HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Qu'il n'est pas même possible de vivre agréablement selon la doctrine d'Épicure

Chapitre 15

  Chapitre 15

[15] XV. Κἀγὼ πρὸς αὐτόνοὐχ ἡμῖν γε κριταῖςἔφην, ‘ἀλλὰ πάσης ἀφεῖσαι τῆς ἐπηρείας, ὥστε θαρρῶν τὰ λοιπὰ τοῦ λόγου πέραινε.’ ‘πῶς;’ εἶπεν· ‘οὐ γὰρ Ἀριστόδημος ἡμᾶς, εἰ σὺ παντάπασιν ἀπηγόρευκας, διαδέξεται;’ ‘πάνυ μὲν οὖνεἶπεν Ἀριστόδημος, ‘ὅταν ἀποκάμῃς ὥσπερ οὗτος· ἔτι δ´ ἀκμάζων, μακάριε, χρῆσαι σεαυτῷ, καὶ μὴ δοκῇς ἀπομαλθακίζεσθαι.’ ‘καὶ μήν Θέων εἶπεπάνυ ῥᾴδιόν ἐστι τὸ λειπόμενον· λείπεται δὲ τὸ πρακτικὸν ὅσας ἡδονὰς ἔχει διελθεῖν. αὐτοὶ δὲ δήπου λέγουσιν ὡς τὸ εὖ ποιεῖν ἥδιόν ἐστι τοῦ πάσχειν. εὖ δὲ ποιεῖν ἔστι μὲν ἀμέλει καὶ διὰ λόγων, τὸ δὲ πλεῖστον ἐν πράξει καὶ μέγιστον, ὡς τοὔνομα τῆς εὐεργεσίας ὑφηγεