HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement selon la doctrine d'Épicure

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] XVII. Καὶ ἕωλον οἱ ἄνθρωποι τῆς ἡδονῆς τὸ μέγεθος καθάπερ κέντρῳ καὶ διαστήματι τῇ γαστρὶ περιγράφουσι, λαμπρᾶς δὲ καὶ βασιλικῆς καὶ φρόνημα ποιούσης μέγα καὶ φῶς καὶ γαλήνην ἀληθῶς εἰς ἅπαντας ἀναχεομένην χαρᾶς οὐκ ἔστι μετασχεῖν βίον ἀνέξοδον καὶ ἀπολίτευτον καὶ ἀφιλάνθρωπον καὶ ἀνενθουσίαστον εἰς τιμὴν καὶ χάριν ἀνελομένους. οὐ γάρ τι φαῦλον ψυχὴ καὶ μικρὸν οὐδ´ ἀγεννές ἐστιν οὐδ´ ὥσπερ οἱ πολύποδες ἄχρι τῶν ἐδωδίμων ἐκτείνει τὰς ἐπιθυμίας, ἀλλὰ ταύτην μὲν ὀξύτατος ἀποκόπτει κόρος ἀκαρὲς ὥρας μόριον ἀκμάσασαν, τῶν δὲ πρὸς τὸ καλὸν ὁρμῶν καὶ τὴν ἐπὶ τῷ καλῷ τιμὴν καὶ χάρινοὐκ ἔστιν αὐτῶν μέτρον τοῦ βίου χρόνος‘, ἀλλὰ τοῦ παντὸς αἰῶνος ἐπιδραττόμενον τὸ φιλότιμον καὶ φιλάνθρωπον ἐξαμιλλᾶται ταῖς πράξεσι καὶ ταῖς χάρισιν ἡδονὰς ἀμηχάνους ἐχούσαις, ἃς οὐδὲ φεύγοντες οἱ χρηστοὶ διαφεύγειν δύνανται, πανταχόθεν αὐτοῖς ἀπαντώσας καὶ περιεχομένας, ὅταν εὐφραίνωσι πολλοὺς εὐεργετοῦντες, ’ἐρχόμενον δ´ ἀνὰ ἄστυ θεὸν ὣς εἰσορόωσιν‘. γὰρ οὕτω διαθεὶς ἑτέρους, ὥστε καὶ χαίρειν καὶ γάνυσθαι καὶ ποθεῖν ἅψασθαι καὶ προσαγορεῦσαι, δῆλός ἐστι καὶ τυφλῷ μεγάλας ἔχων ἐν ἑαυτῷ καὶ καρπούμενος ἡδονάς. | ὅθεν οὐδὲ κάμνουσιν ὠφελοῦντες οὐδ´ ἀπαγορεύουσιν, ἀλλὰ τοιαύτας αὐτῶν ἀκούομεν φωνάςπολλοῦ σε θνητοῖς ἄξιον τίκτει πατήρκαίμή γε παυσώμεσθα δρῶντες εὖ βροτούς‘. καὶ τί δεῖ περὶ τῶν ἄκρως ἀγαθῶν λέγειν; εἰ γάρ τινι τῶν μέσως φαύλων μέλλοντι θνήσκειν κύριος, ἤτοι θεὸς βασιλεύς, ὥραν ἐπιδοίη μίαν, ὥστε χρησάμενον αὐτῇ πρός τινα καλὴν πρᾶξιν πρὸς ἀπόλαυσιν εὐθὺς τελευτᾶν, τίς ἂν ἐν τῷ χρόνῳ τούτῳ βούλοιτο μᾶλλον Λαΐδι συγγενέσθαι καὶ πιεῖν οἶνον Ἀριούσιον κτείνας Ἀρχίαν ἐλευθερῶσαι τὰς Θήβας; ἐγὼ μὲν οὐδένα νομίζω. καὶ γὰρ τῶν μονομάχων ὁρῶ τοὺς μὴ παντάπασι θηριώδεις ἀλλ´ Ἕλληνας, ὅταν εἰσιέναι μέλλωσι, προκειμένων πολλῶν ἐδεσμάτων καὶ πολυτελῶν ἥδιον τὰ γύναια τοῖς φίλοις ἐν τῷ χρόνῳ τούτῳ παρακατατιθεμένους καὶ τοὺς οἰκέτας ἐλευθεροῦντας τῇ γαστρὶ χαριζομένους. Ἀλλὰ καί, εἴ τι μέγα περὶ τὰς τοῦ σώματος ἡδονάς, κοινόν ἐστι δήπου τοῦτο τοῖς πρακτικῶν πράγμασι· καὶ γὰρσῖτον ἔδουσινκαὶπίνουσιν αἴθοπα οἶνονκαὶ μετὰ φίλων ἑστιῶνται πολύ γ´ οἶμαι προθυμότερον ἀπὸ τῶν ἀγώνων καὶ τῶν ἔργων, ὡς Ἀλέξανδρος καὶ Ἀγησίλαος καὶ νὴ Δία Φωκίων καὶ Ἐπαμεινώνδας, καθάπερ οὗτοι πρὸς πῦρ ἀλειψάμενοι καὶ τοῖς φορείοις ἀτρέμα διασεισθέντες, ἀλλὰ καταφρονοῦσι τούτων ἐν ἐκείναις ταῖς μείζοσιν ὄντες. τί γὰρ ἂν λέγοι τις Ἐπαμεινώνδαν οὐκ ἐθελήσαντα δειπνεῖν, ὡς ἑώρα πολυτελέστερον τῆς οὐσίας τὸ δεῖπνον, ἀλλ´ εἰπόντα πρὸς τὸν φίλονἐγώ ς´ ᾤμην