HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement selon la doctrine d'Épicure

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] XVI. Ὅτι μὲν οὖν καὶ πρὸς τὰς τοῦ σώματος ἡδονὰς φύσις δεῖται χορηγίας πολυτελοῦς καὶ οὐκ ἔστιν ἐν μάζῃ καὶ φακῇ τὸ ἥδιστον, ἀλλ´ ὄψα καὶ Θάσια καὶ μύρακαὶ πεπτὰ καὶ κροτητὰ τῆς ξουθοπτέρου πελάνῳ μελίσσης ἀφθόνως δεδευμέναζητοῦσιν αἱ τῶν ἀπολαυστικῶν ὀρέξεις, καὶ πρός γε τούτοις εὐπρεπεῖς καὶ νέας γυναῖκας, οἷα Λεόντιον καὶ Βοίδιον καὶ Ἡδεῖα καὶ Νικίδιον ἐνέμοντο περὶ τὸν κῆπον, ἀφῶμεν. ταῖς μέντοι τῆς ψυχῆς χαραῖς ὁμολογουμένως μέγεθος ὑποκεῖσθαι δεῖ πράξεων καὶ κάλλος ἔργων ἀξιολόγων, εἰ μέλλουσι μὴ διάκενοι μηδ´ ἀγεννεῖς καὶ κορασιώδεις ἀλλ´ ἐμβριθεῖς ἔσεσθαι καὶ βέβαιοι καὶ μεγαλοπρεπεῖς. τὸ δὲ περὶ τοῦ πρὸς εὐπαθείας ἐπαίρεσθαι ναυτῶν δίκην ἀφροδίσια ἀγόντων καὶ μέγα φρονεῖν, ’ὅτι νοσῶν νόσον ἀσκίτην τινὰς ἑστιάσεις φίλων συνῆγε καὶ οὐκ ἐφθόνει τῆς προσαγωγῆς τοῦ ὑγροῦ τῷ ὕδρωπι καὶ τῶν ἐσχάτων Νεοκλέους λόγων μεμνημένος ἐτήκετο τῇ μετὰ δακρύων ἰδιοτρόπῳ ἡδονῇ‘, ταῦτ´ οὐδεὶς ἂν ὑγιαινόντων εὐφροσύνας ἀληθεῖς χαρὰς ὀνομάσειεν, ἀλλ´ εἴ τις ἔστι καὶ ψυχῆς Σαρδάνιος γέλως, ἐν τούτοις ἔστι τοῖς παραβιασμοῖς καὶ κλαυσιγέλωσιν. εἰ δ´ οὖν ταῦτα φήσει τις εὐφροσύνας καὶ χαράς, σκόπει τὰς ὑπερβολὰς τῶν ἡδονῶν ἐκείνων· ’ἡμετέραις βουλαῖς Σπάρτη μὲν ἐκείρατο δόξανκαίοὗτός τοι Ῥώμης μέγας, ξένε, πατρίδος ἀστήρκαίδίζω, σε θεὸν μαντεύσομαι ἄνθρωπον.‘ ὅταν δὲ λάβω τὰ Θρασυβούλου καὶ Πελοπίδου πρὸ ὀφθαλμῶν κατορθώματα καὶ τὸν ἐν Πλαταιαῖς Ἀριστείδην τὸν ἐν Μαραθῶνι Μιλτιάδην, ἐνταῦθα κατὰ τὸν Ἡρόδοτονἐξείργομαιγνώμην εἰπεῖν, ὅτι τῷ πρακτικῷ βίῳ τὸ ἡδὺ πλέον τὸ καλὸν ἔστι. μαρτυρεῖ δέ μοι καὶ Ἐπαμεινώνδας εἰπών, ὥς φασιν, ἥδιστον αὐτῷ γενέσθαι τὸ τοὺς τεκόντας ζῶντας ἐπιδεῖν τὸ ἐν Λεύκτροις τρόπαιον αὐτοῦ στρατηγοῦντος. παραβάλωμεν οὖν τῇ Ἐπαμεινώνδου μητρὶ τὴν Ἐπικούρου, χαίρουσαν ὅτι τὸν υἱὸν ἐπεῖδεν εἰς τὸ κηπίδιον ἐνδεδυκότα καὶ κοινῇ μετὰ τοῦ Πολυαίνου παιδοποιούμενον ἐκ τῆς Κυζικηνῆς ἑταίρας. τὴν μὲν γὰρ Μητροδώρου μητέρα καὶ τὴν ἀδελφὴν ὡς ὑπερέχαιρον ἐπὶ τοῖς γάμοις αὐτοῦ {καὶ} ταῖς πρὸς τὸν ἀδελφὸν ἀντιγραφαῖς, ἐκ τῶν βιβλίων δήπου δῆλόν ἐστιν. ’ἀλλ´ ἡδέως τε βεβιωκέναι καὶ βρυάζειν καὶ καθυμνεῖν τὸν ἑαυτῶν βίον ἐκκραυγάζοντες λέγουσι.‘ καὶ γὰρ οἱ θεράποντες ὅταν Κρόνια δειπνῶσιν Διονύσια κατ´ ἀγρὸν ἄγωσι περιιόντες, οὐκ ἂν αὐτῶν τὸν ὀλολυγμὸν ὑπομείναις καὶ τὸν θόρυβον, ὑπὸ χαρμονῆς καὶ ἀπειροκαλίας τοιαῦτα ποιούντων καὶ φθεγγομένωνΤί κάθῃ καὶ πίωμεν· οὐ καὶ σιτία πάρεστιν; δύστηνε, μὴ σαυτῷ φθόνει.’ οἱ δ´ εὐθὺς ἠλάλαξαν, ἐν δ´ ἐκίρνατο οἶνος· φέρων δὲ στέφανον ἀμφέθηκέ τις· ὑμνεῖτο δ´ αἰσχρῶς κλῶνα πρὸς καλὸν δάφνης Φοῖβος οὐ προσῳδά· τήν τ´ ἐναύλιον ὠθῶν τις ἐξέκλαγξε σύγκοιτον φίλην.‘ γὰρ οὐ τούτοις ἔοικε τὰ Μητροδώρου πρὸς τὸν ἀδελφὸν γράφοντος· ’οὐδὲν δεῖ σῴζειν τοὺς Ἕλληνας οὐδ´ ἐπὶ σοφίᾳ στεφάνων παρ´ αὐτῶν τυγχάνειν, ἀλλ´ ἐσθίειν καὶ πίνειν οἶνον, Τιμόκρατες, ἀβλαβῶς τῇ γαστρὶ καὶ κεχαρισμένως.‘ καὶ πάλιν πού φησιν ἐν τοῖς αὐτοῖς γράμμασιν ὡςκαὶ ἐχάρην καὶ ἐθαρσυνάμην, ὅτι ἔμαθον παρ´ Ἐπικούρου ὀρθῶς γαστρὶ χαρίζεσθαι‘· καίπερὶ γαστέρα γάρ, φυσιολόγε Τιμόκρατες, τὸ ἀγαθόν‘. [16] «Il y aurait encore à dire que, même pour les plaisirs du corps, la nature exige de grands frais; que du pain et des lentilles ne constituent pas l'idéal de la sensualité; qu'à ces amateurs des plaisirs matériels il faut des mets exquis, du vin de Thasos, des parfums, "Des gâteaux revêtus d'un beau miel bien doré"; qu'ils veulent, outre cela, de belles et jeunes créatures, semblables aux Léontium, aux Boïdion, aux Hedia, aux Nicédium, qui fréquentaient les jardins d'Épicure. Je veux bien ne pas insister là-dessus. Il est certain, de l'aveu de tout le monde, que les plaisirs de l'âme ont besoin pour exister de faits honorables, d'actions belles et dignes, si ce doivent être non pas des plaisirs vides, ignobles, puérils, mais des jouissances solides, sûres et généreuses. Mais quand Epicure s'élance vers les voluptés sensuelles avec l'avidité de matelots fêtant Vénus, quand il se vante fièrement «d'avoir réuni à sa table, étant affligé d'une hydropisie, des familiers intimes sans marchander sur la quantité de liquide qu'il ajoutait à l'eau qu'il avait dans le ventre ; quand il dit : «qu'au souvenir des dernières paroles de Néoclès son âme se fondait d'une joie toute particulière par les larmes qu'il répandait", ce sont là des satisfactions qu'un homme sensé n'appellera jamais du nom de bonheur et de joie véritable. Ou bien, si l'âme aussi a son rire sardonique, ce rire ne saurait être réservé que pour ces jouissances forcées dans lesquelles il y a autant de larmes que de sourires. Oui : si Épicure appelle cela des bonheurs et des joies véritables, voyez comme ils sont dépassés par les plaisirs que voici : "Grâce à mes conseils, Sparte a perdu sa gloire" ; et encore : "Étranger, ce héros fut le soleil de Rome"; et encore : "J'hésite : Est-ce un mortel, est-ce un Dieu qui me parle"? Pareillement, lorsque