[5,21] Λυκοῦργος δὲ διαταξάμενος περὶ τοῦ μέλλοντος
κινδύνου τοῖς ἡγεμόσι καὶ τοῖς φίλοις, αὐτὸς μὲν ἐξελθὼν
ἐκ τῆς πόλεως κατελάβετο τοὺς περὶ τὸ Μενελάιον
τόπους, ἔχων τοὺς πάντας οὐκ ἐλάττους
δισχιλίων, τοῖς δ´ ἐν τῇ πόλει συνέθετο προσέχειν
τὸν νοῦν, ἵν´ ὅταν αὐτοῖς αἴρῃ τὸ σύνθημα, σπουδῇ
κατὰ πλείους τόπους ἐξαγαγόντες πρὸ τῆς πόλεως
τὴν δύναμιν ἐκτάττωσι, βλέπουσαν ἐπὶ τὸν Εὐρώταν,
καθ´ ὃν ἐλάχιστον τόπον ἀπέχει τῆς πόλεως ὁ
ποταμός. τὰ μὲν οὖν περὶ τὸν Λυκοῦργον καὶ τοὺς
Λακεδαιμονίους ἐν τούτοις ἦν.
Ἵνα δὲ μὴ τῶν τόπων ἀγνοουμένων ἀνυπότακτα
καὶ κωφὰ γίνηται τὰ λεγόμενα, συνυποδεικτέον ἂν
εἴη τὴν φύσιν καὶ τάξιν αὐτῶν, ὃ δὴ καὶ παρ´ ὅλην
τὴν πραγματείαν πειρώμεθα ποιεῖν, συνάπτοντες καὶ
συνοικειοῦντες ἀεὶ τοὺς ἀγνοουμένους τῶν τόπων
τοῖς γνωριζομένοις καὶ παραδιδομένοις. ἐπεὶ γὰρ
τῶν κατὰ πόλεμον κινδύνων τοὺς πλείους καὶ κατὰ
γῆν καὶ κατὰ θάλατταν σφάλλουσιν αἱ τῶν τόπων
διαφοραί, βουλόμεθα δὲ πάντες οὐχ οὕτως τὸ γεγονὸς
ὡς τὸ πῶς ἐγένετο γινώσκειν, οὐ παρολιγωρητέον
τῆς τῶν τόπων ὑπογραφῆς ἐν οὐδ´ ὁποίᾳ
μὲν τῶν πράξεων, ἥκιστα δ´ ἐν ταῖς πολεμικαῖς,
οὐδ´ ὀκνητέον ποτὲ μὲν λιμέσι καὶ πελάγεσι καὶ νήσοις
συγχρῆσθαι σημείοις, ποτὲ δὲ πάλιν ἱεροῖς,
ὄρεσι, χώραις ἐπωνύμοις, τὸ δὲ τελευταῖον ταῖς ἐκ
τοῦ περιέχοντος διαφοραῖς, ἐπειδὴ κοινόταται πᾶσιν
ἀνθρώποις εἰσὶν αὗται· μόνως γὰρ οὕτως δυνατὸν
εἰς ἔννοιαν ἀγαγεῖν τῶν ἀγνοουμένων τοὺς ἀκούοντας,
καθάπερ καὶ πρότερον εἰρήκαμεν. ἔστι δ´ ἡ
τῶν τόπων φύσις τοιαύτη {ὑπὲρ ὧν νῦν δὴ ὁ λόγος}.
| [5,21] Après avoir donné à ses officiers et à ses
amis ses ordres pour le combat, Lycurgue partit de
Sparte et alla occuper la région de Menéléon avec un
corps qui ne comptait pas moins de deux mille hommes.
Il donna également ses instructions à la garnison: elle
devait se tenir sur le qui-vive, pour être prête, au
premier signal, à sortir rapidement de la place par
plusieurs côtés à la fois et à venir se ranger face à
l'Eurotas, à l'endroit où le fleuve passe le plus près
de la ville. Telles furent les dispositions que prirent
Lycurgue et les Lacédémoniens. Pour que mon
récit ne paraisse pas confus et obscur aux lecteurs
qui ne connaîtraient pas le lieu de la scène, il faut en
décrire la nature et la situation ; c'est ce que je
m'efforce de faire dans tout le cours de mon
ouvrage : en matière de topographie, je procède
toujours du connu à l'inconnu et je rattache les questions
nouvelles à celles qui ont déjà été traitées. C'est
en effet l'aspect différent des lieux qui le plus souvent
nous empêche de nous reconnaître dans les combats
sur terre et sur mer ; or ce que nous souhaitons tous,
c'est moins de connaître les faits que de comprendre
comment ils se sont passés. Il ne faut donc jamais négliger
de décrire le cadre d'une action quelconque,
mais surtout d'une opération militaire; on ne doit pas
hésiter à prendre comme points de repère tantôt les
ports, les mers, les îles, tantôt les temples, les montagnes,
les territoires dont le nom sert à désigner le lieu de la
scène, tantôt enfin l'orientation, car c'est une notion
très familière à tout le monde. C'est le seul moyen,
comme je l'ai déjà dit, de mettre les lecteurs en état de
bien saisir des faits qu'ils ignoraient. Voici donc quelle
est la nature des lieux dont nous parlons.
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