[5,88] Ῥόδιοι δὲ κατὰ τοὺς προειρημένους καιροὺς
ἐπειλημμένοι τῆς ἀφορμῆς τῆς κατὰ τὸν σεισμὸν τὸν
γενόμενον παρ´ αὐτοῖς βραχεῖ χρόνῳ πρότερον, ἐν
ᾧ συνέβη τόν τε κολοσσὸν τὸν μέγαν πεσεῖν καὶ
τὰ πλεῖστα τῶν τειχῶν καὶ τῶν νεωρίων, οὕτως
ἐχείριζον νουνεχῶς καὶ πραγματικῶς τὸ γεγονὸς ὡς
μὴ βλάβης, διορθώσεως δὲ μᾶλλον, αὐτοῖς αἴτιον
γενέσθαι τὸ σύμπτωμα. τοσοῦτον ἄγνοια καὶ ῥᾳθυμία
διαφέρει παρ´ ἀνθρώποις ἐπιμελείας καὶ φρονήσεως
περί τε τοὺς κατ´ ἰδίαν βίους καὶ τὰς κοινὰς
πολιτείας, ὥστε τοῖς μὲν καὶ τὰς ἐπιτυχίας βλάβην
ἐπιφέρειν, τοῖς δὲ καὶ τὰς περιπετείας ἐπανορθώσεως
γίνεσθαι παραιτίας. οἱ γοῦν Ῥόδιοι τότε παρὰ
τὸν χειρισμὸν τὸ μὲν σύμπτωμα ποιοῦντες μέγα καὶ
δεινόν, αὐτοὶ δὲ σεμνῶς καὶ προστατικῶς κατὰ τὰς
πρεσβείας χρώμενοι ταῖς ἐντεύξεσι καὶ ταῖς κατὰ
μέρος ὁμιλίαις, εἰς τοῦτ´ ἤγαγον τὰς πόλεις, καὶ
μάλιστα τοὺς βασιλεῖς, ὥστε μὴ μόνον λαμβάνειν
δωρεὰς ὑπερβαλλούσας, ἀλλὰ καὶ χάριν προσοφείλειν
αὐτοῖς τοὺς διδόντας.
Ἱέρων γὰρ καὶ Γέλων οὐ μόνον ἔδωκαν ἑβδομήκοντα καὶ
πέντ´ ἀργυρίου τάλαντα πρὸς τὴν εἰς τὸ ἔλαιον τοῖς ἐν τῷ
γυμνασίῳ χορηγίαν, τὰ μὲν παραχρῆμα, τὰ δ´ ἐν χρόνῳ
βραχεῖ παντελῶς, ἀλλὰ καὶ λέβητας ἀργυροῦς καὶ βάσεις
τούτων καί τινας ὑδρίας ἀνέθεσαν, πρὸς δὲ
τούτοις εἰς τὰς θυσίας δέκα τάλαντα καὶ τὴν ἐπαύξησιν
τῶν πολιτῶν ἄλλα δέκα, χάριν τοῦ τὴν πᾶσαν
εἰς ἑκατὸν τάλαντα γενέσθαι δωρεάν. καὶ μὴν ἀτέλειαν
τοῖς πρὸς αὐτοὺς πλοϊζομένοις ἔδοσαν καὶ
πεντήκοντα καταπέλτας τριπήχεις. καὶ τελευταῖον
τοσαῦτα δόντες, ὡς προσοφείλοντες χάριν, ἔστησαν
ἀνδριάντας ἐν τῷ τῶν Ῥοδίων δείγματι, στεφανούμενον
τὸν δῆμον τῶν Ῥοδίων ὑπὸ τοῦ δήμου τοῦ Συρακοσίων.
| [5,88] Ce fut vers cette époque que les
Rhodiens, prenant prétexte du tremblement de terre
qui avait eu lieu chez eux quelque temps auparavant
et qui avait détruit leur fameux colosse ainsi que la
plus grande partie des remparts et des arsenaux, exploitèrent
cet accident avec tant d'intelligence et d'habileté
qu'ils retirèrent de cette catastrophe plus de bénéfice
qu'elle ne leur avait causé de pertes. Tel est l'abîme
qui sépare, chez les hommes, la sottise et l'indifférence
de l'activité et de la sagesse : qu'il s'agisse de notre vie
privée ou d'événements publics, les uns laissent tourner
à leur détriment même ce qui leur arrive d'heureux,
les autres savent tirer parti même de leurs malheurs.
C'est ce que firent alors les Rhodiens : ils représentèrent
comme immense et terrible le désastre qui les
avait atteints ; mais ils montrèrent toujours une parfaite
dignité dans leurs conversations particulières
comme dans les ambassades officielles ; bref, ils firent
si bien que les cités et surtout les rois, non contents de
leur offrir des présents magnifiques, leur furent
reconnaissants d'avoir bien voulu les accepter.
Hiéron et Gélon leur donnèrent d'abord soixante-quinze talents
d'argent pour l'huile dont on se servait au gymnase,
une partie tout de suite, le reste un peu plus tard ; mais
en outre, ils leur envoyèrent des chaudrons d'argent avec
leurs supports, quelques aiguières, dix talents pour les
sacrifices et autant comme secours aux sinistrés ; si
bien que le total de leurs dons était d'environ cent
talents. De plus, ils exemptèrent de tout droit d'entrée
les navigateurs rhodiens qui viendraient chez eux et
envoyèrent encore cinquante catapultes de trois coudées.
Enfin, après avoir fait tous ces cadeaux, comme si
c'étaient eux les obligés, ils firent élever sur le marché
de Rhodes deux statues représentant le peuple de
Rhodes couronné par celui de Syracuse.
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