυρβῖται τινὲς τῶν Ἐφεσίων ἐλέγοντο· καὶ
τόπος δέ τις τῆς Ἐφέσου Σμύρνα ἐκαλεῖτο, ὡς δηλοῖ
Ἱππῶναξ „ᾤκει δ´ ὄπισθε τῆς πόλιος ἐνὶ Σμύρνῃ με„ταξὺ Τρηχείης
τε καὶ Λεπρῆς ἀκτῆς.“ ἐκαλεῖτο γὰρ
Λεπρὴ μὲν ἀκτὴ ὁ πρηὼν ὁ ὑπερκείμενος τῆς νῦν πόλεως,
ἔχων μέρος τοῦ τείχους αὐτῆς· τὰ γοῦν ὄπισθεν
τοῦ πρηῶνος κτήματα ἔτι νυνὶ λέγεται ἐν τῇ Ὀπισθολεπρίᾳ· Τραχεῖα δ´ ἐκαλεῖτο
ἡ περὶ τὸν Κορησσὸν παρώρειος. ἡ δὲ πόλις ἦν τὸ παλαιὸν περὶ τὸ Ἀθήναιον
τὸ νῦν ἔξω τῆς πόλεως ὂν κατὰ τὴν καλουμένην Ὑπέλαιον, ὥστε ἡ Σμύρνα ἦν
κατὰ τὸ νῦν γυμνάσιον ὄπισθεν μὲν τῆς τότε πόλεως, μεταξὺ δὲ Τρηχείης τε καὶ
Λεπρῆς ἀκτῆς. ἀπελθόντες δὲ παρὰ τῶν Ἐφεσίων οἱ
Σμυρναῖοι στρατεύουσιν ἐπὶ τὸν τόπον, ἐν ᾧ νῦν ἔστιν
ἡ Σμύρνα, Λελέγων κατεχόντων· ἐκβαλόντες δ´ αὐτοὺς ἔκτισαν
τὴν παλαιὰν Σμύρναν διέχουσαν τῆς νῦν
περὶ εἴκοσι σταδίους. ὕστερον δὲ ὑπὸ Αἰολέων ἐκπεσόντες κατέφυγον εἰς
Κολοφῶνα, καὶ μετὰ τῶν ἐνθένδε ἐπιόντες τὴν σφετέραν ἀπέλαβον·
καθάπερ καὶ Μίμνερμος ἐν τῇ Ναννοῖ φράζει μνησθεὶς τῆς Σμύρνης
ὅτι περιμάχητος ἀεί „ἡμεῖς δηὖτε Πύλον Νηλήιον
„ἄστυ λιπόντες ἱμερτὴν Ἀσίην νηυσὶν ἀφικόμεθα· ἐς
„δ´ ἐρατὴν Κολοφῶνα βίην ὑπέροπλον ἔχοντες ἑζόμεθ´
ἀργαλέης ὕβριος ἡγεμόνες. κεῖθεν δ´ * ἀστήεντος
ἀπορνύμενοι ποταμοῖο θεῶν βουλῇ Σμύρνην εἵλομεν
Αἰολίδα.“ ταῦτα μὲν περὶ τούτων· ἐφοδευτέον
δὲ πάλιν τὰ καθ´ ἕκαστα, τὴν ἀρχὴν ἀπὸ τῶν ἡγεμονικωτέρων
τόπων ποιησαμένους, ἐφ´ ὧνπερ καὶ πρῶτον
αἱ κτίσεις ἐγένοντο, λέγω δὲ τῶν περὶ Μίλητον καὶ
Ἔφεσον· αὗται γὰρ ἄρισται πόλεις καὶ ἐνδοξόταται.
| [14a,4] 4. Les douze villes que nous venons d'énumérer constituent les villes
ioniennes proprement dites ; mais il faut y ajouter encore Smyrne,
puisque, dans la suite, les Ephésiens introduisirent cette cité dans
l'Ionicon. Ephésiens et Smyrnéens, on le sait, vivaient primitivement côte
à côte ; Ephèse même, dans ce temps-là, s'appelait Smyrna. Callinus lui
donne ce nom quelque part, et, dans son Invocation à Jupiter, il dit
volontiers Smyrnéens pour Ephésiens : témoin ce premier passage :
«Prends pitié des Smyrnéens», et cet autre :
«N'oublie jamais, ô Jupiter ! que souvent en ton honneur (les Smyrnéens)
ont dépecé les taureaux et brûlé ces grasses victimes».
Smyrna était l'Amazone qui avait un moment régné sur Ephèse, et ville et
habitants avaient retenu son nom, tout comme un de leurs dèmes avait déjà
pris, en souvenir de Sisyrbé, le nom de Sisyrbites. Ajoutons que l'un des
quartiers ou faubourgs d'Ephèse portait plus spécialement le nom de Smyrna
; ces paroles d'Hipponax en font foi :
«Il loge derrière la ville dans Smyrna, entre Trachée et Lépré-Acté».
Sous ce nom de Lépré-Acté on désignait l'espèce de butte qui domine la
ville actuelle et qui supporte une partie de son mur d'enceinte ; cela est
si vrai, qu'aujourd'hui même, quand on veut parler des propriétés sises en
arrière de cette butte, on dit toujours «les terrains de
l'Opistho-Léprie». D'autre part, le nom de Trachée désignait tout le
terrain en pente qui borde le Coressus. Or, l'ancienne Ephèse
(Palaeo-Ephesos) étant groupée autour de l'Athénaeum, qui aujourd'hui est
hors de la ville, près {de la fontaine} Hypéloeon, Smyrne, on le voit,
devait se trouver près du Gymnase actuel, c'est-à-dire effectivement
derrière Palaeo-Ephesos et entre Trachée et Lépré-Acté. Mais les Smyrnéens
voulurent se séparer des Ephésiens : ils se dirigèrent alors en armes vers
la partie de la côte où s'élève aujourd'hui la ville de Smyrne et que les
Lélèges occupaient, en expulsèrent ce peuple et bâtirent Palaeo-Smyrna, à
20 stades de distance de l'emplacement de la ville actuelle. Un moment ils
durent se retirer eux-mêmes devant une incursion des Aeoliens et
cherchèrent alors un refuge à Colophon, mais bientôt, avec l'aide des
Colophoniens, ils purent reprendre l'offensive et rentrer en possession de
leur territoire. C'est ce que rappelle encore Mimnerme dans son poème de
Nanno, pour montrer combien Smyrne fut toujours une position enviée et
disputée :
«Nous avions quitté Pylos, la cité de Nélé, et nos vaisseaux avaient
atteint l'heureuse terre d'Asie. Confiants dans la force de nos armes,
c'est sur la riante plage de Colophon que nous mettons le pied d'abord et
que nous préludons à nos belliqueux travaux ; mais bientôt, franchissant
le fleuve Alès pour obéir au divin oracle, nous nous élançons à la
conquête de Smyrne l'aeolienne».
J'en ai dit assez du reste sur ce sujet. Il me faut maintenant reprendre
les choses une à une en commençant naturellement par le double chef-lieu
de l'Ionie, c'est-à-dire par l'une et l'autre ville dont la fondation
inaugure en quelque sorte la colonisation ionienne : j'ai nommé Milet et
Ephèse, des douze villes qui précèdent assurément les plus importantes et
les plus illustres.
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