[300] ὁ κλεινὸς αὐτῇ ταὐτὰ νυμφίος παρών,
ὁ πάντ᾽ ἄναλκις οὗτος, ἡ πᾶσα βλάβη,
ὁ σὺν γυναιξὶ τὰς μάχας ποιούμενος.
ἐγὼ δ᾽ Ὀρέστην τῶνδε προσμένουσ᾽ ἀεὶ
παυστῆρ᾽ ἐφήξειν ἡ τάλαιν᾽ ἀπόλλυμαι.
305 μέλλων γὰρ ἀεὶ δρᾶν τι τὰς οὔσας τέ μου
καὶ τὰς ἀπούσας ἐλπίδας διέφθορεν.
ἐν οὖν τοιούτοις οὔτε σωφρονεῖν, φίλαι,
οὔτ᾽ εὐσεβεῖν πάρεστιν· ἀλλ᾽ ἔν τοι κακοῖς
πολλή ᾽στ᾽ ἀνάγκη κἀπιτηδεύειν κακά.
310 (Χορός)
φέρ᾽ εἰπέ, πότερον ὄντος Αἰγίσθου πέλας
λέγεις τάδ᾽ ἡμῖν ἢ βεβῶτος ἐκ δόμων;
(Ἠλέκτρα)
ἦ κάρτα· μὴ δόκει μ᾽ ἄν, εἴπερ ἦν πέλας,
θυραῖον οἰχνεῖν· νῦν δ᾽ ἀγροῖσι τυγχάνει.
(Χορός)
ἦ κἂν ἐγὼ θαρσοῦσα μᾶλλον ἐς λόγους
315 τοὺς σοὺς ἱκοίμην, εἴπερ ὧδε ταῦτ᾽ ἔχει;
(Ἠλέκτρα)
ὡς νῦν ἀπόντος ἱστόρει· τί σοι φίλον;
(Χορός)
καὶ δή σ᾽ ἐρωτῶ· τοῦ κασιγνήτου τί φής,
ἥξοντος ἢ μέλλοντος; εἰδέναι θέλω.
(Ἠλέκτρα)
φησίν γε· φάσκων δ᾽ οὐδὲν ὧν λέγει ποεῖ.
320 (Χορός)
φιλεῖ γὰρ ὀκνεῖν πρᾶγμ᾽ ἀνὴρ πράσσων μέγα.
(Ἠλέκτρα)
καὶ μὴν ἔγωγ᾽ ἔσωσ᾽ ἐκεῖνον οὐκ ὄκνῳ.
(Χορός)
θάρσει· πέφυκεν ἐσθλός, ὥστ᾽ ἀρκεῖν φίλοις.
(Ἠλέκτρα)
πέποιθ᾽, ἐπεί τἂν οὐ μακρὰν ἔζων ἐγώ.
(Χορός)
μὴ νῦν ἔτ᾽ εἴπῃς μηδέν· ὡς δόμων ὁρῶ
325 τὴν σὴν ὅμαιμον ἐκ πατρὸς ταὐτοῦ φύσιν,
Χρυσόθεμιν, ἔκ τε μητρός, ἐντάφια χεροῖν
φέρουσαν, οἷα τοῖς κάτω νομίζεται.
(Χρυσόθεμις)
τίν᾽ αὖ σὺ τήνδε πρὸς θυρῶνος ἐξόδοις
ἐλθοῦσα φωνεῖς, ὦ κασιγνήτη, φάτιν,
330 κοὐδ᾽ ἐν χρόνῳ μακρῷ διδαχθῆναι θέλεις
θυμῷ ματαίῳ μὴ χαρίζεσθαι κενά;
καίτοι τοσοῦτόν γ᾽ οἶδα κἀμαυτήν, ὅτι
ἀλγῶ ᾽πὶ τοῖς παροῦσιν· ὥστ᾽ ἄν, εἰ σθένος
λάβοιμι, δηλώσαιμ᾽ ἂν οἷ᾽ αὐτοῖς φρονῶ.
335 νῦν δ᾽ ἐν κακοῖς μοι πλεῖν ὑφειμένῃ δοκεῖ,
καὶ μὴ δοκεῖν μὲν δρᾶν τι, πημαίνειν δὲ μή·
τοιαῦτα δ᾽ ἄλλα καὶ σὲ βούλομαι ποεῖν.
