| [1,10] ιʹ. Εἰ ἀναιρεῖ τὰ φαινόμενα
Οἱ δὲ λέγοντες ὅτι ἀναιροῦσι τὰ φαινόμενα οἱ σκεπτικοὶ ἀνήκοοί μοι 
δοκοῦσιν εἶναι τῶν παρ´ ἡμῖν λεγομένων· τὰ γὰρ κατὰ φαντασίαν παθητικὴν 
ἀβουλήτως ἡμᾶς ἄγοντα εἰς συγκατάθεσιν οὐκ ἀνατρέπομεν, ὡς καὶ ἔμπροσθεν 
ἐλέγομεν· ταῦτα δέ ἐστι τὰ φαινόμενα. Ὅταν δὲ ζητῶμεν, εἰ τοιοῦτον ἔστι τὸ 
ὑποκείμενον ὁποῖον φαίνεται, τὸ μὲν ὅτι φαίνεται δίδομεν, ζητοῦμεν δ´ οὐ 
περὶ τοῦ φαινομένου ἀλλὰ περὶ ἐκείνου ὃ λέγεται περὶ τοῦ φαινομένου· τοῦτο 
δὲ διαφέρει τοῦ ζητεῖν περὶ αὐτοῦ τοῦ φαινομένου. Οἷον φαίνεται μὲν ἡμῖν 
γλυκάζειν τὸ μέλι (τοῦτο συγχωροῦμεν· γλυκαζόμεθα γὰρ αἰσθητικῶς), εἰ δὲ 
καὶ γλυκὺ ἔστιν ὅσον ἐπὶ τῷ λόγῳ, ζητοῦμεν· ὃ οὐκ ἔστι τὸ φαινόμενον ἀλλὰ 
τὸ περὶ τοῦ φαινομένου λεγόμενον. Ἐὰν δὲ καὶ ἄντικρυς κατὰ τῶν 
φαινομένων ἐρωτῶμεν λόγους, οὐκ ἀναιρεῖν βουλόμενοι τὰ φαινόμενα τούτους 
ἐκτιθέμεθα, ἀλλ´ ἐπιδεικνύντες τὴν τῶν δογματικῶν προπέτειαν· εἰ γὰρ 
τοιοῦτος ἀπατεών ἐστιν ὁ λόγος ὥστε καὶ τὰ φαινόμενα μόνον οὐχὶ τῶν 
ὀφθαλμῶν ἡμῶν ὑφαρπάζειν, πῶς οὐ χρὴ ὑφορᾶσθαι αὐτὸν ἐν τοῖς ἀδήλοις, ὥστε 
μὴ κατακολουθοῦντας αὐτῷ προπετεύεσθαι;
 | [1,10] Chap. X Si les sceptiques détruisent les apparences des sens. 
Ceux qui disent que les sceptiques nient ou détruisent les apparences 
évidentes des sens, paraissent ne pas entendre ce que nous disons. Nous ne 
renversons point les choses, qui, parce qu'il y a de passif dans notre 
imagination, nous obligent bon gré, mal gré, de donner notre assentiment à 
quelque chose, comme nous l'avons dit : Or ces choses-là sont les 
apparences des sens. Quand nous recherchons si un objet est tel qu'il nous 
paraît, nous en avouons l'apparence ; nous ne disputons pas, et nous 
n'avons aucun doute sur ce qui nous paraît d'une chose, mais seulement sur 
ce qu'on dit de cette chose, qui paraît. Or cela est autre chose que de 
disputer sur ce qui paraît. Il nous paraît, par exemple, que le miel cause 
en nous une saveur douce ; nous convenons de cela, car nous en sentons la 
douceur: mais nous doutons, si le miel est doux, quand on voudra juger de 
cela par la raison et par l'intelligence. Or ce n'est pas là ce qui 
paraît, que ce jugement de l'entendement ; mais c'est ce que l'on affirme 
sur une apparence. Que si nous faisons aussi des difficultés, sur quelques 
apparences des sens, nous ne prétendons pas pour cela renverser ces 
apparences, et nous n'avons point d'autre intention, que de blâmer la 
témérité des dogmatiques. Car, si la raison nous trompe quelquefois 
jusqu'à nous empêcher presque d'apercevoir les apparences des sens, et ce 
qui est devant nos yeux; combien ne devons-nous pas la tenir pour 
suspecte, dans des choses incertaines, si nous voulons éviter de tomber 
dans les jugements téméraires, où nous tomberions en la suivant ? 
 |