[9] IX. Ἃ μὲν οὖν λέγουσιν αὑτοῖς ὑπὸ σοφίας παρεσκευασμένα,
τοιαῦτά ἐστιν· ὧν δ´ ἑαυτοὺς ἀφαιροῦνται καὶ
ἀπελαύνουσιν, ἤδη σκοπῶμεν. τὰς μὲν γὰρ ἐπὶ σαρκὸς
εὐπαθείᾳ τῆς ψυχῆς διαχύσεις, ἐὰν ὦσι μέτριαι, μηθὲν
ἐχούσας μέγα μηδ´ ἀξιόλογον, ἂν δ´ ὑπερβάλλωσι, πρὸς
τῷ κενῷ καὶ ἀβεβαίῳ φορτικὰς φαινομένας καὶ θρασείας
οὐδὲ ψυχικὰς ἄν τις οὐδὲ χαράς, ἀλλὰ σωματικὰς ἡδονὰς
καὶ οἷον ἐπιμειδιάσεις καὶ συνεπιθρύψεις προσείποι τῆς
ψυχῆς. ἃς δ´ ἄξιον καὶ δίκαιον εὐφροσύνας καὶ χαρὰς
νομίζεσθαι, καθαραὶ μέν εἰσι τοῦ ἐναντίου καὶ σφυγμὸν
οὐδένα κεκραμένον οὐδὲ δηγμὸν οὐδὲ μετάνοιαν ἔχουσιν,
οἰκεῖον δὲ τῇ ψυχῇ καὶ ψυχικὸν ἀληθῶς καὶ γνήσιον καὶ
οὐκ ἐπείσακτον αὐτῶν τἀγαθόν ἐστιν οὐδ´ ἄλογον, ἀλλ´
εὐλογώτατον ἐκ τοῦ θεωρητικοῦ καὶ φιλομαθοῦς ἢ πρακτικοῦ
καὶ φιλοκάλου τῆς διανοίας φυόμενον. ὧν ὅσας
ἑκάτερον καὶ ἡλίκας ἡδονὰς ἀναδίδωσιν, οὐκ ἄν τις ἀνύσειε
διελθεῖν προθυμούμενος· ὑπομνῆσαι δὲ βραχέως
αἵ τε ἱστορίαι πάρεισι πολλὰς μὲν ἐπιτερπεῖς
διατριβὰς ἔχουσαι τὸ δ´ ἐπιθυμοῦν ἀεὶ τῆς ἀληθοῦς
ἀκόρεστον καταλείπουσαι καὶ ἄπληστον ἡδονῆς· δι´ ἣν
οὐδὲ τὸ ψεῦδος ἀμοιρεῖ χάριτος, ἀλλὰ καὶ πλάσμασι καὶ
ποιήμασι τοῦ πιστεύεσθαι μὴ προσόντος ἔνεστιν ὅμως τὸ πεῖθον.
| [9] Les avantages que les Épicuriens prétendent avoir acquis
par leur sagesse, les voilà. Maintenant quels sont ceux
qu'ils s'enlèvent à eux-mêmes et dont ils s'excluent? C'est
ce que nous allons examiner. Les épanouissements que
l'âme éprouve par la chair et par les jouissances de la chair
n'ont rien d'important et qui mérite notre estime s'ils sont
médiocres. S'ils sont excessifs, outre que leur vide et leur
instabilité attestent combien ces voluptés sont importunes et
licencieuses, ne donnant rien à l'âme et se concentrant uniquement
sur le corps, outre cela, dis je, l'âme ne leur
accorde en quelque sorte qu'un sourire d'un instant et
l'adhésion d'une jouissance fugitive. Les félicités et les
joies qui méritent qu'on leur donne ce nom sont pures
de tout mélange contraire, de toute agitation, de tout remords,
de tout repentir. Le bien qu'elles procurent à l'âme
convient merveilleusement à celle-ci. C'est un bien vraiment
fait pour elle, d'origine céleste, et ne venant pas d'ailleurs.
Loin d'offenser la raison, ce bien en est un produit
essentiel : car il naît de la faculté de l'âme qui s'applique
à la contemplation, à l'étude, ou bien aux belles
actions et aux pensées vertueuses. Que de multiples, que
d'ineffables jouissances procurent cette contemplation et
cette habitude des pensées vertueuses! Avec la meilleure
volonté du monde il serait impossible de les toutes énumérer.
Contentons-nous d'en donner brièvement une idée.
Nous avons pour nous y servir l'histoire avec ses nombreux
récits pleins d'un vif intérêt, qui jamais n'épuisent
notre immense et insatiable désir de vérité. Ce désir est
si vif, que le mensonge même n'est pas exempt de charmes à
nos yeux, et que les fictions, les créations les moins dignes
de foi ont pourtant le privilége de nous paraître vraisemblables.
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