καίτοι τὸ μὲν δίκαιον οὐχ ᾗ ᾽γὼ λέγω,
ἀλλ᾽ ᾗ σὺ κρίνεις· εἰ δ᾽ ἐλευθέραν με δεῖ
340 ζῆν, τῶν κρατούντων ἐστὶ πάντ᾽ ἀκουστέα.
(Ἠλέκτρα)
δεινόν γέ σ᾽ οὖσαν πατρὸς οὗ σὺ παῖς ἔφυς,
κείνου λελῆσθαι, τῆς δὲ τικτούσης μέλειν.
ἅπαντα γάρ σοι τἀμὰ νουθετήματα
κείνης διδακτά, κοὐδὲν ἐκ σαυτῆς λέγεις.
345 ἔπειθ᾽ ἑλοῦ γε θάτερ᾽, ἢ φρονεῖν κακῶς
ἢ τῶν φίλων φρονοῦσα μὴ μνήμην ἔχειν·
ἥτις λέγεις μὲν ἀρτίως ὡς, εἰ λάβοις
σθένος, τὸ τούτων μῖσος ἐκδείξειας ἄν,
ἐμοῦ δὲ πατρὶ πάντα τιμωρουμένης
| [300] L'attise constamment, lui, ce modèle parfait
De veulerie et de cruauté, qui ne peut
Combattre que dans la compagnie des femmes.
Et moi, qui voudrais tant qu'Oreste me revienne,
Pour effacer cela, je me morfonds d'ennui.
À force de tarder, mes espoirs de jadis,
Comme ceux d'aujourd'hui, sont bel et bien rompus.
Aussi, amies, comment puis-je être raisonnable,
Être respectueuse ? Oui, quand le mal vous serre,
On est forcé d'avoir les plus sombres visées.
LE CORYPHÉE
Mais Égisthe est-il là pendant que tu me parles ?
Ou n'est-il plus entre les murs de ce palais ?
ÉLECTRE
Bien sûr ! Car s'il était près d'ici, sois certain
Que je fuirai ce seuil. Il est parti aux champs.
LE CORYPHÉE
Je me sens donc à l'aise pour m'entretenir
Avec toi, puisque, selon toi, tel est le cas.
ÉLECTRE
Il n'est plus dans ces lieux, parle-moi librement.
LE CORYPHÉE
Bon, voici ma demande : il s'agit de ton frère :
Va-t-il venir ? Retarde-t-il encore, dis !
ÉLECTRE
Il me promet son retour mais il n'en fait rien.
LE CORYPHÉE
On hésite toujours avant une prouesse.
ÉLECTRE
Oui, mais moi, je n'ai pas tardé pour le sauver.
LE CORYPHÉE
Ne crains rien, son noble sang vous secourra tous.
ÉLECTRE
J'ai confiance : sinon, je serais déjà morte.
LE CORYPHEE
Silence ! Du palais vient de sortir ta sœur,
Issue du même père et de la même mère,
Chrysothémis. Elle apporte les offrandes
Destinées, c'est l'usage, à ceux qui ne sont plus.
{Chrysothémis sort du palais, portant dans les mains
des objets du culte funéraire.}
CHRYSOTHÉMIS
Mais quelles sont, ma sœur, ces paroles hurlées
Devant le vestibule ? Ah ! le temps passe, et rien
Ne change en toi, qui te complais dans les fureurs.
Moi aussi, je sais bien que la situation
Est abominable et que, si j'avais quelque force,
Je leur débiterai ce que je pense d'eux.
Mais en cas de tempête, il faut plier les voiles
Et ne pas révéler un esprit résistant,
Surtout quand on est démuni. Tu devrais faire
Comme moi. Oui, c'est vrai, ma parole est moins pure
Que la tienne, et la Justice est de ton côté.
Mais la vraie liberté, c'est de céder aux forts.
ÉLECTRE
C'est affreux de te voir, toi fille d'un tel père,
Oublier ce père et n'écouter que ta mère.
Car tout ton bavardage est le fruit de sa bouche :
Non, pas un seul mot prononcé n'est de ton cru.
Il te faut choisir : ou renoncer à la raison,
Ou, alors par prudence, évacuer les tiens
De ta pensée. Tu viens de me dire à l'instant
Qu'avec quelque vigueur, tu cracherais ta haine
Sur ces individus. Et moi, dont le désir
Est de venger notre père,
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