[22] XXII. καὶ μὴν μετά γε τοὺς πονηροὺς καὶ τοὺς πολλοὺς τρίτον
ἤδη σκεψώμεθα τὸ βέλτιστον ἀνθρώπων καὶ θεοφιλέστατον
γένος ἐν ἡλίκαις ἡδοναῖς καθαραῖς περὶ θεοῦ
δόξαις συνόντες, ὡς πάντων μὲν ἡγεμὼν ἀγαθῶν πάντων
δὲ πατὴρ καλῶν ἐκεῖνός ἐστι, καὶ φαῦλον οὐθὲν ποιεῖν
αὐτῷ θέμις ὥσπερ οὐδὲ πάσχειν. ’ἀγαθὸς γάρ ἐστιν,
ἀγαθῷ δὲ περὶ οὐδενὸς ἐγγίνεται φθόνος‘, οὔτε φόβος οὔτ´
ὀργὴ ἢ μῖσος· οὐδὲ γὰρ θερμοῦ τὸ ψύχειν ἀλλὰ {τὸ}
θερμαίνειν, ὥσπερ οὐδ´ ἀγαθοῦ τὸ βλάπτειν. ὀργὴ δὲ χάριτος
καὶ χόλος εὐμενείας καὶ τοῦ φιλανθρώπου καὶ φιλόφρονος
τὸ δυσμενὲς καὶ ταρακτικὸν ἀπωτάτω τῇ φύσει
τέτακται· τὰ μὲν γὰρ ἀρετῆς καὶ δυνάμεως τὰ δ´ ἀσθενείας
ἐστὶ καὶ φαυλότητος. οὐ τοίνυν ὀργαῖς καὶ χάρισι,
συνέχεται τὸ θεῖον, ἀλλ´ ὅτι χαρίζεσθαι καὶ βοηθεῖν πέφυκεν,
ὀργίζεσθαι καὶ κακῶς ποιεῖν οὐ πέφυκεν. ἀλλ´ ’ὁ
μὲν μέγας ἐν οὐρανῷ Ζεὺς πτηνὸν ἅρμα ἐλαύνων ἄνω
πρῶτος πορεύεται, διακοσμῶν πάντα καὶ ἐπιμελούμενος‘,
τῶν δ´ ἄλλων θεῶν ὁ μέν ἐστιν Ἐπιδώτης ὁ δὲ Μειλίχιος
ὁ δ´ Ἀλεξίκακος· ὁ δ´ Ἀπόλλων ’κατεκρίθη θνατοῖς ἀγανώτατος
ἔμμεν‘ ὡς Πίνδαρός φησι. πάντα δὲ
τῶν θεῶν κατὰ τὸν Διογένη, καὶ κοινὰ τὰ τῶν φίλων, καὶ
φίλοι τοῖς θεοῖς οἱ ἀγαθοί, καὶ τὸν θεοφιλῆ μή τι εὖ πράττειν
ἢ θεοφιλῆ 〈μὴ〉 εἶναι τὸν σώφρονα καὶ δίκαιον ἀδύνατόν
ἐστιν. ἆρά γε δίκης ἑτέρας οἴεσθε δεῖσθαι τοὺς ἀναιροῦντας
τὴν πρόνοιαν, οὐχ ἱκανὴν ἔχειν ἐκκόπτοντας
ἑαυτῶν ἡδονὴν καὶ χαρὰν τοσαύτην, ὅση πάρεστι τοῖς
οὕτω διακειμένοις πρὸς τὸ δαιμόνιον; ἢ τῷ μὲν Ἐπικούρῳ
καὶ Μητρόδωρος καὶ Πολύαινος καὶ Ἀριστόβουλος ’ἐκθάρσημα‘
καὶ ’γῆθος‘ ἦσαν, ὧν τοὺς πλείστους θεραπεύων
νοσοῦντας ἢ καταθρηνῶν ἀποθνήσκοντας διετέλεσε,
Λυκοῦργος δ´ ὑπὸ τῆς Πυθίας προσαγορευθείς ’Ζηνὶ φίλος
καὶ πᾶσιν Ὀλύμπια δώματ´ ἔχουσι‘ καὶ Σωκράτης οἰόμενος
αὑτῷ διαλέγεσθαι τὸ δαιμόνιον ὑπ´ εὐμενείας καὶ
Πίνδαρος ἀκούων ὑπὸ τοῦ Πανὸς ᾄδεσθαί τι μέλος ὧν αὐτὸς
ἐποίησε μετρίως ἔχαιρεν; ἢ Φορμίων τοὺς Διοσκόρους ἢ
τὸν Ἀσκληπιὸν Σοφοκλῆς ξενίζειν αὐτός τε πειθόμενος
καὶ τῶν ἄλλων οὕτως ἐχόντων διὰ τὴν γενομένην ἐπιφάνειαν;
ἃ δ´ Ἑρμογένης ἐφρόνει περὶ τῶν θεῶν, ἄξιόν ἐστιν
αὐτοῖς ὀνόμασι διαμνημονεῦσαι. ’οὗτοι γάρ‘ φησίν ’οἱ
πάντα μὲν εἰδότες πάντα δὲ δυνάμενοι θεοὶ οὕτω μοι φίλοι
εἰσίν, ὡς διὰ τὸ ἐπιμελεῖσθαί μου οὔποτε λήθω αὐτοὺς
οὔτε νυκτὸς οὔθ´ ἡμέρας ὅποι ἂν ὁρμῶμαι οὔθ´ ὅ τι ἂν
μέλλω πράττειν· διὰ δὲ τὸ προειδέναι καὶ ὅ τι ἐξ ἑκάστου
ἀποβήσεται σημαίνουσι, πέμποντες ἀγγέλους φήμας καὶ
ἐνύπνια καὶ οἰωνούς.‘
| [22] Maintenant que nous avons parlé des méchants et du
vulgaire, examinons une troisième espèce, à savoir les hommes
les meilleurs et qui sont souverainement chéris des
Dieux. Quelle félicité est leur partage, grâce aux idées si
pures qu'ils ont de la Divinité! Ils voient en Dieu le guide
de tous les gens de bien, le père de tout ce qui est beau. Il
n'est pas possible, à leur compte, que Dieu fasse ou éprouve
rien de mal : car il est bon, et un être souverainement bon
n'est, sous aucun prétexte, accessible à l'envie, à la crainte,
