HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement selon la doctrine d'Épicure

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] II. Προελθόντων γὰρ ἡμῶν εἰς τὸ γυμνάσιον ὥσπερ εἰώθειμεν ἐκ τῆς διατριβῆς, Ζεύξιπποςἐμοὶ μένἔφηδοκεῖ πολὺ τῆς προσηκούσης λόγος εἰρῆσθαι παρρησίας μαλακώτερον· ἀπίασι δ´ ἡμῖν ἐγκαλοῦντες οἱ περὶ Ἡρακλείδην τοῦ Ἐπικούρου καὶ τοῦ Μητροδώρου (ἡμῶν) μηδὲν αἰτίων ὄντων θρασύτερον καθαψαμένοις.’ καὶ Θέωνεἶτ´ οὐκ ἔλεγεςεἶπενὅτι τοῖς ἐκείνων Κωλώτης παραβαλλόμενος εὐφημότατος ἀνδρῶν φαίνεται; τὰ γὰρ ἐν ἀνθρώποις αἴσχιστα ῥήματα, βωμολοχίας ληκυθισμοὺς ἀλαζονείας ἑταιρήσεις ἀνδροφονίας, βαρυστόνους πολυφθόρους βαρυεγκεφάλους συναγαγόντες Ἀριστοτέλους καὶ Σωκράτους καὶ Πυθαγόρου καὶ Πρωταγόρου καὶ Θεοφράστου καὶ Ἡρακλείδου καὶ Ἱππαρχίας καὶ τίνος γὰρ οὐχὶ τῶν ἐπιφανῶν κατεσκέδασαν, ὥστ´, εἰ καὶ τἄλλα πάντα σοφῶς εἶχεν αὐτοῖς, διὰ τὰς βλασφημίας ταύτας καὶ κατηγορίας πορρωτάτω σοφίας ἂν εἴργεσθαι· ’φθόνος γὰρ ἔξω θείου χοροῦκαὶ ζηλοτυπία δι´ ἀσθένειαν ἀποκρύψαι μὴ δυναμένη τὸ ἀλγοῦν.’ ὑπολαβὼν οὖν ἈριστόδημοςἩρακλείδης οὖνἔφηγραμματικὸς ὢν ἀντὶ τῆςποιητικῆς τύρβης‘, | ὡς ἐκεῖνοι λέγουσι, καὶ τῶνὉμήρου μωρολογημάτωνἀποτίνει ταύτας Ἐπικούρῳ χάριτας, ὅτι Μητρόδωρος ἐν γράμμασι τοσούτοις ποιητῇ λελοιδόρηκεν; ἀλλ´ ἐκείνους μὲν ἐῶμεν, Ζεύξιππε· τὸ δ´ ἐν ἀρχῇ τῶν λόγων ῥηθὲν πρὸς τοὺς ἄνδρας, ὡς οὐκ ἔστι ζῆν κατ´ αὐτούς, τί οὐ μᾶλλον, ἐπεὶ κέκμηκεν οὗτος, αὐτοὶ δι´ ἑαυτῶν περαίνομεν ἅμα καὶ Θέωνα παραλαβόντες;’ καὶ Θέων πρὸς αὐτόνἀλλ´ οὗτος μένἔφη ἆθλος ἑτέροις ἐκτετέλεσται πρὸ ἡμῶν, ’νῦν αὖτε σκοπὸν ἄλλον‘ , εἰ δοκεῖ, θέμενοι τοιαύτῃ τινὶ δίκῃ μετίωμεν ὑπὲρ τῶν φιλοσόφων τοὺς ἄνδρας· ἀποδεῖξαι γάρ, ἄνπερ δυνατόν, ἐπιχειρήσωμεν, ὅτι μηδὲ ζῆν ἡδέως ἔστιν κατ´ αὐτούς.’ ‘παπαίεἶπον ἔγωγε γελάσας, ‘εἰς τὴν γαστέρα τοῖς ἀνδράσιν ἔοικας ἐναλεῖσθαι καὶ τὴν περὶ τῶν κρεῶν ἐπάξειν, ἀφαιρούμενος ἡδονὴν ἀνθρώπων βοώντων· ’οὐ γὰρ πυγμάχοι εἰμὲν ἀμύμονεςοὐδὲ ῥήτορες οὐδὲ προστάται δήμων οὐδ´ ἄρχοντες, ’ἀεὶ δ´ ἡμῖν δαίς τε φίληκαὶ πᾶσα διὰ σαρκὸς ἐπιτερπὴς κίνησις ἐφ´ ἡδονήν τινα καὶ χαρὰν ψυχῆς ἀναπεμπομένη. δοκεῖς οὖν μοι μὴ τὸ ἔαρ ἐξαιρεῖν, ὥς φασιν, ἀλλὰ τὸ ζῆν ἀφαιρεῖσθαι τοὺς ἄνδρας, εἰ τὸ ζῆν ἡδέως μὴ ἀπολείψεις αὐτοῖς.’ ‘τί οὖνεἶπεν Θέων, ‘εἰ δοκιμάζεις τὸν λόγον, αὐτὸς οὐ χρῇ παρόν;’ ‘χρήσομαιεἶπονἀκροώμενος καὶ ἀποκρινόμενος, ἂν δέησθε· τὴν δ´ ἡγεμονίαν ὑμῖν παραδίδωμι.’ μικρὰ δὴ προφασισαμένου τοῦ Θέωνος Ἀριστόδημοςὡς σύντομονἔφηκαὶ λείαν ἔχων ὁδὸν ἀπετάφρευσας ἡμῖν πρὸς τὸν λόγον, οὐκ ἐάσας περὶ τοῦ καλοῦ πρότερον εὐθύνας ὑποσχεῖν τὴν αἵρεσιν. ἀνθρώπους γὰρ ἡδονὴν ὑποτιθεμένους τέλος οὐκ ἔστιν ἐξελάσαι τοῦ ἡδέως ζῆν ῥᾴδιον· τοῦ δὲ καλῶς ἐκπεσόντες ἅμα καὶ τοῦ ἡδέως συνεξέπιπτον, ἐπεὶ τὸ ἡδέως ζῆν ἄνευ τοῦ καλῶς ἀνύπαρκτόν ἐστιν, ὡς αὐτοὶ λέγουσι.’ [2] En effet, comme nous avions fait déjà quelques pas dans le Gymnase, suivant notre coutume, à la suite de notre leçon, Zeuxippe prit la parole : «Il me semble, dit-il, que la discussion a été soutenue de notre part avec beaucoup de mollesse, et qu'elle autorisait plus de franchise et de liberté de langage. Voilà pourtant qu'Héraclide en partant nous accuse d'avoir attaqué avec trop de violence Epicure et Métrodore, qui, dit-il, ne méritent aucun reproche.» — Et alors, dit Théon, vous ne lui avez pas répondu, que comparativement à eux Colotès est un modèle d'urbanité et modération! Car les épithètes les plus odieuses du vocabulaire