[1,27] κζʹ. Περὶ τοῦ παντὶ λόγῳ λόγον ἴσον ἀντικεῖσθαι.
Ὅταν δὲ λέγωμεν « παντὶ λόγῳ λόγος ἴσος ἀντίκειται », παντὶ μὲν λέγομεν
τῷ ὑφ´ ἡμῶν διεξωδευμένῳ, λόγον δέ φαμεν οὐχ ἁπλῶς ἀλλὰ τὸν κατασκευάζοντά
τι δογματικῶς, τουτέστι περὶ ἀδήλου, καὶ οὐ πάντως τὸν ἐκ λημμάτων καὶ
ἐπιφορᾶς ἀλλὰ τὸν ὁπωσοῦν κατασκευάζοντα. « Ἴσον » δέ φαμεν κατὰ πίστιν ἢ
ἀπιστίαν, τό τε « ἀντίκειται » λαμβάνομεν ἀντὶ τοῦ « μάχεται » κοινῶς, καὶ
τὸ « ὡς ἐμοὶ φαίνεται » συνεκδεχόμεθα.
Ὅταν οὖν εἴπω « παντὶ λόγῳ λόγος ἴσος ἀντίκειται », δυνάμει τοῦτό φημι «
παντὶ τῷ ὑπ´ ἐμοῦ ζητουμένῳ λόγῳ, ὃς κατασκευάζει τι δογματικῶς, ἕτερος
λόγος κατασκευάζων τι δογματικῶς, ἴσος αὐτῷ κατὰ πίστιν καὶ ἀπιστίαν,
ἀντικεῖσθαι φαίνεταί μοι », ὡς εἶναι τὴν τοῦ λόγου προφορὰν οὐ δογματικὴν
ἀλλ´ ἀνθρωπείου πάθους ἀπαγγελίαν, ὅ ἐστι φαινόμενον τῷ πάσχοντι.
Προφέρονται δέ τινες καὶ οὕτω τὴν φωνήν « παντὶ λόγῳ λόγον ἴσον
ἀντικεῖσθαι », ἀξιοῦντες παραγγελματικῶς τοῦτο « παντὶ λόγῳ δογματικῶς τι
κατασκευάζοντι λόγον δογματικῶς ζητοῦντα, ἴσον κατὰ πίστιν καὶ ἀπιστίαν,
μαχόμενον αὐτῷ ἀντιτιθῶμεν », ἵνα ὁ μὲν λόγος αὐτοῖς ᾖ πρὸς τὸν σκεπτικόν,
χρῶνται δὲ ἀπαρεμφάτῳ ἀντὶ προστακτικοῦ, τῷ « ἀντικεῖσθαι » ἀντὶ τοῦ «
ἀντιτιθῶμεν ». Παραγγέλλουσι δὲ τοῦτο τῷ σκεπτικῷ, μή πως ὑπὸ τοῦ
δογματικοῦ παρακρουσθεὶς ἀπείπῃ τὴν περὶ αὐτοῦ ζήτησιν, καὶ τῆς φαινομένης
αὐτοῖς ἀταραξίας, ἣν νομίζουσι παρυφίστασθαι τῇ περὶ πάντων ἐποχῇ, καθὼς
ἔμπροσθεν ὑπεμνήσαμεν, σφαλῇ προπετευσάμενος.
| [1,27] Chap. XXVII. De ce que les Sceptiques disent, qu'à toute raison, on peut
opposer une raison d'égale force.
Quand nous disons, à toute raison on oppose, ou on peut opposer une raison
d'un poids égal: à toute raison, c'est-à-dire, à toute raison que nous
ayons examinée. On peut opposer une raison, non pas une raison simplement
et en général, mais une raison qui sera le fondement d'une assertion
dogmatique ; mais une raison que l'on donnera dogmatiquement sur une chose
incertaine ; et non seulement une raison tirée par des suppositions et des
conséquences, mais une raison quelle qu'elle soit, dont on se voudra
servir pour établir un dogme. D'un poids, d'un moment égal, sous-entendez,
pour persuader, ou pour ne pas persuader. Enfin par raison opposée à une
autre, nous entendons une raison qui la combat, et nous sous-entendons
toujours, à ce qui me paraît.
Ainsi, lorsque je dis, à toute raison il y a quelque raison opposée d'un
moment égal : c'est comme si je disais, quelque raison que j'aie examinée,
dont on se sert pour établir une assertion dogmatique, il me semble qu'il
y en a quelque autre opposée à celle-là, qui établit aussi un dogme, et
qui est égale à cette première, soit pour persuader, soit pour ne pas
persuader. Tellement que cette énonciation n'est point dogmatique, et
qu'elle signifie seulement la disposition passive du sceptique ; ne
marquant autre chose que ce qui paraît à ce philosophe.
Il y a quelques philosophes sceptiques qui donnent un autre tour à la
proposition précédente, et qui l'expliquent comme une raison d'un poids
égal. Ainsi, selon eux, cette proposition doit être prise en un sens
impératif, et doit être conçue comme une proposition qui nous conseille,
qu'à toute raison qui établira quelque dogme, nous opposions quelque
raison dogmatique contraire d'une égale force pour persuader, ou pour ne
pas persuader. Ainsi cette proposition conseille au sceptique de ne se
pas laisser tromper par les dogmatiques, de ne se pas décourager, de ne
pas abandonner l'examen, et de ne se pas priver ainsi, par quelque
décision téméraire, de cette Ataraxie, de cette exemption de trouble,
dont on voit que les sceptiques jouissent, et qu'ils croient être une
suite nécessaire de l'Époque, en toutes choses, comme nous l'avons montré
ci-dessus.
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