[5,32] οἱ μὲν γὰρ ἀρχαῖοι τὴν ἀρχὴν ἥμισυ τοῦ παντὸς
εἶναι φάσκοντες μεγίστην παρῄνουν ποιεῖσθαι σπουδὴν
ἐν ἑκάστοις ὑπὲρ τοῦ καλῶς ἄρξασθαι· δοκοῦντες δὴ λέγειν
ὑπερβολικῶς ἐλλιπέστερόν μοι φαίνονται τῆς ἀληθείας εἰρηκέναι.
θαρρῶν γὰρ ἄν τις εἴπειεν οὐχ ἥμισυ τὴν ἀρχὴν εἶναι τοῦ
παντός, ἀλλὰ καὶ πρὸς τὸ τέλος διατείνειν. πῶς γὰρ
ἄρξασθαί τινος καλῶς οἷόν τε μὴ προπεριλαβόντα τῷ
νῷ τὴν συντέλειαν τῆς ἐπιβολῆς μηδὲ γινώσκοντα
ποῦ καὶ πρὸς τί καὶ τίνος χάριν ἐπιβάλλεται τοῦτο
ποιεῖν; πῶς δὲ πάλιν οἷόν τε συγκεφαλαιώσασθαι
πράγματα δεόντως μὴ συναναφέροντα τὴν ἀρχὴν
πόθεν ἢ πῶς ἢ διὰ τί πρὸς τὰς ἐνεστώσας ἀφῖκται πράξεις;
διόπερ οὐχ ἕως τοῦ μέσου νομίζοντας διατείνειν
τὰς ἀρχάς, ἀλλ´ ἕως τοῦ τέλους, πλείστην
περὶ ταύτας ποιητέον σπουδὴν καὶ τοὺς λέγοντας
καὶ τοὺς ἀκούοντας περὶ τῶν ὅλων. ὃ δὴ καὶ νῦν
ἡμεῖς πειρασόμεθα ποιεῖν.
| [5,32] Les anciens, en déclarant que «le commencement
est la moitié du tout», voulaient dire
qu'on doit toujours mettre le plus grand soin à bien
commencer ce qu'on fait. Ce dicton a l'air d'exagérer,
mais je trouve, au contraire, qu'il reste au-dessous de la
vérité : on peut affirmer hardiment que le commencement
n'est pas seulement la moitié du tout, mais que
la fin même en dépend. Comment pourrait-on bien
commencer un ouvrage, si l'on n'envisageait à l'avance
le terme où l'on veut aboutir, si l'on ne savait d'où l'on
part, jusqu'où l'on doit aller et quel but on cherche à
atteindre ? Comment pourrait-on en dégager une conclusion
précise, si l'on n'avait vu nettement dès le début
d'où, comment et pourquoi on est arrivé au point où l'on en est ?
Ainsi donc, puisque le commencement
n'est pas seulement en rapport avec le milieu, mais
même avec la fin, l'auteur comme les lecteurs d'un
traité général doivent y apporter la plus grande attention;
c'est à quoi, pour ma part, je vais m'appliquer.
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