[1,14i] Ὄγδοός ἐστι τρόπος ὁ ἀπὸ τοῦ πρός τι, καθ´ ὃν συνάγομεν ὅτι, ἐπεὶ πάντα
ἐστὶ πρός τι, περὶ τοῦ τίνα ἐστὶν ἀπολύτως καὶ ὡς πρὸς τὴν φύσιν ἐφέξομεν.
Ἐκεῖνο δὲ χρὴ γινώσκειν ὅτι ἐνταῦθα, ὥσπερ καὶ ἐν ἄλλοις, τῷ « ἔστι »
καταχρώμεθα ἀντὶ τοῦ « φαίνεται », δυνάμει τοῦτο λέγοντες « πρός τι πάντα
φαίνεται. »
Τοῦτο δὲ διχῶς λέγεται, ἅπαξ μὲν ὡς πρὸς τὸ κρῖνον (τὸ γὰρ ἐκτὸς
ὑποκείμενον καὶ κρινόμενον πρὸς τὸ κρῖνον φαίνεται), καθ´ ἕτερον δὲ τρόπον
πρὸς τὰ συνθεωρούμενα, ὡς τὸ δεξιὸν πρὸς τὸ ἀριστερόν.
Ὅτι δὲ πάντα ἐστὶ πρός τι, ἐπελογισάμεθα μὲν καὶ ἔμπροσθεν, οἷον κατὰ τὸ
κρῖνον, ὅτι πρὸς τόδε τὸ ζῷον καὶ τόνδε τὸν ἄνθρωπον καὶ τήνδε τὴν
αἴσθησιν ἕκαστον φαίνεται καὶ πρὸς τοιάνδε περίστασιν, κατὰ δὲ τὰ
συνθεωρούμενα, ὅτι πρὸς τήνδε τὴν ἐπιμιξίαν καὶ τόνδε τὸν τρόπον καὶ τὴν
σύνθεσιν τήνδε καὶ τὴν ποσότητα καὶ τὴν θέσιν ἕκαστον φαίνεται. Καὶ ἰδίᾳ
δὲ ἐνδέχεται συνάγειν ὅτι πάντα ἐστὶ πρός τι, τόνδε τὸν τρόπον· πότερον
διαφέρει τῶν πρός τι τὰ κατὰ διαφορὰν ἢ οὔ; εἰ μὲν οὐ διαφέρει, καὶ αὐτὰ
πρός τι ἐστίν· εἰ δὲ διαφέρει, ἐπεὶ πᾶν τὸ διαφέρον πρός τι ἐστίν (λέγεται
γὰρ πρὸς ἐκεῖνο οὗ διαφέρει), πρός τι ἐστὶ τὰ κατὰ διαφοράν.
Τῶν τε ὄντων τὰ μέν ἐστιν ἀνωτάτω γένη κατὰ τοὺς δογματικούς, τὰ δ´ ἔσχατα
εἴδη, τὰ δὲ γένη καὶ εἴδη· πάντα δὲ ταῦτά ἐστι πρός τι· πάντα ἄρα ἐστὶ
πρός τι.
Ἔτι τῶν ὄντων τὰ μέν ἐστι πρόδηλα, τὰ δὲ ἄδηλα, ὡς αὐτοί φασιν, καὶ
σημαίνοντα μὲν τὰ φαινόμενα, σημαινόμενα δὲ ὑπὸ τῶν φαινομένων τὰ ἄδηλα·
ὄψις γὰρ κατ´ αὐτοὺς τῶν ἀδήλων τὰ φαινόμενα. Τὸ δὲ σημαῖνον καὶ τὸ
σημαινόμενόν ἐστι πρός τι· πρός τι ἄρα ἐστὶ πάντα.
Πρὸς τούτοις τῶν ὄντων τὰ μέν ἐστιν ὅμοια τὰ δὲ ἀνόμοια καὶ τὰ μὲν ἴσα τὰ
δὲ ἄνισα· ταῦτα δέ ἐστι πρός τι· πάντα ἄρα ἐστὶ πρός τι.
Καὶ ὁ λέγων δὲ μὴ πάντα εἶναι πρός τι βεβαιοῖ τὸ πάντα εἶναι πρός τι· καὶ
αὐτὸ γὰρ τὸ πάντα εἶναι πρός τι πρὸς ἡμᾶς εἶναι δείκνυσι, καὶ οὐ καθόλου,
δι´ ὧν ἡμῖν ἐναντιοῦται.
