[9c,12] Ὑποβὰς δὲ περὶ τῶν Δελφῶν οἵτινές εἰσι διαλεγόμενος
φησὶ τὸ παλαιὸν Παρνασσίους τινὰς αὐτόχθονας
καλουμένους οἰκεῖν τὸν Παρνασσόν· καθ´ ὃν
χρόνον Ἀπόλλωνα τὴν γῆν ἐπιόντα ἡμεροῦν τοὺς ἀνθρώπους
ἀπό τε τῶν ἡμέρων καρπῶν καὶ τῶν βίων, ἐξ
Ἀθηνῶν δ´ ὁρμηθέντα ἐπὶ Δελφοὺς ταύτην ἰέναι τὴν
ὁδόν, ᾗ νῦν Ἀθηναῖοι τὴν Πυθιάδα πέμπουσι· γενόμενον
δὲ κατὰ Πανοπέας Τιτυὸν καταλῦσαι ἔχοντα
τὸν τόπον, βίαιον ἄνδρα καὶ παράνομον· τοὺς δὲ Παρνασσίους
συμμίξαντας αὐτῷ καὶ ἄλλον μηνῦσαι χαλεπὸν
ἄνδρα Πύθωνα τοὔνομα, ἐπίκλησιν δὲ Δράκοντα,
κατατοξεύοντος δ´ ἐπικελεύειν ἵε παιάν, ἀφ´ οὗ τὸν
παιανισμὸν οὕτως ἐξ ἔθους παραδοθῆναι τοῖς μέλλουσι
συμπίπτειν εἰς παράταξιν· ἐμπρησθῆναι δὲ καὶ
σκηνὴν τότε τοῦ Πύθωνος ὑπὸ τῶν Δελφῶν, καθάπερ
καὶ νῦν ἔτι καὶ ἀεὶ ὑπόμνημα ποιουμένους τῶν
τότε γενομένων. τί δ´ ἂν εἴη μυθωδέστερον ἢ Ἀπόλλων
τοξεύων καὶ κολάζων Τιτυοὺς καὶ Πύθωνας καὶ
ὁδεύων ἐξ Ἀθηνῶν εἰς Δελφοὺς καὶ γῆν πᾶσαν ἐπιών;
εἰ δὲ ταῦτα μὴ ὑπελάμβανε μύθους εἶναι, τί ἐχρῆν τὴν
μυθευομένην Θέμιν γυναῖκα καλεῖν, τὸν δὲ μυθευόμενον
δράκοντα ἄνθρωπον; πλὴν εἰ συγχεῖν ἐβούλετο
τόν τε τῆς ἱστορίας καὶ τὸν τοῦ μύθου τύπον. παραπλήσια
τούτοις καὶ τὰ περὶ τῶν Αἰτωλῶν εἰρημένα.
φήσας γὰρ ἀπορθήτους αὐτοὺς ἐκ παντὸς τοῦ χρόνου
τοτὲ μὲν Αἰολέας φησὶν οἰκῆσαι τοὺς κατέχοντας βαρβάρους
ἐκβαλόντας, τοτὲ δ´ Αἰτωλὸν μετὰ τῶν ἐξ Ἤλιδος
Ἐπειῶν - - - τῶν ἐχθρῶν· τούτους δ´ ὑπ´
Ἀλκμέωνος καὶ Διομήδους. ἀλλ´ ἐπάνειμι ἐπὶ τοὺς Φωκέας.
| [9c,12] Et plus bas, à propos de l'origine des Delphiens, que nous dit-il ?
Qu'anciennement le Parnasse était habité par une population autochtone,
du nom de Parnassii, qu'Apollon, qui, dans le même temps, parcourait la
terre en civilisateur, habituant les hommes à une alimentation, à un genre
de vie moins sauvage, se rendit d'Athènes à Delphes par la route que suit
aujourd'hui encore la Pompe Pythiade que les Athéniens envoient chaque
année à Delphes ; qu'arrivé à Panopées, le dieu tua de ses mains Tityus,
homme violent et injuste, qui opprimait le pays, que les Parnassii à leur
tour vinrent le trouver, et lui dénoncèrent un autre homme aussi méchant,
Python dit le Serpent ; qu'Apollon aussitôt l'attaqua à coups de flèches
aux cris répétés de "ie paian" que poussaient les Parnassii et qui sont le
principe de ces paeans que les Grecs sont dans l'usage d'entonner quand
ils marchent au combat, de même que le feu de joie annuel des Delphiens
modernes est destiné à rappeler que les anciens Delphiens, témoins du
combat, avaient mis le feu sur l'heure à la tente de Python. Or, je le
demande, ne se croirait-on pas en pleine mythologie à voir ce personnage
d'Apollon, aux traits vengeurs, châtiant les Tityus, les Python, allant
d'abord d'Athènes à Delphes, puis partant de là pour parcourir la terre
entière ? Et qu'on ne dise pas qu'Ephore {a pu se méprendre sur le
caractère de ces traditions} et y voir autre chose que des fables, car, si
cela était, {pourquoi y aurait-il rien changé}, pourquoi aurait-il fait de
la déesse Thémis une simple mortelle et du serpent de la légende un homme
! Mais non, il a bien su ce qu'il voulait, et c'est de propos délibéré
qu'il a composé un de ces récits mixtes où la fable prend un faux air de
l'histoire. A propos de l'Aetolie, Ephore est tombé dans une contradiction
du même genre, car, après avoir déclaré de la façon la plus formelle que
l'Aetolie n'avait jamais été dévastée ni traitée en pays conquis, il nous
la montre, dans tel autre endroit de son récit, occupée par les Aeoliens
qui en expulsent violemment les Barbares, dans tel autre encore, envahie
par Aetolus et ses Epéens {que les Aeliens parviennent à repousser}, mais
pour succomber à leur tour sous les efforts d'Alcméon et de Diomède. - Il
est temps, du reste, de reprendre notre description de la Phocide.
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