HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre II

Chapitre 56

  Chapitre 56

[2,56] Ἐπεὶ δὲ τῶν κατὰ τοὺς αὐτοὺς καιροὺς Ἀράτῳ γεγραφότων παρ´ ἐνίοις ἀποδοχῆς ἀξιοῦται Φύλαρχος, ἐν πολλοῖς ἀντιδοξῶν καὶ τἀναντία γράφων αὐτῷ, χρήσιμον ἂν εἴη, μᾶλλον δ´ ἀναγκαῖον ἡμῖν, Ἀράτῳ προῃρημένοις κατακολουθεῖν περὶ τῶν Κλεομενικῶν, μὴ παραλιπεῖν ἄσκεπτον τοῦτο τὸ μέρος, ἵνα μὴ τὸ ψεῦδος ἐν τοῖς συγγράμμασιν ἰσοδυναμοῦν ἀπολείπωμεν πρὸς τὴν ἀλήθειαν. καθόλου μὲν οὖν συγγραφεὺς οὗτος πολλὰ παρ´ ὅλην τὴν πραγματείαν εἰκῇ καὶ ὡς ἔτυχεν εἴρηκεν. πλὴν περὶ μὲν τῶν ἄλλων ἴσως οὐκ ἀναγκαῖον ἐπιτιμᾶν κατὰ τὸ παρὸν οὐδ´ ἐξακριβοῦν· ὅσα δὲ συνεπιβάλλει τοῖς ὑφ´ ἡμῶν γραφομένοις καιροῖςταῦτα δ´ ἔστιν τὰ περὶ τὸν Κλεομενικὸν πόλεμονὑπὲρ τούτων ἀναγκαῖόν ἐστιν ἡμῖν διευκρινεῖν. ἔσται δὲ πάντως ἀρκοῦντα ταῦτα πρὸς τὸ καὶ τὴν ὅλην αὐτοῦ προαίρεσιν καὶ δύναμιν ἐν τῇ πραγματείᾳ καταμαθεῖν. βουλόμενος δὴ διασαφεῖν τὴν ὠμότητα τὴν Ἀντιγόνου καὶ Μακεδόνων, ἅμα δὲ τούτοις τὴν Ἀράτου καὶ τῶν Ἀχαιῶν, φησὶ τοὺς Μαντινέας γενομένους ὑποχειρίους μεγάλοις περιπεσεῖν ἀτυχήμασι, καὶ τὴν ἀρχαιοτάτην καὶ μεγίστην πόλιν τῶν κατὰ τὴν Ἀρκαδίαν τηλικαύταις παλαῖσαι συμφοραῖς ὥστε πάντας εἰς ἐπίστασιν καὶ δάκρυα τοὺς Ἕλληνας ἀγαγεῖν. σπουδάζων δ´ εἰς ἔλεον ἐκκαλεῖσθαι τοὺς ἀναγινώσκοντας καὶ συμπαθεῖς ποιεῖν τοῖς λεγομένοις, εἰσάγει περιπλοκὰς γυναικῶν καὶ κόμας διερριμμένας καὶ μαστῶν ἐκβολάς, πρὸς δὲ τούτοις δάκρυα καὶ θρήνους ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν ἀναμὶξ τέκνοις καὶ γονεῦσι γηραιοῖς ἀπαγομένων. ποιεῖ δὲ τοῦτο παρ´ ὅλην τὴν ἱστορίαν, πειρώμενος (ἐν) ἑκάστοις ἀεὶ πρὸ ὀφθαλμῶν τιθέναι τὰ δεινά. τὸ μὲν οὖν ἀγεννὲς καὶ γυναικῶδες τῆς αἱρέσεως αὐτοῦ παρείσθω, τὸ δὲ τῆς ἱστορίας οἰκεῖον ἅμα καὶ χρήσιμον ἐξεταζέσθω. δεῖ τοιγαροῦν οὐκ ἐπιπλήττειν τὸν συγγραφέα τερατευόμενον διὰ τῆς ἱστορίας τοὺς ἐντυγχάνοντας οὐδὲ τοὺς ἐνδεχομένους λόγους ζητεῖν καὶ τὰ παρεπόμενα τοῖς ὑποκειμένοις ἐξαριθμεῖσθαι, καθάπερ οἱ τραγῳδιογράφοι, τῶν δὲ πραχθέντων καὶ ῥηθέντων κατ´ ἀλήθειαν αὐτῶν μνημονεύειν πάμπαν, (κ)ἂν πάνυ μέτρια τυγχάνωσιν ὄντα. τὸ γὰρ τέλος ἱστορίας καὶ τραγῳδίας οὐ ταὐτόν, ἀλλὰ τοὐναντίον. ἐκεῖ μὲν γὰρ δεῖ διὰ τῶν πιθανωτάτων λόγων ἐκπλῆξαι καὶ ψυχαγωγῆσαι κατὰ τὸ παρὸν τοὺς ἀκούοντας, ἐνθάδε δὲ διὰ τῶν ἀληθινῶν ἔργων καὶ λόγων εἰς τὸν πάντα χρόνον διδάξαι καὶ πεῖσαι τοὺς φιλομαθοῦντας, ἐπειδήπερ ἐν ἐκείνοις μὲν ἡγεῖται τὸ πιθανόν, κἂν ψεῦδος, διὰ τὴν ἀπάτην τῶν θεωμένων, ἐν δὲ τούτοις τἀληθὲς διὰ τὴν ὠφέλειαν τῶν φιλομαθούντων. χωρίς τε τούτων τὰς πλείστας ἡμῖν ἐξηγεῖται τῶν περιπετειῶν, οὐχ ὑποτιθεὶς αἰτίαν καὶ τρόπον τοῖς γινομένοις, ὧν χωρὶς οὔτ´ ἐλεεῖν εὐλόγως οὔτ´ ὀργίζεσθαι καθηκόντως δυνατὸν ἐπ´ οὐδενὶ τῶν συμβαινόντων. ἐπεὶ τίς ἀνθρώπων οὐ δεινὸν ἡγεῖται τύπτεσθαι τοὺς ἐλευθέρους; ἀλλ´ ὅμως, ἐὰν μὲν ἄρχων ἀδίκων χειρῶν πάθῃ τις τοῦτο, δικαίως κρίνεται πεπονθέναι· ἐὰν δ´ ἐπὶ διορθώσει καὶ μαθήσει ταὐτὸ τοῦτο γίνηται, προσέτι καὶ τιμῆς καὶ χάριτος οἱ τύπτοντες τοὺς ἐλευθέρους ἀξιοῦνται. καὶ μὴν τό γε τοὺς πολίτας ἀποκτεινύναι μέγιστον ἀσέβημα τίθεται καὶ μεγίστων ἄξιον προστίμων· καίτοι γε προφανῶς μὲν τὸν κλέπτην μοιχὸν ἀποκτείνας ἀθῷός ἐστιν, δὲ τὸν προδότην τύραννον τιμῶν καὶ προεδρείας τυγχάνει παρὰ πᾶσιν. οὕτως ἐν παντὶ τὸ τέλος κεῖται τῆς διαλήψεως ὑπὲρ τούτων οὐκ ἐν τοῖς τελουμένοις, ἀλλ´ ἐν ταῖς αἰτίαις καὶ προαιρέσεσι τῶν πραττόντων καὶ ταῖς τούτων διαφοραῖς. [2,56] Comme pour l'histoire de cette époque il y a des gens qui donnent la préférence au récit de Phylarchos sur celui d'Aratos, avec lequel il présente souvent des divergences et des contradictions, j'ai jugé utile, nécessaire même, de ne pas négliger d'expliquer pour quoi je préfère suivre Aratos dans la