humain, bouffons, vantards, bravaches, débauchés, homicides, pleureurs, artisans de corruption, cerveaux pesants, ils les ont jetées à la face d'Aristote, de Socrate, de Pythagore, de Protagoras, de Théophraste, d'Héraelide, d'Hipparque. Est-il un seul philosophe illustre sur lequel ils ne les aient répandues? Aussi, même quand tout serait d'ailleurs sagesse en eux, ces calomnies et ces imputations suffiraient pour les mettre au ban de la philosophie : car on doit laisser en dehors de ce choeur divin et la jalousie et la malveillance qui par faiblesse ne peut dissimuler le dépit qu'elle éprouve.» Aristodème alors s'emparant de la parole : «Héraclide, dit-il, en sa qualité de grammairien prend fait et cause pour la tourbe poétique, (c'est l'expression des Épicuriens), et pour les divagations d'Homère. C'est sa façon de remercier Epicure. Ou bien peut-être témoigne-t-il ainsi sa gratitude envers Métrodore, qui dans une foule de ses ouvrages insulte le grand ponte. Mais laissons là ces philosophes, Zeuxippe, et reprenons ce qu'au commencement de notre dernière conférence nous disions contre les Épicuriens "qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement d'après leur doctrine." Oui : pourquoi, puisque celui-ci est fatigué, n'entreprendrions-nous pas plutôt nous-mêmes de traiter à fond cette thèse, en nous adjoignant Théon?» — Alors Théon : «Mais c'est une tâche que d'autres ont accomplie avant nous. "Un but tout différent", si vous le voulez bien, sera celui que nous nous proposerons. Savez-vous quelle vengeance au profit des philosophes je propose de tirer des Epicuriens? C'est que nous essayions, dans la mesure de nos forces, de démontrer "qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement d'après leur doctrine." — Oh ! oh ! dis-je alors en souriant, vous semblez vouloir véritablement leur marcher sur le ventre et les attaquer jusqu'au vif, quand vous leur enlevez «l'agrément», à ces hommes qui crient : «Nous ne nous piquons pas d'être lutteurs habiles, ni orateurs, ni présidents d'assemblées populaires, ni magistrats. Ce qui nous plaît toujours, c'est la table ce sont toutes les émotions sensuelles qui réjouissent, et qui ont pour objet d'affecter agréablement et voluptueusement l'âme.» Aussi, vous me semblez leur enlever non pas l'agrément mais la vie, si vous ne leur laissez pas la vie agréable. — «Pourquoi donc, dit Théon, si vous approuvez cette discussion, ne profitez-vous pas de ce qu'elle se présente?» — J'en profiterai, répondis-je, en devenant votre auditeur, et, au besoin, votre interlocuteur; mais je vous abandonne la priorité de l'attaque. Ici Théon s'excusait quelque peu, mais Aristodème lui dit : «Nous avions un chemin bien court et tout uni pour arriver à la question. Pourquoi faut-il que vous nous l'ayez fermé, en ne permettant pas, qu'avant tout nous citions les philosophes de cette secte à notre tribunal, afin qu'ils aient à répondre touchant l'honnête? Quand des hommes posent le plaisir comme fin dernière, il n'est pas facile de leur interdire la vie agréable ; mais une fois dépossédés de la vie honnête ils étaient, par le fait même, dépossédés également de la vie agréable, puisque «vivre agréablement sans vivre honnêtement est un état impossible», comme les Epicuriens eux-mêmes en conviennent.»


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Dernière mise à jour : 27/06/2005