Πλὴν ἀλλ´ οὕτω παριστάντων ἡμῶν ὅτι πάντα ἐστὶ πρός τι, δῆλόν ἐστι λοιπόν,
ὅτι ὁποῖον ἔστιν ἕκαστον τῶν ὑποκειμένων κατὰ τὴν ἑαυτοῦ φύσιν καὶ
εἰλικρινῶς λέγειν οὐ δυνησόμεθα, ἀλλ´ ὁποῖον φαίνεται ἐν τῷ πρός τι. ᾯ
ἀκολουθεῖ τὸ περὶ τῆς φύσεως τῶν πραγμάτων δεῖν ἡμᾶς ἐπέχειν.
| [1,14i] Du huitième Moyen de l'Époque.
Le huitième moyen est pris de la relation, ou du rapport à quelque chose ;
par lequel moyen nous concluons que toutes choses étant relatives à
quelques autres, nous devons suspendre notre jugement, sur ce qu'elles
sont par elles mêmes et de leur nature. Mais il faut savoir qu'ici, comme
partout ailleurs, nous prenons le terme être pour dire paraître ; et que
nous ne prétendons dire autre chose, si ce n'est que toutes choses
paraissent être relatives à quelques autres : "Omnia ad aliquid".
Une chose peut être dite relative à deux égards : premièrement à l'égard
de celui qui juge; car un objet extérieur, et ce dont on juge, est vu, et
paraît tel ou tel relativement à quelque Être qui en juge. En second lieu
une chose est relative à tout ce qui accompagne la perception ou la
considération de cette chose : c'est ainsi que le côté droit est relatif
au gauche ; (on ne peut pas penser à l'un sans penser à l'autre.)
Nous avons déjà vu ci-dessus, que toutes choses sont relatives à quelques
autres, savoir à celui qui en juge, parce que toutes choses paraissent
telles ou telles, ou à cet animal, ou à cet homme, ou à ce sens, et cela,
suivant une certaine affection ou disposition de la chose jugeante. Nous
avons vu encore, qu'elles sont relatives aux choses que l'on considère en
même temps qu'elles; parce que chaque chose paraît; avec un certain
mélange, ou d'une certaine manière, ou dans cette composition, ou sous
cette quantité, ou avec cette position.
Mais on peut prouver encore d'une manière plus propre et particulière, que
toutes choses sont relatives à quelques autres. Car je demanderai : les
choses que l'on conçoit différemment des autres, et d'une manière absolue,
sont-elles différentes ou non de celles qui ont quelque relation ? Si
elles n'en sont pas différentes, elles sont donc aussi relatives : et si
elles en sont différentes, comme tout ce qui est différent, est relatif à
ce dont on dit qu'il diffère, il faudra dire que les choses que l'on
conçoit différemment des autres et absolument, sont aussi relatives.
Voici une autre preuve. De toutes les choses, ou de tous les êtres dont on
a l'idée, les unes sont des genres suprêmes, selon les dogmatiques, et les
autres sont des espèces dernières : mais, quoique les gens et les espèces
soient des choses toutes différentes, elles sont néanmoins toutes relatives.
Outre cela. De toutes les choses, qui existent, les unes sont apparentes,
et les autres obscures, à ce que disent les mêmes dogmatiques, qui
ajoutent, que les choses apparentes sont significatives des choses
obscures, et que les obscures sont signifiées par les apparentes : car ils
disent que les apparences évidentes servent à faire connaître les choses
obscures. Or tant ce qui signifie, que ce qui est signifié, est relatif.
Donc toutes choses sont relatives.
De plus. De toutes les choses, qui existent, les unes sont semblables,
les autres dissemblables ; les unes égales, les autres inégales. Or toutes
ces choses-là marquent des relations. Donc toutes choses sont relatives.
Mais celui là même, qui dit que toutes choses ne sont pas relatives,
confirme que toutes choses sont relatives. Car en cela qu'il nous
contredit, il fait voir que cette proposition, toutes choses sont
relatives, et relative à nous qui la soutenons, et qu'elle n'est pas une
chose absolue et généralement reçue.
Concluons donc, et disons que, comme nous avons fait voir que toutes
choses ont quelque relation à quelques autres ; il est évident que nous ne
pouvons pas dire ce qu'est une chose purement et de sa nature : mais
seulement quelle elle paraît, par rapport à quelque chose ; ce qui nous
oblige à suspendre notre jugement sur la nature des choses.
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