[14a,3] Ταύτης δέ φησι Φερεκύδης Μίλητον μὲν καὶ Μυοῦντα καὶ τὰ περὶ
Μυκάλην καὶ Ἔφεσον Κᾶρας ἔχειν
πρότερον, τὴν δ´ ἑξῆς παραλίαν μέχρι Φωκαίας καὶ
Χίον καὶ Σάμον, ἧς Ἀγκαῖος ἦρχε, Λέλεγας· ἐκβληθῆναι
δ´ ἀμφοτέρους ὑπὸ τῶν Ἰώνων καὶ εἰς τὰ λοιπὰ
μέρη τῆς Καρίας ἐκπεσεῖν. ἄρξαι δέ φησιν Ἄνδροκλον
τῆς τῶν Ἰώνων ἀποικίας, ὕστερον τῆς Αἰολικῆς, υἱὸν
γνήσιον Κόδρου τοῦ Ἀθηνῶν βασιλέως, γενέσθαι δὲ
τοῦτον Ἐφέσου κτίστην. διόπερ τὸ βασίλειον τῶν Ἰώνων ἐκεῖ
συστῆναί φασι, καὶ ἔτι νῦν οἱ ἐκ τοῦ γένους
ὀνομάζονται βασιλεῖς ἔχοντές τινας τιμάς, προεδρίαν
τε ἐν ἀγῶσι καὶ πορφύραν ἐπίσημον τοῦ βασιλικοῦ γένους,
σκίπωνα ἀντὶ σκήπτρου, καὶ τὰ ἱερὰ τῆς Ἐλευσινίας Δήμητρος.
καὶ Μίλητον δ´ ἔκτισεν Νηλεὺς ἐκ
Πύλου τὸ γένος ὤν· οἵ τε Μεσσήνιοι καὶ οἱ Πύλιοι
συγγένειάν τινα προσποιοῦνται, καθ´ ἣν καὶ Μεσσήνιον τὸν Νέστορα
οἱ νεώτεροί φασι ποιηταί, καὶ τοῖς
περὶ Μέλανθον τὸν Κόδρου πατέρα πολλοὺς καὶ τῶν
Πυλίων συνεξᾶραί φασιν εἰς τὰς Ἀθήνας· τοῦτον δὴ
πάντα τὸν λαὸν μετὰ τῶν Ἰώνων κοινῇ στεῖλαι τὴν
ἀποικίαν· τοῦ δὲ Νηλέως ἐπὶ τῷ Ποσειδίῳ βωμὸς
ἵδρυμα δείκνυται. Κυδρῆλος δὲ νόθος υἱὸς Κόδρου
Μυοῦντα κτίζει· Ἀνδρόπομπος δὲ Λέβεδον καταλαβόμενος
τόπον τινὰ Ἄρτιν· Κολοφῶνα δ´ Ἀνδραίμων
Πύλιος, ὥς φησι καὶ Μίμνερμος ἐν Ναννοῖ· Πριήνην
δ´ Αἴπυτος ὁ Νηλέως, εἶθ´ ὕστερον Φιλωτᾶς ἐκ Θηβῶν
λαὸν ἀγαγών· Τέω δὲ Ἀθάμας μὲν πρότερον, διόπερ
Ἀθαμαντίδα καλεῖ αὐτὴν Ἀνακρέων, κατὰ δὲ τὴν Ἰωνικὴν
ἀποικίαν Ναῦκλος υἱὸς Κόδρου νόθος, καὶ μετὰ
τοῦτον Ἄποικος καὶ Δάμασος Ἀθηναῖοι καὶ Γέρης ἐκ
Βοιωτῶν· Ἐρυθρὰς δὲ Κνῶπος, καὶ οὗτος υἱὸς Κόδρου
νόθος· Φώκαιαν δ´ οἱ μετὰ Φιλογένους Ἀθηναῖοι·
Κλαζομενὰς δὲ Πάραλος· Χίον δὲ Ἐγέρτιος, σύμμικτον
ἐπαγαγόμενος πλῆθος· Σάμον δὲ Τεμβρίων, εἶθ´ ὕστερον Προκλῆς.
| [14a,3] 3. De cette côte, une partie, suivant Phérécyde (la partie où se trouvent
Milet, Myonte, Mycale et Ephèse), avait été primitivement occupée par les
Cariens, tandis que le reste, jusqu'à Phocée, y compris Chios et Samos
(autrement dit l'ancien royaume d'Ancée), appartenait aux Lélèges ; mais
Lélèges et Cariens se virent du même coup expulser par les Ioniens et
refouler au coeur de la Carie. Phérécyde ajoute que la colonie ionienne,
postérieure à la migration des Eoliens, avait pour chef ou orchégète
Androclus, fils légitiine de Codrus, et que ce fut lui, Androclus, qui
fonda Ephèse ; que c'est même à cause de cela qu'Ephèse fut choisie de
préférence aux autres villes de l'Ionie pour servir de capitale ou de
résidence royale. Il est constant qu'aujourd'hui encore les descendants
d'Androclus sont appelés du nom de rois, et qu'ils jouissent de certaines
prérogatives : qu'ils occupent, par exemple, la place d'honneur dans les
jeux publics, portant une robe de pourpre comme insigne de leur royale
origine et un bâton en guise de sceptre, et qu'ils assistent de droit aux
mystères de Cérès Eleusinienne. Milet, à son tour, eut pour fondateur
Nélée, lequel était originaire de Pylos. Mais Pyliens et Messéniens se
regardent comme frères. Nestor, en raison de cette parenté, est souvent
appelé le Messénien par les poètes continuateurs d'Homère, et l'on assure
que Mélanthus, père de Codrus, en partant pour Athènes, comptait beaucoup
de Pyliens parmi ses compagnons : on s'explique donc que tous ces Pyliens
de l'Attique en masse aient pris part à la grande migration ionienne. On
voit aujourd'hui encore, debout sur le cap Posidium, un autel, monument de
la piété de Nélée. De même Cydrélus, fils naturel de Codrus, fonde la
ville de Myonte, et Andropompe celle de Lébédos, après s'être emparé, pour
y bâtir, d'un lieu appelé Artis. Colophon, elle, a pour fondateur
Andraemon le Pylien, comme le marque, entre autres auteurs, Mimnerme dans
son poème de Nanno. Quant à Priène, bâtie par Epytus, fils de Nélée, elle
reçoit plus tard de nouveaux colons amenés de Thèbes par Philotas. Tel est
le cas aussi de Téos : primitivement fondée par Athamas, comme l'atteste
l'épithète d'Athamantide dont Anacréon accompagne son nom, elle reçoit, à
l'époque de l'émigration ionienne, la colonie de Nauclus, fils illégitime
de Codrus, et, après celle-ci, la colonie d'Apoecus et de Damase, tous
deux originaires d'Athènes, voire une troisième venue de Béotie sous la
conduite de Gérès. Un autre fils illégitime de Codrus, Cnopus, fonde
Erythrées ; puis viennent l'Athénien Philogène et Paralus, qui fondent, le
premier Phocée, le second Clazomènes. Enfin, à la tête d'un ramassis de
toutes nations, Egertius bâtit Chios, pendant que Tembrion s'établit dans
Samos, qui, plus tard, reçoit en outre les compagnons de Proclès.
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