θύειν οὐχ ὑβρίζειν‘; ὅπου καὶ Ἀλέξανδρος ἀπεώσατο τῆς Ἄδας τοὺς μαγείρους αὐτὸς εἰπὼν ἔχειν ἀμείνονας ὀψοποιούς, πρὸς μὲν ἄριστον τὴν νυκτοπορίαν πρὸς δὲ δεῖπνον τὴν ὀλιγαριστίαν· Φιλόξενον δὲ γράψαντα περὶ παίδων καλῶν, εἰ πρίηται, μικρὸν ἐδέησε τῆς ἐπιτροπῆς ἀποστῆσαι. καίτοι τίνι μᾶλλον ἐξῆν; ἀλλ´, ὥσπερ φησὶν Ἱπποκράτης δυοῖν πόνων τὸν ἥττονα ὑπὸ τοῦ μείζονος ἀμαυροῦσθαι, καὶ τῶν ἡδονῶν τὰς σωματικὰς αἱ πρακτικαὶ καὶ φιλότιμοι τῷ χαίροντι τῆς ψυχῆς δι´ ὑπερβολὴν καὶ μέγεθος ἐναφανίζουσι καὶ κατασβεννύουσιν. [17] Doctrine surannée! Les Épicuriens circonscrivent l'étendue de la volupté à celle de messire Gaster duquel ils font un centre, et qu'ils mesurent en quelque sorte au compas. Mais comment une joie éclatante, une joie vraiment royale, qui répande sur tous une grande lumière et un calme véritable, pourrait-elle être le partage de ceux qui ont préféré une vie sans issue, étrangère au gouvernement, à la société, et où rien n'inspire des sentiments d'honneur et de reconnaissance ? L'âme n'est point quelque chose de vil, de méprisable. Elle n'étend pas, comme fait de ses bras un polype, ses désirs sur tout ce qui est bon à manger. Ces sortes d'envies cèdent à la première satiété : ce n'est l'affaire que d'un instant. Mais s'il s'agit des aspirations vers le beau, de l'appréciation et du désir de ce qui est bien, alors, "Loin que l'ambition se borne à l'existence," cette ambition embrasse l'éternité entière dans son amour de la gloire et de l'humanité. Elle n'aspire qu'à des actes, qu'à des jouissances ineffables, auxquelles, même en les évitant, ne peuvent se dérober les gens de bien : car ces jouissances se présentent à eux de tous côtés, elles les entourent, lorsque par leurs bienfaits ils ont rendu heureux une foule de gens. "Il marche dans la ville, et l'on croit voir un Dieu". Oui, quand un mortel a disposé à son égard tous les hommes de telle sorte que sa présence les rende joyeux et fiers, qu'ils désirent toucher ses vêtements, lui adresser la parole, il est évident, même pour un aveugle, que ce mortel possède et savoure en lui de grandes voluptés. Aussi de tels hommes ne se fatiguent et ne se découragent jamais de rendre service, et nous les entendons s'écrier : "Ton père en te créant servit l'humanité", et : "Ne cessons de combler les hommes de bienfaits". Faut-il parler de ceux qui portèrent la bonté aux dernières limites ? Supposez qu'un de ces hommes médiocrement vicieux, comme il y en a tant, fût sur le point de mourir, et que son maître, Dieu ou roi, lui accordât un délai d'une heure en lui disant : «Dispose de cette