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[1450] (Αἴγισθος)
ποῦ δῆτ᾽ ἂν εἶεν οἱ ξένοι; δίδασκέ με.
(Ἠλέκτρα)
ἔνδον· φίλης γὰρ προξένου κατήνυσαν.
(Αἴγισθος)
ἦ καὶ θανόντ᾽ ἤγγειλαν ὡς ἐτητύμως;
(Ἠλέκτρα)
οὔκ, ἀλλὰ κἀπέδειξαν, οὐ λόγῳ μόνον.
(Αἴγισθος)
πάρεστ᾽ ἄρ᾽ ἡμῖν ὥστε κἀμφανῆ μαθεῖν;
1455 (Ἠλέκτρα)
πάρεστι δῆτα, καὶ μάλ᾽ ἄζηλος θέα.
(Αἴγισθος)
ἦ πολλὰ χαίρειν μ᾽ εἶπας οὐκ εἰωθότως.
(Ἠλέκτρα)
χαίροις ἄν, εἴ σοι χαρτὰ τυγχάνοι τάδε.
(Αἴγισθος)
σιγᾶν ἄνωγα κἀναδεικνύναι πύλας
πᾶσιν Μυκηναίοισιν Ἀργείοις θ᾽ ὁρᾶν,
1460 ὡς εἴ τις αὐτῶν ἐλπίσιν κεναῖς πάρος
ἐξῄρετ᾽ ἀνδρὸς τοῦδε, νῦν ὁρῶν νεκρὸν
στόμια δέχηται τἀμὰ μηδὲ πρὸς βίαν
ἐμοῦ κολαστοῦ προστυχὼν φύσῃ φρένας.
(Ἠλέκτρα)
καὶ δὴ τελεῖται τἀπ᾽ ἐμοῦ· τῷ γὰρ χρόνῳ
1465 νοῦν ἔσχον, ὥστε συμφέρειν τοῖς κρείσσοσιν.
(Αἴγισθος)
ὦ Ζεῦ, δέδορκα φάσμ᾽ ἄνευ φθόνου μὲν οὐ
πεπτωκός· εἰ δ᾽ ἔπεστι νέμεσις, οὐ λέγω.
χαλᾶτε πᾶν κάλυμμ᾽ ἀπ᾽ ὀφθαλμῶν, ὅπως
τὸ συγγενές τοι κἀπ᾽ ἐμοῦ θρήνων τύχῃ.
1470 (Ὀρέστης)
αὐτὸς σὺ βάσταζ᾽· οὐκ ἐμὸν τόδ᾽, ἀλλὰ σόν,
τὸ ταῦθ᾽ ὁρᾶν τε καὶ προσηγορεῖν φίλως.
(Αἴγισθος)
ἀλλ᾽ εὖ παραινεῖς κἀπιπείσομαι· σὺ δέ,
εἴ που κατ᾽ οἶκόν μοι (Κλυταιμνήστρα), κάλει.
(Ὀρέστης)
αὕτη πέλας σοῦ· μηκέτ᾽ ἄλλοσε σκόπει.
1475 (Αἴγισθος)
οἴμοι, τί λεύσσω;
(Ὀρέστης)
- τίνα φοβεῖ; τίν᾽ ἀγνοεῖς;
(Αἴγισθος)
τίνων ποτ᾽ ἀνδρῶν ἐν μέσοις ἀρκυστάτοις
πέπτωχ᾽ ὁ τλήμων;
(Ὀρέστης)
- οὐ γὰρ αἰσθάνει πάλαι
ζῶντας θανοῦσιν οὕνεκ᾽ ἀνταυδᾷς ἴσα;
1480 (Αἴγισθος)
οἴμοι, ξυνῆκα τοὔπος· οὐ γὰρ ἔσθ᾽ ὅπως
ὅδ᾽ οὐκ (Ὀρέστης) ἔσθ᾽ ὁ προσφωνῶν ἐμέ.
