[9c,11] Ἔφορος δ´, ᾧ τὸ πλεῖστον προσχρώμεθα διὰ τὴν
περὶ ταῦτα ἐπιμέλειαν, καθάπερ καὶ Πολύβιος μαρτυρῶν
τυγχάνει, ἀνὴρ ἀξιόλογος, δοκεῖ μοι τἀναντία
ποιεῖν ἔσθ´ ὅτε τῇ προαιρέσει καὶ ταῖς ἐξ ἀρχῆς ὑποσχέσεσιν.
ἐπιτιμήσας γοῦν τοῖς φιλομυθοῦσιν ἐν τῇ
τῆς ἱστορίας γραφῇ καὶ τὴν ἀλήθειαν ἐπαινέσας προστίθησι
τῷ περὶ τοῦ μαντείου τούτου λόγῳ σεμνήν τινα
ὑπόσχεσιν, ὡς πανταχοῦ μὲν ἄριστον νομίζει τἀληθές,
μάλιστα δὲ κατὰ τὴν ὑπόθεσιν ταύτην. ἄτοπον γὰρ εἰ
περὶ μὲν τῶν ἄλλων τὸν τοιοῦτον ἀεὶ τρόπον διώκομεν,
φησί, περὶ δὲ τοῦ μαντείου λέγοντες, ὃ πάντων
ἐστὶν ἀψευδέστατον, τοῖς οὕτως ἀπίστοις καὶ ψευδέσι
χρησόμεθα λόγοις. ταῦτα δ´ εἰπὼν ἐπιφέρει παραχρῆμα,
ὅτι ὑπολαμβάνουσι κατασκευάσαι τὸ μαντεῖον
Ἀπόλλωνα μετὰ Θέμιδος ὠφελῆσαι βουλόμενον τὸ γένος
ἡμῶν. εἶτα τὴν ὠφέλειαν εἰπὼν ὅτι εἰς ἡμερότητα
προὐκαλεῖτο καὶ ἐσωφρόνιζε, τοῖς μὲν χρηστηριάζων
καὶ τὰ μὲν προστάττων τὰ δ´ ἀπαγορεύων, τοὺς δ´ οὐδ´
ὅλως προσιέμενος, ταῦτα διοικεῖν νομίζουσι, φησίν,
αὐτόν, οἱ μὲν αὐτὸν τὸν θεὸν σωματοειδῆ γινόμενον,
οἱ δ´ ἀνθρώποις ἔννοιαν παραδιδόντα τῆς ἑαυτοῦ βουλήσεως.
| [9c,11] Ephore, à qui nous empruntons la plupart des détails qui précèdent, à
cause du soin qu'il a mis à les contrôler, soin auquel Polybe, avec toute
l'autorité qui lui appartient, se plaît à rendre justice, Ephore ne laisse
pas que de déroger quelquefois à ses principes et d'oublier les promesses
qu'il a faites en commençant. On sait avec quelle force il s'élève {dans
sa Préface} contre ceux qui en écrivant l'histoire conservent l'amour du
merveilleux, et quel bel éloge il y fait de la vérité ; il ne s'en tient
pas là, et au moment de parler de l'oracle de Delphes il prend un
engagement solennel : la vérité lui a toujours paru ce qu'il y a de plus
respectable au monde, mais ici, eu égard au sujet, il la respectera plus
encore s'il est possible. «Et ne serait-il pas absurde en effet,
s'écrie-t-il, que nous eussions toujours jusqu'ici suivi cette même
méthode et qu'au moment de parler du plus véridique d'entre les oracles
nous prissions pour guide, non plus la vérité, mais la fable même et le
mensonge ?» Cependant que fait-il ? A peine cette déclaration achevée, il
vient nous dire sans plus de transition que, suivant l'opinion
généralement admise, c'est Apollon qui, avec l'aide de Thémis et pour nous
rendre service, à nous autres hommes, a fondé l'oracle de Delphes. Il
précise même le genre de service que le dieu a voulu rendre au genre
humain. Ce fut, dit-il, pour amener les hommes à des moeurs plus douces, à
une conduite plus sage, qu'aux uns il daigna répondre et dicter par ses
Oracles ce qu'ils devaient faire au ce qu'ils devaient éviter, tandis
qu'il restait sourd et inflexible aux demandes des autres. «On croit en
effet, poursuit Ephore, que d'une et d'autre manière c'est le dieu
lui-même qui intervient, soit que, comme quelques-uns l'assurent, il
revête pour répondre une forme corporelle, soit qu'il emprunte à cet effet
l'organe de certains hommes initiés à l'intelligence des volontés divines».
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