[3,60l] περὶ δὲ τῶν τεχνητῶν ἆρα καὶ τούτων
εἴδη ῥητέον; Ὁ δέ γε Σωκράτης ἐν Πολιτείᾳ,
φησὶ, κλίνης καὶ τραπέζης ἰδέαν οὐκ ὤκνησεν
εἰπεῖν, ἢ καὶ ἐν ἐκείνοις τὸν ἐν τῇ διανοίᾳ τοῦ
τεχνίτου λόγον ἰδέαν ἐκάλεσε, καὶ τοῦτον ἔφατο
τὸν λόγον εἶναι θεοῦ γέννημα, διότι καὶ αὐτὸ
τὸ τεχνικὸν τοῦτο θεόθεν οἴεται δεδόσθαι ταῖς
ψυχαῖς· τεκμήριον δὲ, τὸν γὰρ ποιητὴν τρίτον
ἀπὸ τῆς ἀληθείας προσείρηκε, τῷ ζωγράγῳ τιθεὶς
αὐτὸν ἀναλόγως, ὃς οὔ τινα κλίνην, ἀλλ´
εἴδωλον ἐκείνης ποιεῖ· καίτοι, εἴ γε ἄλλο μέν
ἐστι τὸ θεῖον εἶδος, ἄλλο δὲ ὁ ἐν τῷ γιγνομένῳ
λόγος (δημιουργὸν γὰρ λέγει τοῦ τεχνητοῦ εἴδους
τὸν θεὸν, ὡς τὸν τεχνίτην τοῦ μερικοῦ
(828) ποιητὴν), τέταρτος ἂν εἴη, οὐ τρίτος. Σκοπεῖν
δὲ καὶ πρὸς αὐτὸ τὸ πρᾶγμα ὁρῶ τὸν λόγον.
Εἰ γάρ ἐστιν ἐν νῷ καὶ τούτων εἴδη, πότερον
ἀμέσως ἥξει ταῦτα ἐπὶ τὸ αἰσθητὸν, ἢ διὰ μέσης τῆς φύσεως;
Εἰ μὲν γὰρ ἀμέσως, ἄτοπον·
οὐδαμοῦ γὰρ ἐπὶ τῶν ἄλλων τοιαύτη γέγονεν
ἡ πρόοδος, ἀλλὰ τὰ ἐγγυτέρω τοῦ νοῦ πρῶτα
μετέσχε τῶν εἰδῶν. Εἰ δὲ διὰ μέσης τῆς φύσεως,
διότι καὶ αἱ τέχναι μιμεῖσθαι λέγονται
τὴν φύσιν (πολλῷ γὰρ πρότερον ἕξει τῶν τεχνῶν
ἡ φύσις τὰ εἴδη τῶν τεχνητῶν, εἴπερ καὶ ὁ
νοῦς), ἔσται καὶ τῶν τεχνητῶν ἡ φύσις αἰτία·
πάντα δὲ τὰ ἐκ φύσεως γεγονότα ζῇ καὶ αὔξησιν
ὑπομένει καὶ γένεσιν, εἴπερ εἴη τῶν ἐν ὕλῃ
γιγνομένων· καὶ γὰρ ἡ φύσις ζωή τίς ἐστι καὶ
αἰτία τῶν ζώντων· ἀλλ´ ἀδύνατον ζῇν καὶ αὐξάνεσθαι
τὴν κλίνην ἢ ἄλλο τι τῶν τεχνητῶν·
οὐκ ἄρα ἰδέαν ἔχει προϋπάρχουσαν οὐδέ τι νοερὸν
παράδειγμα τὰ τεχνητὰ τῆς ὑποστάσεως
αὑτῶν. Εἰ δὲ δὴ καὶ τὰς ἐπιστήμας ἐθέλοι τις
τέχνας καλεῖν, διαιρετέον οὕτως· τῶν τεχνῶν
ὅσαι μὲν ἀνάγουσι τὴν ψυχὴν καὶ ὁμοιοῦσι πρὸς
νοῦν, τούτων εἴδη θησόμεθα πρὸς ἃ καὶ οἰκειοῦσιν ἡμᾶς·