(Ὀρέστης)
καὶ μάντις ὢν ἄριστος ἐσφάλλου πάλαι.
(Αἴγισθος)
ὄλωλα δὴ δείλαιος. ἀλλά μοι πάρες
κἂν σμικρὸν εἰπεῖν.
(Ἠλέκτρα)
- μὴ πέρα λέγειν ἔα
πρὸς θεῶν, ἀδελφέ, μηδὲ μηκύνειν λόγους.
1485 τί γὰρ βροτῶν ἂν σὺν κακοῖς μεμιγμένων
θνῄσκειν ὁ μέλλων οὐ χρόνου κέρδος φέροι;
ἀλλ᾽ ὡς τάχιστα κτεῖνε καὶ κτανὼν πρόθες
ταφεῦσιν, ὧν τόνδ᾽ εἰκός ἐστι τυγχάνειν,
ἄποπτον ἡμῶν· ὡς ἐμοὶ τόδ᾽ ἂν κακῶν
1490 μόνον γένοιτο τῶν πάλαι λυτήριον.
(Ὀρέστης)
χωροῖς ἂν εἴσω σὺν τάχει· λόγων γὰρ οὐ
νῦν ἐστιν ἁγών, ἀλλὰ σῆς ψυχῆς πέρι.
(Αἴγισθος)
τί δ᾽ ἐς δόμους ἄγεις με; πῶς, τόδ᾽ εἰ καλὸν
τοὔργον, σκότου δεῖ κοὐ πρόχειρος εἶ κτανεῖν;
1495 (Ὀρέστης)
μὴ τάσσε· χώρει δ᾽ ἔνθαπερ κατέκτανες
πατέρα τὸν ἀμόν, ὡς ἂν ἐν ταὐτῷ θάνῃς.
(Αἴγισθος)
ἦ πᾶσ᾽ ἀνάγκη τήνδε τὴν στέγην ἰδεῖν
τά τ᾽ ὄντα καὶ μέλλοντα Πελοπιδῶν κακά;
(Ὀρέστης)
τὰ γοῦν ς᾽· ἐγώ σοι μάντις εἰμὶ τῶνδ᾽ ἄκρος.
| [1450] ÉGISTHE
Eh bien alors, où sont ces hommes ? Réponds-moi !
ÉLECTRE
Au palais. Et leur accueil fut des plus exquis...
ÉGISTHE
C'est donc certain, sa mort a été proclamée.
ÉLECTRE
Ils nous l'ont montré, pas seulement avec des mots.
ÉGISTHE
C'est vrai ? Je peux de mes propres yeux le voir ?
ÉLECTRE
Tout à fait, il est là ! Mais quel triste spectacle !
ÉGISTHE
Pour une fois que tu me causes de la joie !
ÉLECTRE
Réjouis-toi à ton gré, s'il y a de quoi !
ÉGISTHE
J'ordonne qu'on se taise et qu'on ouvre les portes
Aux Mycéniens et aux Argiens : qu'ils voient cela !
Et si l'un d'eux jadis fondait sur ce garçon
Quelques espoirs biens vains, qu'il renonce en ce jour
À la vue de ce corps, qu'il se soumette enfin
À mon sceptre, qu'il m'évite de le punir
Et de le contraindre à être plus raisonnable...
{Les portes s'ouvrent : un corps apparaît, voilé,
près duquel se tiennent Pylade et Oreste.}
ÉLECTRE
Pour moi, c'est un fait acquis, car en vieillissant,
J'ai compris qu'il fallait s'accorder au plus fort.
ÉGISTHE
Par Zeus, sans offenser, ce que je vais trouver,
Est un merveilleux coup du sort ! Mais si le mot
Est trop fort, je me tais. Enlevez-moi ce voile
Qui cache son visage : il faut que ce parent
Reçoive néanmoins l'hommage de mes larmes.
ORESTE
Enlève-le, toi, ce n'est pas mon affaire :
C'est à toi de voir et d'honorer ce corps.
