[1,32] λβʹ. Τίνι διαφέρει τῆς Πρωταγορείου ἀγωγῆς ἡ σκέψις.
Καὶ ὁ Πρωταγόρας δὲ βούλεται πάντων χρημάτων εἶναι μέτρον τὸν ἄνθρωπον,
τῶν μὲν ὄντων ὡς ἔστιν, τῶν δὲ οὐκ ὄντων ὡς οὐκ ἔστιν, « μέτρον » μὲν
λέγων τὸ κριτήριον, « χρημάτων » δὲ τῶν πραγμάτων, ὡς δυνάμει φάσκειν
πάντων πραγμάτων κριτήριον εἶναι τὸν ἄνθρωπον, τῶν μὲν ὄντων ὡς ἔστιν,
τῶν δὲ οὐκ ὄντων ὡς οὐκ ἔστιν. Καὶ διὰ τοῦτο τίθησι τὰ φαινόμενα ἑκάστῳ
μόνα, καὶ οὕτως εἰσάγει τὸ πρός τι. Διὸ καὶ δοκεῖ κοινωνίαν ἔχειν πρὸς
τοὺς Πυρρωνείους. Διαφέρει δὲ αὐτῶν, καὶ εἰσόμεθα τὴν διαφοράν,
ἐξαπλώσαντες συμμέτρως τὸ δοκοῦν τῷ Πρωταγόρᾳ.
Φησὶν οὖν ὁ ἀνὴρ τὴν ὕλην ῥευστὴν εἶναι, ῥεούσης δὲ αὐτῆς συνεχῶς
προσθέσεις ἀντὶ τῶν ἀποφορήσεων γίγνεσθαι καὶ τὰς αἰσθήσεις μετακοσμεῖσθαί
τε καὶ ἀλλοιοῦσθαι παρά τε τὰς ἡλικίας καὶ παρὰ τὰς ἄλλας κατασκευὰς τῶν
σωμάτων. Λέγει δὲ καὶ τοὺς λόγους πάντων τῶν φαινομένων ὑποκεῖσθαι ἐν τῇ
ὕλῃ, ὡς δύνασθαι τὴν ὕλην ὅσον ἐφ´ ἑαυτῇ πάντα εἶναι ὅσα πᾶσι φαίνεται.
Τοὺς δὲ ἀνθρώπους ἄλλοτε
ἄλλων ἀντιλαμβάνεσθαι παρὰ τὰς διαφόρους αὐτῶν διαθέσεις· τὸν μὲν γὰρ
κατὰ φύσιν ἔχοντα ἐκεῖνα τῶν ἐν τῇ ὕλῃ καταλαμβάνειν ἃ τοῖς κατὰ φύσιν
ἔχουσι φαίνεσθαι δύναται, τὸν δὲ παρὰ φύσιν ἃ τοῖς παρὰ φύσιν. Καὶ ἤδη
παρὰ τὰς ἡλικίας καὶ κατὰ τὸ ὑπνοῦν ἢ ἐγρηγορέναι καὶ καθ´ ἕκαστον εἶδος
τῶν διαθέσεων ὁ αὐτὸς λόγος. Γίνεται τοίνυν κατ´ αὐτὸν τῶν ὄντων κριτήριον
ὁ ἄνθρωπος· πάντα γὰρ τὰ φαινόμενα τοῖς ἀνθρώποις καὶ ἔστιν, τὰ δὲ μηδενὶ
τῶν ἀνθρώπων φαινόμενα οὐδὲ ἔστιν. Ὁρῶμεν οὖν ὅτι καὶ περὶ τοῦ τὴν ὕλην
ῥευστὴν εἶναι καὶ περὶ τοῦ τοὺς λόγους τῶν φαινομένων πάντων ἐν αὐτῇ
ὑποκεῖσθαι δογματίζει, ἀδήλων ὄντων καὶ ἡμῖν ἐφεκτῶν.
| [1,32] Chap. XXXII. En quoi la philosophie sceptique est différente de celle de
Protagoras.
Protagoras prétend que l'homme est la mesure de toutes choses : non pas de
toutes choses, comme elles ne sont pas, mais de toutes choses comme elles
sont, et par mesure, il entend la règle suivant laquelle on doit juger.
Tellement que le sens de ses paroles est, que l'homme est le Critérium, ou
la règle de la vérité et de la fausseté de toutes choses, et des choses
telles qu'elles sont en elles-mêmes, et non pas des choses autrement
quelles sont par elles-mêmes. Ainsi il n'établit pour vraies, que les
choses que chacun aperçoit par les sens; et par là il introduit une
relation à quelque chose. Cela fait juger qu'il a quelque chose de commun
avec les Pyrrhoniens. Il en est néanmoins différent, comme l'on pourra le
remarquer, quand nous aurons développé suffisamment sa pensée.
Protagoras dit que la matière est fluide ; et que, comme elle s'écoule
continuellement, il se fait des additions pour remplacer ce qui s'est
écoulé, et qu'ainsi les sens changent et varient, selon les âges et selon
les autres constitutions ou tempéraments des corps. Il prétend encore que
les raisons de toutes les apparences des sens, sont dans la matière, comme
dans leur sujet ; tellement que la matière par elle-même et de sa nature,
peut être toutes les choses qui paraissent à un chacun ; mais que de ces
choses-là les hommes, suivant la diversité des temps, et la différente
disposition de leurs corps, aperçoivent tantôt les unes et tantôt les
autres. Il faut raisonner de la même manière à l'égard des différents
âges, à l'égard du sommeil et de la veille, et de toute autre sorte de
disposition. Par là on voit que, selon Protagoras l'homme est la règle de
vérité de toutes les choses qui existent : que selon lui toutes les choses
qui paraissent aux hommes, existent aussi ; et que celles qui ne sont
aperçues par aucun des hommes, n'existent en aucune manière. Il décide
donc dogmatiquement, que la matière est fluide, et que les raisons de
toutes les apparences, sont réellement dans la matière: mais ce sont là
pour nous des choses incertaines, et sur lesquelles nous croyons devoir
suspendre notre jugement.
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