| [9a,9] Πρόκειται δ´ ἀπὸ Νισαίας πλέοντι 
εἰς τὴν Ἀττικὴν πέντε νησία. εἶτα Σαλαμὶς ἑβδομήκοντά που σταδίων οὖσα τὸ 
μῆκος, οἱ δ´ ὀγδοήκοντά φασιν· ἔχει δ´  ὁμώνυμον πόλιν τὴν μὲν ἀρχαίαν ἔρημον 
πρὸς Αἴγιναν τετραμμένην καὶ πρὸς νότον (καθάπερ καὶ Αἰσχύλος εἴρηκεν 
„Αἴγινα δ´ αὕτη πρὸς νότου κεῖται πνοάς“),  τὴν δὲ νῦν ἐν κόλπῳ κειμένην ἐπὶ 
χερρονησοειδοῦς  τόπου συνάπτοντος πρὸς τὴν Ἀττικήν. ἐκαλεῖτο δ´  ἑτέροις 
ὀνόμασι τὸ παλαιόν· καὶ γὰρ Σκιρὰς καὶ Κύχρεια ἀπό τινων ἡρώων, ἀφ´ οὗ μὲν 
Ἀθηνᾶ τε λέγεται  Σκιρὰς καὶ τόπος Σκίρα ἐν τῇ Ἀττικῇ καὶ ἐπὶ Σκίρῳ  ἱεροποιία 
τις καὶ ὁ μὴν ὁ Σκιροφοριών, ἀφ´ οὗ δὲ καὶ  Κυχρείδης ὄφις, ὅν φησιν Ἡσίοδος 
τραφέντα ὑπὸ Κυχρέως ἐξελαθῆναι ὑπὸ Εὐρυλόχου λυμαινόμενον τὴν  νῆσον, 
ὑποδέξασθαι δὲ αὐτὸν τὴν Δήμητρα εἰς Ἐλευσῖνα καὶ γενέσθαι ταύτης 
ἀμφίπολον. ὠνομάσθη δὲ   καὶ Πιτυοῦσσα ἀπὸ τοῦ φυτοῦ· ἐπιφανὴς δὲ ἡ νῆσος  
ὑπῆρξε διά τε τοὺς Αἰακίδας ἐπάρξαντας αὐτῆς, καὶ  μάλιστα δι´ Αἴαντα τὸν 
Τελαμώνιον, καὶ διὰ τὸ περὶ  τὴν νῆσον ταύτην καταναυμαχηθῆναι Ξέρξην ὑπὸ 
τῶν  Ἑλλήνων καὶ φυγεῖν εἰς τὴν οἰκείαν. συναπέλαυσαν δὲ  καὶ Αἰγινῆται τῆς 
περὶ τὸν ἀγῶνα τοῦτον δόξης, γείτονές τε ὄντες καὶ ναυτικὸν ἀξιόλογον 
παρασχόμενοι.  Βώκαρος δ´ ἐστὶν ἐν Σαλαμῖνι ποταμός, ὁ νῦν Βωκαλία 
καλούμενος.  
 | [9a,9] Dans le trajet de Nisée à la frontière de l'Attique, on rencontre cinq 
îlots qui précèdent Salamine. Cette dernière île, longue de 70 stades 
environ, d'autres disent de 80, contient une ville de même nom. La vieille 
ville, aujourd'hui déserte, était tournée vers Aegine et regardait par 
conséquent le midi : on connaît le vers d'Eschyle,
«Aegine regarde le point de l'horizon d'où souffle le Notus».
Mais la ville actuelle est située au fond d'un golfe sur une espèce de 
presqu'île qui de loin paraît appartenir à l'Attique. Salamine, dans 
l'antiquité, a porté différents noms, notamment ceux de Sciras et de 
Cychrea, empruntés aux mêmes héros que rappellent, d'une part, l'épithète 
de Scirade attribuée à Minerve, le nom de Scira donné à une petite 
localité d'Attique, la cérémonie religieuse dite de Sciros et le mois de 
Scirophorion, et, d'autre part, le serpent Cychridès, dont parle Hésiode, 
et qui, nourri d'abord par le héros Cychrée, fut chassé par Euryloque à 
cause des ravages qu'il exerçait dans l'île, et passa à Eleusis, où il fut 
recueilli par Cérès et devint le serviteur familier de la déesse. Salamine 
s'est encore appelée Pityussa, mais d'un des produits de son sol. Quant à 
son illustration, elle la doit et à ses anciens rois les Aeacides, à Ajax 
surtout, fils de Télamon, et à ce combat naval livré dans ses eaux où elle 
fut témoin de la victoire des Grecs sur Xerxès et de la fuite honteuse de 
ce prince. Disons pourtant qu'Aegine, tant à cause de sa proximité que de 
l'empressement avec lequel elle mit toute sa flotte au service des alliés, 
partage avec Salamine la gloire de ce mémorable événement. - Salamine a 
pour principal cours d'eau le Bocarus.
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