ÉGISTHE
Ton conseil est judicieux, je vais le suivre.
Toi, fais venir Clytemnestre, est-elle au palais ?
ORESTE
Elle est tout près de toi, ne cherche pas plus loin !
{Égisthe lève le voile.}
ÉGISTHE
Mais que vois-je ?
ORESTE
Elle t'effraie ? La reconnais-tu ?
ÉGISTHE
Dans quel piège suis-je tombé ? Malheur à moi !
ORESTE
N'as-tu pas deviné que depuis un moment,
Tu parles à un vivant et non à un mort ?
ÉGISTHE
L'énigme s'éclaire : il s'agit de toi, Oreste.
ORESTE
Pour un si grand devin, tu t'es trompé longtemps !
ÉGISTHE
Malheur ! je suis perdu ! Encore un mot pourtant !
ÉLECTRE
Par les dieux, mon frère, abrège son discours.
Quand un pareil mortel, enlisé d'infamies,
Va mourir, à quoi bon lui offrir un délai ?
Tue-le vite ! Ensuite, jette-le moi en pâture
À ces seuls fossoyeurs qui soient dignes de lui.
Qu'on ne le revoie plus ! Oui, ce n'est qu'à ce prix
Que je serai libérée de mon lot de souffrances.
ORESTE
Allez,vite, entre ici ! Maintenant, l'essentiel
Ce n'est plus de parler, mais de t'éliminer.
ÉGISTHE
Pourquoi dans ce palais ? Un noble exploit
Ne doit pas être accompli au cœur des ténèbres.
On dirait que ta main hésite à me tuer ?
ORESTE
Suffit ! tu n'as plus d'ordre à donner, viens par là !
Tu dois expier au même endroit que mon père.
ÉGISTHE
Devras-tu ajouter aux malheurs des enfants
De Pélops, un nouveau crime encore ?
ORESTE
Oui, le tien !
Et pour toi, ma prophétie est irrésistible !
| [1500] (Αἴγισθος)
ἀλλ᾽ οὐ πατρῴαν τὴν τέχνην ἐκόμπασας.
(Ὀρέστης)
πόλλ᾽ ἀντιφωνεῖς, ἡ δ᾽ ὁδὸς βραδύνεται.
ἀλλ᾽ ἕρφ᾽.
(Αἴγισθος)
ὑφηγοῦ.
(Ὀρέστης)
- σοὶ βαδιστέον πάρος.
(Αἴγισθος)
ἦ μὴ φύγω σε;
(Ὀρέστης)
- μὴ μὲν οὖν καθ᾽ ἡδονὴν
θάνῃς· φυλάξαι δεῖ με τοῦτό σοι πικρόν.
1505 χρῆν δ᾽ εὐθὺς εἶναι τήνδε τοῖς πᾶσιν δίκην,
ὅστις πέρα πράσσειν τι τῶν νόμων θέλει,
κτείνειν· τὸ γὰρ πανοῦργον οὐκ ἂν ἦν πολύ.
(Χορός)
ὦ σπέρμ᾽ Ἀτρέως, ὡς πολλὰ παθὸν
δι᾽ ἐλευθερίας μόλις ἐξῆλθες
1510 τῇ νῦν ὁρμῇ τελεωθέν.
| [1500] ÉGISTHE
Tu t'arroges un art que ton père ignorait.
ORESTE
Tu répliques sans cesse et tu traînes en route.
ÉGISTHE
Conduis-moi.
ORESTE
Passe devant !
ÉGISTHE
Crains-tu ma fuite ?
ORESTE
Non, mais je ne veux pas que tu meures selon
Tes désirs. Car ta mort se doit d'être sinistre.
À ceux qui violent la loi, une justice
Immédiate s'impose, et c'est la mort ! Ainsi,
La perfidie ne serait pas aussi profuse.
LE CORYPHÉE
Descendance d'Atrée, que de longues souffrances
As-tu dû essuyer avant de t'en extraire,
En accomplissant ton destin dans un sursaut ultime.
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