ὁμοίως γάρ ἐστι σχῆμα καὶ ἢ νόησις τοῦ σχήματος, καὶ ἀριθμὸς
καὶ ἡ τοῦ ἀριθμοῦ νόησις. Καὶ
ἀριθμητικῆς οὖν καὶ μουσικῆς
καὶ γεωμετρίας καὶ ἀστρονομίας εἴδη θήσομεν,
εἰ μὴ τὰς δεδημευμένας λέγοι τις τούτων ἑκάστην,
ἀλλὰ τὰς νοερὰς καὶ ποιητικὰς τῶν θείων
εἰδῶν. Αὗται γὰρ δὴ καὶ ἡμᾶς συνάπτουσι πρὸς
νοῦν, ὅτε οὐρανοῦ τε ὑπεραστρονομοῦμεν, καὶ
τὴν νοερὰν ἁρμονίαν θεωροῦμεν, καθ´ ἣν καὶ
ἀπεγέννησε τάς τε ψυχὰς καὶ τόνδε τὸν κόσμον
ὁ τῶν ὅλων πατὴρ, καὶ τὸν ἀριθμὸν ἐκεῖνον,
ὃς ἐν πᾶσίν ἐστι τοῖς εἴδεσι κρυφίως τε καὶ
διῃρημένως, καὶ τὸ σχῆμα τὸ νοερὸν, ὃ πάντων
ἐστὶ τῶν σχημάτων γεννητικόν· καθὸ καὶ ὁ δημιουργὸς
τόν τε ὅλον κόσμον περιφέρει, καὶ τῶν
στοιχείων ἕκαστον κατά τι σχῆμα οἰκεῖον ὑπέστησε.
Τούτων μὲν οὖν εἴδη θετέον, καὶ ὅσαι
(829) ἄλλαι ψυχῆς ἀναγωγοὶ, καὶ ὧν δεόμεθα καὶ εἰς
τὸ νοητὸν ἀναδραμόντες· ὅσαι δὲ ψυχῆς εἰσι
παιζούσης καὶ περὶ τὰ θνητὰ διατριβούσης καὶ
τὰς ἀνθρωπίνας χρείας θεραπευούσης, τούτων
οὐδεμίας εἶδός ἐστι νοερόν· ἀλλ´ ἡ μὲν ψυχὴ
τὴν δύναμιν ἔχει τὴν τῶν θεωρημάτων οἰστικὴν
ἐν τῇ δόξῃ κειμένην, καὶ γεννᾷν τοιαῦτα καὶ
κρίνειν πέφυκε· διακεκριμένα δὲ εἴδη τῶν τεχνῶν
ἢ τῶν τεχνητῶν οὐδαμῶς ἔστι. Θαυμαστὸν
δὲ οὐδὲν καὶ τὸ εἶναί τινας ἐν δαίμοσιν αἰτίας,
οἳ καὶ ἔφοροι λέγονται τῶν τεχνῶν οἱ μὲν ἄλλων
οἱ δὲ ἄλλων ὑπάρχειν, καὶ
ἀνθρώποις δεδωρῆσθαι ταύτας, καὶ ἐν θεοῖς συμβολικῶς
εἶναι, οἷον χαλκείας εἶναι μέν τις δαίμων
Ἥφαιστος λεγέσθω προστάτης καὶ τὸ εἶδος
ἔχων, αὐτὸς δὲ ὁ μέγας Ἥφαιστος συμβολικῶς
ἂν λέγοιτο χαλκεύειν τὸν οὐρανόν· καὶ ὑφαντικῆς
ὡσαύτως Ἀθηναϊκή τις δαιμονὶς ἔφορος,
αὐτῆς τῆς Ἀθηνᾶς ἄλλως καὶ δημιουργικῶς
ὑφαίνειν τὸν διάκοσμον τῶν νοερῶν εἰδῶν ὑμνουμένης.