à la colère, à la haine. De même que ce qui est chaud ne
saurait rendre froid et ne peut qu'échauffer, de même un être
souverainement bon ne saurait causer aucun dommage. Entre
l'animosité et la reconnaissance, entrele pessimisme et la philanthropie,
entre l'humanité et la malveillance, entre le calme
d'esprit et le désordre, il y a une antipathie naturelle qui
produit la séparation la plus complète, puisque d'un côté
règnent la puissance et la vertu, de l'autre prévalent la faiblesse
et le vice. La Divinité ne saurait donc être à la fois
sous l'empire de la colère et sous celui de la faveur. Faite
pour secourir et protéger, son naturel n'est pas de s'irriter
et de nuire. Voyez le grand Jupiter
"Guidant son char ailé dans les plaines des cieux"
il descend le premier ici-bas, pour disposer tout avec ordre
et sollicitude. Voyez les autres Dieux : l'un est dispensateur
des dons; un autre est la douceur personnifiée; un troisième
chasse tous les maux; enfin Apollon
"Au jugement de tous est un dieu tutélaire",
comme dit Pindare. Tout appartient aux Dieux, selon l'expression
de Diogène, de même que tout est commun entre
amis, de même que les gens de bien sont aimés des Dieux.
Qui dit homme chéri des Dieux, dit homme certain de
jouir du bonheur, et il est impossible qu'on ne soit pas
chéri des Dieux quand on a la modération et la justice.
D'après cela, pensez-vous qu'il y ait contre ceux qui suppriment
la Providence besoin d'une autre punition? N'en
est-ce pas une bien suffisante? Ils s'interdisent toutes les
joies et les délices que nous procurent nos croyances à
l'égard de la Divinité. Je vous le demande : Épicure fit de
Métrodore, de Polyène, d'Aristobule, sa gloire et sa joie,
parce qu'il les assista les uns ou les autres dans leurs maladies,
ou qu'il ne cessa de les pleurer après leur trépas; et
d'un autre côté Lycurgue, proclamé par la Pythie comme
"Chéri de Jupiter, chéri de tous les Dieux",
et Socrate, convaincu que son Génie par bienveillance conversait
avec lui ; et Pindare, entendant des vers de sa composition
chantés par le dieu Pan, n'auraient éprouvé qu'une
joie médiocre! Médiocre aussi aurait été la joie de Phormien,
quand il croyait offrir l'hospitalité aux Dioscures; de
Sophocle, quand il croyait l'offrir à Esculape, et quand
cette croyance était partagée de tous les autres par suite de
l'apparition qui survint! L'opinion que professait Hermogène
à l'égard des Dieux mérite, du reste, que je la reproduise
ici textuellement : "Ces Dieux, dit-il, qui savent tout,
qui peuvent tout, ont tant d'amitié pour moi qu'en raison
de leur sollicitude ils ne me perdent de vue ni jour
ni nuit. N'importe dans quelle direction je me lance, n'importe
ce que je vais faire, ils sont là; et comme leur prescience
leur apprend les résultats de chaque chose, ils me
les revèlent en m'envoyant, comme autant de messagers,
des voix, des songes et des augures."
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