[1,20] κʹ. Περὶ ἀφασίας.
Περὶ δὲ τῆς ἀφασίας λέγομεν τάδε. Φάσις καλεῖται διχῶς, κοινῶς καὶ ἰδίως,
κοινῶς μὲν ἡ δηλοῦσα θέσιν ἢ ἄρσιν φωνή, οἷον « ἡμέρα ἔστιν, οὐχ ἡμέρα
ἔστιν, » ἰδίως δὲ ἡ δηλοῦσα θέσιν μόνον, καθ´ ὃ σημαινόμενον τὰ ἀποφατικὰ
οὐ καλοῦσι φάσεις.
Ἡ οὖν ἀφασία ἀπόστασίς ἐστι τῆς κοινῶς λεγομένης φάσεως, ᾗ ὑποτάσσεσθαι
λέγομεν τήν τε κατάφασιν καὶ τὴν ἀπόφασιν, ὡς εἶναι ἀφασίαν πάθος ἡμέτερον
δι´ ὃ οὔτε τιθέναι τι οὔτε ἀναιρεῖν φαμεν. Ὅθεν δῆλόν ἐστιν, ὅτι καὶ τὴν
ἀφασίαν παραλαμβάνομεν οὐχ ὡς πρὸς τὴν φύσιν τοιούτων ὄντων τῶν πραγμάτων
ὥστε πάντως ἀφασίαν κινεῖν, ἀλλὰ δηλοῦντες ὅτι ἡμεῖς νῦν, ὅτε προφερόμεθα
αὐτήν, ἐπὶ τῶνδε τῶν ζητουμένων τοῦτο πεπόνθαμεν.
Κἀκεῖνο χρὴ μνημονεύειν, ὅτι μηδὲν τιθέναι μηδὲ ἀναιρεῖν φαμεν τῶν κατὰ τὸ
ἄδηλον δογματικῶς λεγομένων· τοῖς γὰρ κινοῦσιν ἡμᾶς παθητικῶς καὶ
ἀναγκαστικῶς ἄγουσιν εἰς συγκατάθεσιν εἴκομεν.
| [1,20] Chap. XX. De l'aphasie.
Voici ce que nous avons à dire de l'aphasie. Le mot de "Phase" se peut
prendre en deux manières; ou généralement, ou spécialement. Ce mot pris
généralement, signifie quelque décision ou quelque proposition
définitive, par laquelle on affirme ou on nie quelque chose ; comme il est
jour ; il n'est pas jour. Mais pris spécialement, il signifie que l'on
prononce en posant ou en affirmant seulement, une chose: et suivant cette
signification, les propositions négatives ne s'appellent point des Phases
ou des Sentences.
L'Aphasie est donc une certaine situation de l'âme par laquelle nous nous
abstenons de prononcer, ou de ce qu'on appelle Phase en général; sous
laquelle Phase nous comprenons la Cataphase ou l'affirmation, et
l'Apophase ou la négation. Tellement que l'Aphasie est une certaine
disposition présente, suivant laquelle nous disons que nous ne prononçons
ni pour ni contre quoi que ce soit. Et par là il paraît, que quand nous
usons de l'Aphasie, nous ne prétendons pas que les choses soient telles de
leur nature, qu'elles produisent nécessairement l'Aphasie; mais seulement
que, quand nous en usons, nous sommes affectés de manière que nous ne
prononçons rien, sur telles ou telles questions.
Il faut encore se souvenir qu'il est bien vrai que nous n'affirmons ni ne
nions rien de ce que l'on prétend assurer dogmatiquement sur des choses
douteuses : mais à l'égard des choses qui nous meuvent, qui agissent sur
nous comme sur des sujets passifs, et qui nous contraignent ainsi de
donner notre assentiment, nous cédons et nous acquiesçons.
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