[9c,10] Ἀγὼν δὲ ὁ μὲν ἀρχαῖος ἐν Δελφοῖς κιθαρῳδῶν
ἐγενήθη παιᾶνα ᾀδόντων εἰς τὸν θεόν· ἔθηκαν δὲ
Δελφοί· μετὰ δὲ τὸν Κρισαῖον πόλεμον οἱ Ἀμφικτύονες
ἱππικὸν καὶ γυμνικὸν ἐπ´ Εὐρυλόχου διέταξαν στεφανίτην
καὶ Πύθια ἐκάλεσαν. προσέθεσαν δὲ τοῖς κιθαρῳδοῖς
αὐλητάς τε καὶ κιθαριστὰς χωρὶς ᾠδῆς, ἀποδώσοντάς
τι μέλος ὃ καλεῖται νόμος Πυθικός. πέντε
δ´ αὐτοῦ μέρη ἐστίν, ἄγκρουσις ἄμπειρα κατακελευσμὸς
ἴαμβοι καὶ δάκτυλοι σύριγγες. ἐμελοποίησε μὲν
οὖν Τιμοσθένης, ὁ ναύαρχος τοῦ δευτέρου Πτολεμαίου
ὁ καὶ τοὺς λιμένας συντάξας ἐν δέκα βίβλοις. βούλεται
δὲ τὸν ἀγῶνα τοῦ Ἀπόλλωνος τὸν πρὸς τὸν δράκοντα
διὰ τοῦ μέλους ὑμνεῖν, ἄγκρουσιν μὲν τὸ προοίμιον
δηλῶν, ἄμπειραν δὲ τὴν πρώτην κατάπειραν τοῦ ἀγῶνος,
κατακελευσμὸν δὲ αὐτὸν τὸν ἀγῶνα, ἴαμβον δὲ
καὶ δάκτυλον τὸν ἐπιπαιανισμὸν τὸν {γινόμενον} ἐπὶ
τῇ νίκῃ μετὰ τοιούτων ῥυθμῶν, ὧν ὁ μὲν ὕμνοις ἐστὶν
οἰκεῖος ὁ δ´ ἴαμβος κακισμοῖς, σύριγγας δὲ τὴν ἔκλειψιν
τοῦ θηρίου, μιμουμένων ὡς ἂν καταστρέφοντος
ἐσχάτους τινὰς συριγμούς.
| [9c,10] Longtemps il n'y eut à Delphes d'autre fête ou solennité qu'un
concours de chant entre citharèdes exécutant à tour de rôle des mains en
l'honneur du dieu, et c'étaient les Delphiens eux-mêmes qui l'avaient
institué. Mais après la guerre criséenne, sous la présidence d'Euryloque,
les Amphictyons fondèrent les Pythies, jeux hippiques et gymniques dont le
prix fut une simple couronne. Puis ils ajoutèrent à l'ancien concours
entre citharèdes un concours {d'un nouveau genre}, dans lequel des joueurs
de flûte et des citharistes exécutaient, sans accompagnement de chant ni
de paroles, des morceaux dits nomes pythiques. Ce genre de morceaux a
toujours cinq parties : une anacrusis, une ampira, un catakéleusme, une
quatrième partie appelée iambe-et-dactyle, et un finale qu'on appelle les
syringes. L'un des plus célèbres est celui que composa l'amiral de
Ptolémée II, Timosthène, connu aussi comme l'auteur de ce fameux Portulan
en dix livres. Timosthène a voulu mettre en musique le combat d'Apollon
contre le Serpent, et il nous fait assister dans son anacrusis aux
préludes ou préparatifs du combat, dans son ampira aux premières
escarmouches, dans son catakéleusme au combat lui-même ; puis, dans
l'iambe et-dactyle (partie bien reconnaissable à son double rythme,
puisque le dactyle est le mètre des hymnes et l'iambe celui de
l'invective), il cherche à exprimer ces acclamations qui suivent toute
victoire ; enfin, dans les syringes il peint la mort du monstre dont on
croit entendre les derniers sifflements, tant l'imitation des instruments
est parfaite !
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