relation de la guerre de Cléomène : il ne faut pas laisser les écrits mensongers acquérir la même autorité que les véridiques. C'est au cours de tout son ouvrage que Phylarchos parle souvent à la légère et sans discernement ; mais sur les autres points que celui dont nous nous occupons maintenant, ce n'est pas le moment d'entreprendre une critique ou une enquête générale ; c'est seulement sur ce qui concerne la guerre de Cléomène que doit porter notre examen ; ce sera d'ailleurs tout à fait suffisant pour faire savoir dans quel esprit tout son ouvrage est écrit et combien il était peu fait pour traiter un sujet de ce genre. Pour bien montrer quelle était la cruauté d'Antigone et des Macédoniens comme celle d'Aratos et des Achéens, il déclare qu'après sa soumission Mantinée fut affligée des pires calamités ; que cette ville, la plus ancienne et la plus grande de toute l'Arcadie, subit un traitement si affreux que tous les Grecs en furent émus jusqu'aux larmes. Pour toucher les lecteurs de pitié et de compassion, il met sous leurs yeux des femmes qui s'embrassent, des chevelures éparses, des seins mis à nu ; il leur fait entendre les pleurs et les gémissements des hommes et des femmes, des enfants et des vieux parents qu'on enlève pêle-mêle. Tel est le procédé dont il use dans toute son histoire, pour étaler continuellement à notre vue toutes les atrocités commises. Il faut dédaigner cette méthode pour ce qu'elle a de vulgaire et de puéril ; un ouvrage historique ne doit viser qu'aux qualités propres du genre et, notamment, à l'utilité pratique. Un historien ne doit pas essayer de frapper ses lecteurs en racontant des choses merveilleuses, de reproduire les discours qui ont pu être tenus, d'énumérer toutes les conséquences possibles de chaque événement ; il faut laisser cela aux poètes tragiques ; son rôle, à lui, est de faire une relation fidèle de tout ce qui s'est dit ou fait, quelque ordinaire que cela paraisse. Car le but de l'histoire n'est pas le même que celui de la tragédie ; il en est au contraire fort différent. Le drame cherche à émouvoir les assistants et à charmer leur esprit pour un moment en donnant à ses fictions la plus grande vraisemblance possible; l'histoire s'efforce de faire oeuvre durable en rapportant exactement les actions et toutes les paroles des hommes pour l'instruction et l'édification de ceux qui s'adonnent à cette étude. L'un, qui ne vise qu'à distraire les spectateurs, fait usage du faux, pourvu qu'il soit vraisemblable ; l'autre, dont le but est d'être utile aux lecteurs, s'en tient à la vérité. En outre, Phylarchos nous raconte la plupart des événements sans nous dire quelle en fut la cause ni de quelle manière ils se sont produits; il est cependant nécessaire de le savoir pour pouvoir raisonnablement être ému de pitié ou saisi d'indignation. Qui ne considère comme un spectacle affreux de voir frapper un homme libre ? Et pourtant, si ce traitement n'est que la punition d'un crime, on reconnaît qu'il est mérité ; s'il est destiné à corriger ou à instruire, on ira même jusqu'à féliciter et-à remercier ceux qui l'infligent. Faire périr des citoyens passe pour un forfait monstrueux, digne des pires châtiments; néanmoins, l'homme qui tue un voleur ou un adultère est assuré de l'impunité, celui qui met à mort un traître ou un tyran est comblé d'honneurs et de récompenses. Tant il est vrai qu'on ne doit jamais fonder ses jugements sur les actes eux-mêmes, mais sur leurs causes, sur les intentions de ceux qui agissaient et sur la différence de ces mobiles.


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Dernière mise à jour : 16/03/2006