[9a,10] Καὶ νῦν μὲν ἔχουσιν Ἀθηναῖοι τὴν νῆσον, τὸ δὲ παλαιὸν
πρὸς Μεγαρέας ὑπῆρξεν αὐτοῖς ἔρις περὶ αὐτῆς· καί φασιν οἱ μὲν Πεισίστρατον
οἱ δὲ Σόλωνα παρεγγράψαντα ἐν τῷ νεῶν καταλόγῳ μετὰ τὸ ἔπος τοῦτο „Αἴας
δ´ ἐκ Σαλαμῖνος ἄγεν δυοκαίδεκα νῆας“ ἑξῆς τοῦτο „στῆσε δ´ ἄγων, ἵν´
Ἀθηναίων ἵσταντο φά„λαγγες,“ μάρτυρι χρήσασθαι τῷ ποιητῇ τοῦ τὴν νῆσον ἐξ
ἀρχῆς Ἀθηναίων ὑπάρξαι. οὐ παραδέχονται δὲ τοῦθ´ οἱ κριτικοὶ διὰ τὸ πολλὰ
τῶν ἐπῶν ἀντιμαρτυρεῖν αὐτοῖς. διὰ τί γὰρ ναυλοχῶν ἔσχατος φαίνεται ὁ Αἴας,
οὐ μετ´ Ἀθηναίων ἀλλὰ μετὰ τῶν ὑπὸ Πρωτεσιλάῳ Θετταλῶν; „ἔνθ´ ἔσαν
Αἴαντός τε νέες καὶ Πρωτεσιλάου“ καὶ ἐν τῇ ἐπιπωλήσει ὁ Ἀγαμέμνων „εὗρ´
υἱὸν Πετεῶο „Μενεσθῆα πλή{ξιππον ἑστα}ότ´, ἀμφὶ δ´ Ἀθηναῖοι, „μήστωρες
ἀυτῆς. αὐτὰρ ὁ πλησίον ἑστήκει πολύμη„τις Ὀδυσσεύς, πὰρ δὲ Κεφαλλήνων
ἀμφὶ στίχες.“ ἐπὶ δὲ τὸν Αἴαντα καὶ τοὺς Σαλαμινίους πάλιν „ἦλθε „δ´ ἐπ´
Αἰάντεσσι,“ καὶ παρ´ αὐτούς „Ἰδομενεὺς δ´ „ἑτέρωθεν,“ οὐ Μενεσθεύς. οἱ μὲν δὴ
Ἀθηναῖοι τοιαύτην τινὰ σκήψασθαι μαρτυρίαν παρ´ Ὁμήρου δοκοῦσιν, οἱ δὲ
Μεγαρεῖς ἀντιπαρῳδῆσαι οὕτως „Αἴας „δ´ ἐκ Σαλαμῖνος ἄγεν νέας, ἔκ τε
Πολίχνης, ἔκ τ´ „Αἰγειρούσσης Νισαίης τε Τριπόδων τε.“ ἅ ἐστι χωρία
Μεγαρικά, ὧν οἱ Τρίποδες Τριποδίσκιον λέγονται, καθ´ ὃ ἡ νῦν ἀγορὰ τῶν
Μεγάρων κεῖται.
| [9a,10] Cette île qui actuellement dépend d'Athènes avait été anciennement un
sujet de vives contestations entre Athènes et Mégare. C'est même à
l'occasion de cette querelle que Pisistrate, d'autres disent Solon, aurait
dans le Catalogue des vaisseaux, immédiatement après le vers :
«Ajax avait amené de Salamine douze vaisseaux» (Il. II, 557),
inséré frauduleusement celui-ci :
«Il les vint ranger là où se tenaient les phalanges athéniennes»,
et cela dans le but d'user ultérieurement du témoignage d'Homère pour
établir que l'île de Salamine, dès le principe, appartenait aux Athéniens.
Mais les critiques n'ont pas admis ce vers que trop d'autres passages dans
Homère contredisent. Comment expliquer en effet qu'ailleurs Ajax se trouve
occuper l'extrémité de la ligne des vaisseaux, non plus avec les
Athéniens, mais avec les Thessaliens de Protésilas :
«Là étaient les vaisseaux d'Ajax et ceux de Protésilas» (Ibid. XIII, 681);
qu'ailleurs encore, c'est-à-dire dans la Revue qu'il passe de l'armée des
Grecs (Ibid. IV, 327), Agamemnon
«trouve le fils de Pétéus, Ménesthée, ce hardi dompteur de chevaux, debout
et entouré des Athéniens, bouillants d'ardeur, et tout à côté le prudent
Ulysse, guidant les bataillons céphalléniens»,
tandis qu'il s'était dirigé à l'opposite pour rencontrer Ajax et les Salaminiens :
«Il s'avance alors vers les deux Ajax» (Il. IV, 273),
et que là à côté d'eux il avait trouvé Idoménée :
«Idoménée venait après» (Ibid. III, 230),
Idoménée, notez bien, et non pas Ménesthée ? Du reste, s'il paraît avéré
que les Athéniens ont voulu tirer parti de ce prétendu témoignage
d'Homère, de leur côté les Mégariens passent pour leur avoir riposté par
l'interpolation des deux vers suivants (Ibid. II, 557) :
«Ajax conduisait les vaisseaux de Salamine et ceux de Polichna,
d'Aegirussa, de Nisaea et de Tripodes».
Tous ces lieux-là, en effet, appartiennent à la Mégaride. Seulement
Tripodes s'appelle aujourd'hui Tripodiscium : l'agora actuelle de Mégare
en est tout près.
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