[1,14j] Περὶ δὲ τοῦ κατὰ τὰς συνεχεῖς ἢ σπανίους συγκυρήσεις τρόπου, ὃν ἔννατον
ἐλέγομεν εἶναι τῇ τάξει, τοιαῦτά τινα διέξιμεν. Ὁ ἥλιος πολλῷ δήπου
ἐκπληκτικώτερός ἐστιν ἀστέρος κομήτου· ἀλλ´ ἐπεὶ τὸν μὲν ἥλιον συνεχῶς
ὁρῶμεν, τὸν δὲ κομήτην ἀστέρα σπανίως, ἐπὶ μὲν τῷ ἀστέρι ἐκπλησσόμεθα ὥστε
καὶ διοσημείαν αὐτὸν εἶναι δοκεῖν, ἐπὶ δὲ τῷ ἡλίῳ οὐδαμῶς. Ἐὰν μέντοι γε
ἐννοήσωμεν τὸν ἥλιον σπανίως μὲν φαινόμενον, σπανίως δὲ δυόμενον, καὶ
πάντα μὲν ἀθρόως φωτίζοντα, πάντα δὲ ἐξαίφνης ἐπισκιάζεσθαι ποιοῦντα,
πολλὴν ἔκπληξιν ἐν τῷ πράγματι θεωρήσομεν. Καὶ ὁ σεισμὸς δὲ οὐχ ὁμοίως
θορυβεῖ τούς τε πρῶτον αὐτοῦ πειρωμένους καὶ τοὺς ἐν ἔθει τούτου
γεγενημένους. Πόσην δὲ ἔκπληξιν ἀνθρώπῳ φέρει θάλασσα πρῶτον ὀφθεῖσα. Ἀλλὰ
καὶ κάλλος σώματος ἀνθρωπίνου πρῶτον καὶ ἐξαίφνης θεωρούμενον συγκινεῖ
μᾶλλον ἡμᾶς ἢ εἰ ἐν ἔθει τοῦ ὁρᾶσθαι γένοιτο. Καὶ τὰ μὲν σπάνια τίμια
εἶναι δοκεῖ, τὰ δὲ σύντροφα ἡμῖν καὶ εὔπορα οὐδαμῶς. Ἐὰν γοῦν ἐννοήσωμεν
τὸ ὕδωρ σπανίζον, πόσῳ ἂν τῶν τιμίων εἶναι δοκούντων ἁπάντων τιμιώτερον
ἡμῖν φανείη. Ἢ ἐὰν ἐνθυμηθῶμεν τὸν χρυσὸν ἁπλῶς ἐπὶ τῆς γῆς ἐρριμμένον
πολὺν παραπλησίως τοῖς λίθοις, τίνι δόξομεν ἔσεσθαι τοῦτον τίμιον ἢ
κατάκλειστον οὕτως;
ἐπεὶ οὖν τὰ αὐτὰ πράγματα παρὰ τὰς συνεχεῖς ἢ σπανίους περιπτώσεις ὁτὲ μὲν
ἐκπληκτικὰ ἢ τίμια, ὁτὲ δὲ οὐ τοιαῦτα εἶναι δοκεῖ, ἐπιλογιζόμεθα ὅτι
ὁποῖον μὲν φαίνεται τούτων ἕκαστον μετὰ συνεχοῦς περιπτώσεως ἢ σπανίας
ἴσως δυνησόμεθα λέγειν, ψιλῶς δὲ ὁποῖον ἔστιν ἕκαστον τῶν ἐκτὸς
ὑποκειμένων οὐκ ἐσμὲν δυνατοὶ φάσκειν. καὶ διὰ τοῦτον οὖν τὸν τρόπον περὶ
αὐτῶν ἐπέχομεν.
| [1,14j] Du neuvième Moyen de l'Époque.
Voici comme nous raisonnons à l'égard du neuvième moyen, qui est pris des
choses qui paraissent fréquemment ou rarement. Le soleil, disons-nous, est
sans doute quelque chose de bien plus surprenant à voir qu'une comète ;
mais, parce que nous le voyons souvent, et que nous voyons rarement une
comète, cette étoile nous épouvante tellement, que nous nous imaginons que
les dieux nous veulent présager par là quelque grand événement; pendant
que le soleil ne fait point cet effet sur nous. Mais imaginons nous, que
le soleil parût rarement, ou qu'il se couchât rarement, et qu'après avoir
éclairé tout le monde, il le laissât ensuite pour longtemps dans les
ténèbres ; nous trouverions là dedans de grands sujets d'étonnement. Un
tremblement de terre effraie autrement ceux qui l'aperçoivent pour la
première fois que ceux qui y sont accoutumés. Quelle n'est pas la surprise
de ceux, qui voient la mer pour la première fois. Une beauté humaine, vue
pour la première fois et subitement, nous émeut plus qu'une autre, que
nous avons coutume de voir. On estime les choses rares : mais celles, qui
nous sont familières, et qui viennent partout, sont vues avec
indifférence. Imaginons nous, par exemple, que l'eau fût une chose rare à
trouver: ne nous serait-elle pas alors beaucoup plus précieuse que tout ce
que nous estimons? Et, si on trouvait beaucoup d'or partout confusément
par terre, comme des pierres; pouvons nous croire qu'on l'estimât autant
que l'on fait, et qu'on le renfermât ou qu'on le gardât aussi
soigneusement?
Puis donc que des mêmes choses paraissent quelquefois précieuses et dignes
d'admiration, et quelquefois toutes différentes, à cause de leur abondance
ou de leur rareté; de là nous concluons que nous pourrons peut-être dire,
comment une chose nous paraît, selon qu'elle arrive fréquemment ou
rarement : mais que nous ne pourrons point dire nûment et purement quel
peut être un objet extérieur. Ainsi encore, à cause de ce moyen, nous nous
abstenons de juger.
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