[29] XXIX. Ἄνευ δὲ τούτου, οἱ μὲν ἑτέρου βίου τὸν θάνατον
ἀρχὴν κρείττονος νομίζοντες, ἐάν τ´ ἐν ἀγαθοῖς ὦσι, μᾶλλον
ἥδονται μείζονα προσδοκῶντες· ἄν τε μὴ κατὰ γνώμην
τῶν ἐνταῦθα τυγχάνωσιν, οὐ πάνυ δυσχεραίνουσιν,
ἀλλ´ αἱ τῶν μετὰ τὸν θάνατον ἀγαθῶν καὶ καλῶν ἐλπίδες
ἀμηχάνους ἡδονὰς καὶ προσδοκίας ἔχουσαι πᾶν μὲν ἔλλειμμα
πᾶν δὲ πρόσκρουσμα τῆς ψυχῆς ἐξαλείφουσι καὶ
ἀφανίζουσιν ὥσπερ ἐν ὁδῷ μᾶλλον δ´ ὁδοῦ παρατροπῇ
βραχείᾳ ῥᾳδίως τὰ συντυγχάνοντα καὶ μετρίως φερούσης.
οἷς δ´ ὁ βίος εἰς ἀναισθησίαν περαίνει καὶ διάλυσιν, τούτοις
ὁ θάνατος οὐ τῶν κακῶν μεταβολὴν 〈ἀλλὰ τῶν ἀγαθῶν
ἀποβολὴν〉 ἐπιφέρων, ἀμφοτέροις μέν ἐστι λυπηρός,
μᾶλλον 〈δὲ〉 τοῖς εὐτυχοῦσιν ἢ τοῖς ἐπιπόνως ζῶσι; τούτων
μὲν γὰρ ἀποκόπτει τὴν ἄδηλον ἐλπίδα τοῦ πράξειν
ἄμεινον, ἐκείνων δὲ βέβαιον ἀγαθόν, τὸ ἡδέως ζῆν, ἀφαιρεῖται.
καὶ καθάπερ οἶμαι τὰ μὴ χρηστὰ τῶν φαρμάκων
ἀλλ´ ἀναγκαῖα, κουφίζοντα τοὺς νοσοῦντας ἐπιτρίβει
καὶ λυμαίνεται τοὺς ὑγιαίνοντας, οὕτως ὁ Ἐπικούρου
λόγος τοῖς μὲν ἀθλίως ζῶσιν οὐκ εὐτυχῆ τοῦ κακῶς πράσσειν
τελευτὴν ἐπαγγέλλεται τὴν διάλυσιν καὶ ἀναίρεσιν
τῆς ψυχῆς, τῶν δὲ φρονίμων καὶ σοφῶν καὶ βρυόντων
ἀγαθοῖς παντάπασι κολούει τὸ εὔθυμον, ἐκ τοῦ ζῆν μακαρίως
εἰς τὸ μὴ ζῆν μηδ´ εἶναι καταστρέφων. αὐτόθεν
μὲν οὖν ἐστι δῆλον, ὡς ἀγαθῶν ἀποβολῆς ἐπίνοια
λυπεῖν πέφυκεν, ὅσον ἐλπίδες βέβαιοι καὶ ἀπολαύσεις
εὐφραίνουσι παρόντων.
| [29] Mais, indépendamment de ces considérations, combien
sont mieux partagés ceux qui voient dans la mort le commencement
d'une vie meilleure ! S'ils vivent au sein de la prospérité,
leur bonheur s'en augmente parce qu'ils pressentent
de plus grands biens. Si les choses d'ici-bas ne réussissent
pas au gré de leur envie, ils n'ont garde de se décourager,
soutenus qu'ils sont par l'espérance des belles et bonnes
choses qui les attendent après la mort; et cette espérance
se compose de ravissements et de perspectives ineffables.
Elle suffit, en effet, à combler tous les vides, à faire disparaître
toutes les aspérités de la route, ou plutôt de la courte
traversée; et dès lors l'âme supporte avec calme et résignation
les événements qui se présentent. Quelle est, au contraire,
la condition de ceux qui font aboutir la vie à une
insensibilité et une dissolution complète? La mort leur apporte
non pas un changement de maux, mais une perte de
biens. Affligeant pour les infortunés comme pour les heureux,
le trépas est plus funeste encore à ceux-ci. Il n'enlève
aux premiers que l'espoir incertain d'une condition meilleure,
il prive les seconds du bien réel d'une vie agréable.
De même, et la comparaison me paraît juste, que les remèdes
qui sont salutaires, mais que l'on subit par nécessité,
soulagent les malades et qu'ils seraient insupportables et
funestes à des gens en bonne santé, de même la doctrine
d'Épicure ne promet point une fin heureuse à ceux dont la
vie n'est qu'une suite d'afflictions ; et quant aux heureux,
elle ne leur présente, comme dénoûment, que la perte et
la dissolution de l'âme. Soit que l'on ait la prudence et la
sagesse, soit que l'on regorge de biens, cette doctrine est
subversive de toute tranquillité d'esprit, puisque d'une
existence heureuse on se voit précipité dans une mort qui
est le néant. Il n'en faut pas davantage pour démontrer à
l'évidence, que l'idée de la perte des biens est une cause
aussi réelle de découragement que leur espérance certaine
ou leur jouissance actuelle procure de plaisir.
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