[5,34] Ὡς γὰρ θᾶττον Πτολεμαῖος ὁ κληθεὶς Φιλοπάτωρ,
μεταλλάξαντος τοῦ πατρός, ἐπανελόμενος τὸν
ἀδελφὸν Μάγαν καὶ τοὺς τούτῳ συνεργοῦντας παρέλαβε
τὴν τῆς Αἰγύπτου δυναστείαν, νομίσας τῶν
μὲν οἰκείων φόβων ἀπολελύσθαι δι´ αὑτοῦ καὶ διὰ
τῆς προειρημένης πράξεως, τῶν δ´ ἐκτὸς κινδύνων
ἀπηλλάχθαι διὰ τὴν τύχην, Ἀντιγόνου μὲν καὶ Σελεύκου
μετηλλαχότων, Ἀντιόχου δὲ καὶ Φιλίππου
τῶν διαδεδεγμένων τὰς ἀρχὰς παντάπασι νέων καὶ
μόνον οὐ παίδων ὑπαρχόντων, καταπιστεύσας διὰ
ταῦτα τοῖς παροῦσι καιροῖς, πανηγυρικώτερον διῆγε
τὰ κατὰ τὴν ἀρχήν, ἀνεπίστατον μὲν καὶ δυσέντευκτον
αὑτὸν παρασκευάζων τοῖς περὶ τὴν αὐλὴν καὶ
τοῖς ἄλλοις τοῖς (τὰ) κατὰ τὴν Αἴγυπτον χειρίζουσιν,
ὀλίγωρον δὲ καὶ ῥᾴθυμον ὑποδεικνύων τοῖς ἐπὶ τῶν
ἔξω πραγμάτων διατεταγμένοις, ὑπὲρ ὧν οἱ πρότερον
οὐκ ἐλάττω, μείζω δ´ ἐποιοῦντο σπουδὴν ἢ
περὶ τῆς κατ´ αὐτὴν τὴν Αἴγυπτον δυναστείας. τοιγαροῦν
ἐπέκειντο μὲν τοῖς τῆς Συρίας βασιλεῦσι
καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν, Κοίλης Συρίας
καὶ Κύπρου κυριεύοντες· παρέκειντο δὲ τοῖς κατὰ
τὴν Ἀσίαν δυνάσταις, ὁμοίως δὲ καὶ ταῖς νήσοις,
δεσπόζοντες τῶν ἐπιφανεστάτων πόλεων καὶ τόπων
καὶ λιμένων κατὰ πᾶσαν τὴν παραλίαν ἀπὸ Παμφυλίας
ἕως Ἑλλησπόντου καὶ τῶν κατὰ Λυσιμάχειαν
τόπων· ἐφήδρευον δὲ τοῖς ἐν τῇ Θρᾴκῃ καὶ
τοῖς ἐν Μακεδονίᾳ πράγμασι, τῶν κατ´ Αἶνον καὶ
Μαρώνειαν καὶ πορρώτερον ἔτι πόλεων κυριεύοντες.
καὶ τῷ τοιούτῳ τρόπῳ μακρὰν ἐκτετακότες τὰς
χεῖρας, καὶ προβεβλημένοι πρὸ αὑτῶν ἐκ πολλοῦ
τὰς δυναστείας, οὐδέποτε περὶ τῆς κατ´ Αἴγυπτον
ἠγωνίων ἀρχῆς. διὸ καὶ τὴν σπουδὴν εἰκότως μεγάλην
ἐποιοῦντο περὶ τῶν ἔξω πραγμάτων. ὁ δὲ
προειρημένος βασιλεὺς ὀλιγώρως ἕκαστα τούτων χειρίζων
διὰ τοὺς ἀπρεπεῖς ἔρωτας καὶ τὰς ἀλόγους
καὶ συνεχεῖς μέθας, εἰκότως ἐν πάνυ βραχεῖ χρόνῳ
καὶ τῆς ψυχῆς ἅμα καὶ τῆς ἀρχῆς ἐπιβούλους εὗρε
καὶ πλείους, ὧν ἐγένετο πρῶτος Κλεομένης ὁ Σπαρτιάτης.
| [5,34] A la mort de son père, Ptolémée, surnommé
Philopator, avait fait tuer son frère Magas avec
ses partisans et était monté sur le trône d'Égypte.
Il pensait n'avoir plus rien à craindre, ni à l'intérieur,
où il s'était lui-même mis en sûreté par ces meurtres,
ni au dehors, où il avait été servi par la Fortune :
Antigone et Séleucos étaient morts, et leurs successeurs,
Philippe et Antiochos, étaient tout jeunes, à
peine sortis de l'enfance. Ces considérations lui donnant
une sécurité absolue, il nè vécut plus que pour
le plaisir ; il était insouciant, d'accès très difficile pour
les courtisans comme pour tous les fonctionnaires
égyptiens, et enfin il n'accordait pas la moindre attention
aux événements extérieurs. C'était pourtant ce
dont ses prédécesseurs s'étaient toujours le plus vivement
préoccupés, plus même que de ce qui se passait
dans leur royaume d'Égypte. Ils avaient pu tenir en
respect les rois de Syrie, sur terre et sur mer, en se
rendant maîtres de la Coelé-Syrie et de Chypre ; ils
avaient placé sous leur contrôle les souverains de
l'Asie et même des îles, en établissant leur autorité sur
les cités, les points et les ports les plus importants de
toute la côte depuis la Pamphylie jusqu'à l'Hellespont
et les environs de Lysimachie ; ils exerçaient leur
surveillance sur la Thrace et la Macédoine, grâce à la
possession d'Ainos, de Maroneia et d'autres villes
encore plus éloignées. C'est ainsi qu'ils avaient étendu
au loin leur puissance et que jusqu'à une très grande
distance ils s'étaient fait un rempart des pays qui les
entouraient ; de sorte qu'ils n'avaient jamais rien à
craindre pour leur trône d'Égypte. Voilà pourquoi
ils s'étaient toujours, à bon droit, tellement préoccupés
des affaires extérieures. Au contraire, le roi dont nous
parlons se désintéressait de ces questions, dont le
détournaient ses basses débauches et ses orgies continuelles.
Il ne faut donc pas s'étonner qu'en très peu de
temps bien des gens aient comploté de le renverser et
d'attenter à sa vie, à commencer par Cléomène de Sparte.
|