Τοσαῦτα καὶ περὶ τῶν νοερῶν εἰδῶν ἡμῖν θεωρητέον·
| [3,60l] Maintenant des objets fabriqués par l'industrie humaine, faut-il dire que d'eux aussi, il y a des espèces ? Socrate, dans la République, dit on, n'a pas hésité de dire qu'il y a une idée,
g-idea, du lit et de la table ; mais dans ce passage il a appelé idée, la notion, g-logos, qui est dans l'esprit de l'artisan, et il a dit que cette notion est l'œuvre d'un dieu, parce que cette faculté technique a été donnée, pense-t-il, par un dieu aux âmes. Et la preuve, c'est qu'il a appelé poète, le troisième à partir de la vérité, le plaçant dans un rang analogue au peintre, qui ne fait, pas un lit déterminé et particulier, mais un simulacre de ce lit. Cependant si autre chose est l'espèce divine, autre chose la notion dans l'objet devenu (car il appelle le Dieu, démiurge de l'espèce de l'objet fabriqué, poète comme producteur de l'espèce particulière) il serait le quatrième et non le troisième. Mais je vois que l'argument ne regarde et ne vise que la chose elle-même. Car s'il y a dans la raison des espèces de ces choses, viendront elles sans termes moyens, g-amesohs, dans le sensible, ou par l'intermédiaire de la nature ?
Si l'on dit qu'elles y viennent sans intermédiaire, la chose est absurde;
car nulle part, dans les autres choses ne se produit une telle procession; mais les choses les plus proches de la raison participent les premières des espèces. Si elles y viennent par l'intermédiaire de la nature, parce que les arts sont dits imiter la nature (car la nature possèdera les espèces des choses fabriquées par l'art beaucoup plus tôt que celles des arts puisque la raison aussi les possède ; la nature sera la cause des objets fabriqués par l'art. Or toutes les choses qui doivent leur origine à la nature vivent, admettent croissance et génération, si elles sont de l'ordre des choses qui deviennent dans une matière. Car la nature est une sorte de vie et une cause des vivants. Or il est impassible que le lit ou quoiqu'un des autres objets fabriqués par l'art vive et croisse. Donc les choses fabriquées par l'art n'ont pas d'idée présubsistante ni un paradigme intellectuel de leur hypostase. Et si l'on voulait appeler arts, g-technai, les sciences, il faudra faire cette distinction : Des arts, tous ceux qui élèvent en haut l'âme et la rendent semblable à la raison, de ceux-là nous poserons des espèces avec lesquelles ils nous placent en affinité intime. Car la figure et la pensée de la figure ont une manière d'être semblables, comme le nombre et la pensée du nombre. Nous poserons donc des espèces de l'arithmétique, de la musique et de la géométrie, à moins qu'on n'entende chacune de ces sciences dans le sens vulgaire et infini: mais je les prends comme intellectuelles et capables de produire des espèces divines. Car ces sciences là nous rattachent à la raison lorsque nous considérons les astres qui sont au-delà du ciel , et que nous contemplons l'harmonie intellectuelle, selon laquelle le père du Tout a engendré et les âmes et ce monde-ci, et ce nombre là haut, qui est dans toutes les espèces secrètement et divisément, et la figure intellectuelle qui est génératrice de toutes les ligures; c'est selon tout cela que le Démiurge entraîne dans une révolution circulaire tout l'univers et donne l'hypostase à chacun des éléments selon une certaine figure qui lui est propre. Il faut donc de ces arts poser des espèces, ainsi que de tous les autres qui élèvent l'âme en haut, et dont nous avons besoin quand nous nous envolons vers l'intelligible. Mais de tous ceux qui appartiennent à l'âme qui se joue et s'occupe de choses mortelles, qui n'a soin que de pourvoir aux besoins humains, d'aucun de ceux là il n'y a d'espèce intellectuelle. L'âme a la puissance, qui réside dans l'opinion, de produire des pensées; il appartient à sa nature d'en engendrer et de les distinguer: mais il n'y a absolument pas d'espèces distinctes et séparées des arts ou des choses produites par l'art, et il n'y a rien d'étonnant qu'il y ait certaines causes dans les démons, qu'on dit être les protecteurs et patrons les uns de tels arts, les autres de tels autres, que ces causes soient données en dons aux hommes, qu'elles soient symboliquement dans les dieux. Par exemple on dira qu'il y a un certain démon, Héphaistos, qui préside à l'industrie du forgeron, et qu'il en possède l'espèce, tandis que le Grand Dieu Héphaistos lui-même est dit symboliquement forger le ciel; et de même, qu'il y a une certaine divinité démonique Athénaïque, patronne de l'art de tisser, tandis qu'Athéna elle-même est dite tisser sous un autre point de vue et démiurgiquement, le diacosme des espèces intellectuelles.
Voilà comment nous devons concevoir les espèces intellectuelles.
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