HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement selon la doctrine d'Épicure

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] VII. Οὐ μόνον τοίνυν ἄπιστον καὶ ἀβέβαιον ἀρχὴν λαμβάνουσι τοῦ ἡδέως ζῆν ἀλλὰ καὶ παντάπασιν εὐκαταφρόνητον καὶ μικράν, εἴπερ αὐτοῖς κακῶν ἀποφυγὴ τὸ χαρτόν ἐστι καὶ τὸ ἀγαθόν, ἄλλο δ´ οὐδὲν διανοεῖσθαί φασιν, οὐδ´ ὅλως τὴν φύσιν ἔχειν ὅποι τεθήσεται τὸ ἀγαθόν, εἰ μὴ μόνον, ὅθεν ἐξελαύνεται τὸ κακὸν αὐτῆς, ὥς φησι Μητρόδωρος ἐν τοῖς πρὸς τοὺς Σοφιστάς· ’ὥστε τοῦτ´ αὐτὸ ἀγαθόν ἐστι, τὸ φυγεῖν τὸ κακόν· ἔνθα γὰρ τεθήσεται τἀγαθόν, οὐκ ἔστιν, ὅταν μηθὲν ἔτι ὑπεξίῃ μήτ´ ἀλγεινὸν μήτε λυπηρόν.‘ ὅμοια δὲ καὶ τὰ Ἐπικούρου λέγοντος τὴν τοῦ ἀγαθοῦ φύσιν ἐξ αὐτῆς τῆς φυγῆς τοῦ κακοῦ καὶ τῆς μνήμης καὶ ἐπιλογίσεως καὶ χάριτος, ὅτι τοῦτο συμβέβηκεν αὐτῷ, γεννᾶσθαι· ’τὸ γὰρ ποιοῦνφησίνἀνυπέρβλητον γῆθος τὸ παρ´ αὐτὸν πεφυγμένον μέγα κακόν· καὶ αὕτη φύσις ἀγαθοῦ, ἄν τις ὀρθῶς ἐπιβάλῃ, ἔπειτα σταθῇ καὶ μὴ κενῶς περιπατῇ περὶ ἀγαθοῦ θρυλῶν.‘ φεῦ τῆς μεγάλης ἡδονῆς τῶν ἀνδρῶν καὶ μακαριότητος, ἣν καρποῦνται χαίροντες ἐπὶ τῷ μὴ κακοπαθεῖν μηδὲ λυπεῖσθαι μηδ´ ἀλγεῖν. ἆρ´ οὐκ ἄξιόν ἐστιν ἐπὶ τούτοις καὶ φρονεῖν καὶ λέγειν λέγουσιν, ἀφθάρτους καὶ ἰσοθέους ἀποκαλοῦντες αὑτοὺς καὶ δι´ ὑπερβολὰς καὶ ἀκρότητας ἀγαθῶν εἰς βρόμους καὶ ὀλολυγμοὺς ἐκβακχεύοντες ὑπὸ τῆς ἡδονῆς, ὅτι τῶν ἄλλων περιφρονοῦντες ἐξευρήκασι μόνοι θεῖον ἀγαθὸν καὶ μέγα τὸ μηδὲν ἔχειν κακόν; ὥστε μήτε συῶν ἀπολείπεσθαι μήτε προβάτων εὐδαιμονίᾳ, τὸ τῇ σαρκὶ καὶ τῇ ψυχῇ περὶ τῆς σαρκὸς ἱκανῶς ἔχειν μακάριον τιθεμένους. ἐπεὶ τοῖς γε κομψοτέροις καὶ γλαφυρωτέροις τῶν ζῴων οὐκ ἔστι φυγὴ κακοῦ τέλος, ἀλλὰ καὶ πρὸς ᾠδὰς ἀπὸ κόρου τρέπεται καὶ νήξεσι χαίρει καὶ πτήσεσι καὶ ἀπομιμεῖσθαι παίζοντα φωνάς τε παντοδαπὰς καὶ ψόφους ὑφ´ ἡδονῆς καὶ γαυρότητος ἐπιχειρεῖ· καὶ πρὸς ἄλληλα χρῆται φιλοφροσύναις καὶ σκιρτήσεσιν, ὅταν ἐκφύγῃ τὸ κακόν, τἀγαθὸν πεφυκότα ζητεῖν, μᾶλλον δ´ ὅλως πᾶν τὸ ἀλγεινὸν καὶ τὸ ἀλλότριον ὡς ἐμποδὼν ὄντα τῇ διώξει τοῦ οἰκείου καὶ κρείττονος ἐξωθοῦντα τῆς φύσεως. [7] Non seulement donc les partisans de cette doctrine donnent une base peu sûre et peu solide à la vie heureuse, mais encore leurs considérations sont méprisables et mesquines. A les entendre l'exemption des maux constitue la joie et le bonheur. Ils n'imaginent pas que l'on puisse autrement concevoir le bonheur et que la nature puisse autrement l'établir que dans l'absence de tout mal. C'est le langage de Métrodore dans son Traité contre les Sophistes : Le bien même consiste à éviter le mal. Car où placerait-on le bonheur? Nulle part, s'il n'y a rien d'où l'on ne fasse disparaître la souffrance et la douleur. Epicure exprime une pensée analogue : La nature du bien naît de la disparition même du mal: elle naît de la mémoire, de l'appréciation, de la gratitude que l'on a gardée à propos de cette absence de douleur. Car ce qui cause, dit-il, une joie supérieure à toutes, c'est de s'être mis en garde contre un grand mal. Là est certainement la nature du bien, si l'on sait réfléchir comme on le doit, si l'on sait s'en tenir à ses réflexions et ne pas se perdre dans des divagations stériles touchant le bien.» Grande joie en vérité, et bonheur suprême, que celui de ces philosophes! Bonheur qui consiste à n'éprouver ni mauvais traitements, ni afflictions, ni douleurs ! N'y a-t-il pas lieu de se glorifier d'un semblable privilége, et de dire, comme ils n'y manquent pas, que par là on est immortel, que par là l'on va de pair avec les Dieux! L'excès et la supériorité de leur bonheur leur arrachent des mugissements et des hurlements de plaisir. Ils méprisent tout le reste, du moment que seuls ils ont trouvé un bien tout divin, un bien incomparable, à savoir, l'exemption du mal. Ainsi donc les voilà qui ne le cèdent pas aux pourceaux et aux moutons, puisqu'ils font résider le bonheur dans la chair et dans les jouissances que la chair donne à l'âme! Mais que dis-je? Il y a des animaux, plus intelligents et plus dignes d'intérêt, pour lesquels la fin dernière n'est pas la disparition du mal. Oui : il y en a même qui éprouvent, lorsqu'ils n'ont plus faim, le désir de faire entendre leur chant; qui se plaisent à nager, à s'ébattre; qui imitent en s'amusant toutes sortes de voix, toutes sortes de bruits : tant le plaisir et la satisfaction leur donne d'activité! Ils se prodiguent mutuellement des marques de tendresse, ils bondissent à l'envi. Quand le mal est évité, ils éprouvent un besoin naturel de chercher le bien, ou plutôt de chasser loin d'eux tout ce qui étant pénible et contraire, les empêcherait de poursuivre ce qui est approprié à la nature et lui ménage une condition meilleure.


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Dernière mise à jour : 27/06/2005