heure pour faire une bonne action ou pour quelque jouissance sensuelle, et tu mourras aussitôt après" : quelqu'un en un pareil moment aimerait-il mieux réclamer les faveurs d'une Lais ou boire du vin d'Ariusium, que de tuer Archias pour délivrer Thèbes ? Je ne puis me déterminer à le croire. En effet, je considère les gladiateurs : (je parle de ceux qui ne sont pas tout à fait des bêtes sauvages, mais qui appartiennent à la Grèce); quand ils sont sur le point de descendre dans l'arêne, on leur sert à profusion les mets les plus coûteux, mais dans un pareil moment ils éprouvent plus de plaisir à remettre leurs femmes aux mains de leurs amis en les leur recommandant. Ils aiment mieux s'occuper d'affranchir leurs esclaves que satisfaire leur propre ventre. Il y a plus : si les plaisirs du corps procurent quelques grandes jouissances, elles sont également le partage des hommes qui savent remplir d'actions utiles leur existence : "Ils savent, eux aussi, boire et se régaler"; ils se réunissent à table avec leurs amis. Faisant ainsi trêve à leurs combats et à leurs fatigues, comme un Alexandre, un Agésilas, et aussi, vraiment, comme un Phocion et un Epaminondas, ils sont plus heureux que ces efféminés qui veulent être frottés d'huile devant le feu et bercés doucement dans leurs litières. Ce sont là des voluptés qu'ils méprisent, parce que les leurs sont bien plus grandes. Est-il en effet besoin de rappeler qu'Épaminondas ne voulut pas s'asseoir à un festin dont les dépenses excédaient les ressources de l'ami par lequel il était offert? «Je croyais, lui dit-il, que vous faisiez un sacrifice et non pas que vous aviez l'intention d'insulter vos convives.» On pourrait rappeler aussi qu'Alexandre rejeta les services des cuisiniers envoyés par Ada, en faisant dire à la reine qu'il en avait lui-même de bien meilleurs, à savoir, pour son dîner les marches de nuit, et pour son souper la légèreté de ce même dîner. Philoxène ayant écrit à ce prince au sujet de deux jeunes garçons d'une grande beauté qu'il voulait lui faire acheter, peu s'en fallut qu'il ne le destituât de ses fonctions de gouverneur. Et pourtant, qui avait plus qu'Alexandre tous les moyens de se satisfaire? Mais de même que, selon Hippocrate, de deux douleurs la moindre est effacée par la plus grande, de même les voluptés corporelles sont amorties et éteintes par celles que cause une vie utilement et noblement occupée; et la satisfaction qu'elle donne à l'âme est bien autrement vive et excellente.


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Dernière mise à jour : 27/06/2005