je me mets devant les yeux les exploits d'un Thrasybule et d'un Pélopidas, lorsque je vois Aristide à Platée, Miltiade dans les champs de Marathon, alors avec Hérodote je me sens forcé de formuler ce jugement, que dans une vie consacrée à l'action il y a plus de jouissance encore que de gloire. J'en ai pour garants les paroles prêtées à Epaminondas : «Je n'ai jamais eu de joie plus profonde que de voir mon père et ma mère vivre assez longtemps pour assister à mon triomphe après la bataille de Leuctres.» Que l'on mette donc en parallèle avec le bonheur éprouvé par la mère d'Épaminondas, celui qu'Epicure cause à la sienne quand elle voit son fils caché au fond de ses bosquets et occupé, en compagnie de Polyénus, à faire un enfant à une courtisane de Cyzique. Car pour Métrodore, sa mère et sa soeur éprouvèrent une joie excessive à l'occasion de son mariage et de la réponse adressée par lui à son frère, comme on le voit certes clairement d'après ses ouvrages. Ces gens-là crient à tue-tête, «que leur existence est une suite de délices, un vrai printemps, et qu'ils n'ont pas assez de paroles pour en faire l'éloge». Voyez les esclaves quand ils festinent aux Saturnales, ou que, courant les campagnes, ils célèbrent les fêtes de Bacchus. Rien n'est aussi insupportable que leurs hurlements et leur tapage; leurs transports grossiers éclatent par des démonstrations et des chants tels que ceux-ci : "Pourquoi rester assis? Buvons! Ne vois-tu pas Que les mets sont servis : fais honneur au repas, Pauvre hère : à l'instant voilà que tout détonne. Le vin coule à longs flots; un buveur se couronne, Et, s'appuyant au tronc d'un laurier verdoyant, En dépit d'Apollon il commence son chant. Un autre brusquemment force sa propre porte, Et crie à son épouse : "Holà, vite ! qu'on sorte!» Cela ne ressemble-t-il pas à Métrodore écrivant à son frère : «Il n'est nullement besoin de sauver les Grecs, ni d'obtenir d'eux les couronnes qu'ils décernent a la sagesse. Ce qui importe, ô Timocrate, c'est de bien manger, de bien boire, de manière à satisfaire son ventre sans lui causer de dommage»? Puis, dans un autre passage de ce même écrit : «Quelle a été ma joie et ma fierté d'avoir appris d'Epicure à satisfaire mon ventre d'une façon convenable !» Et enfin ailleurs : «C'est dans le ventre, ô Timocrate, mon cher naturaliste, que réside le souverain bien."


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Dernière mise à jour : 27/06/2005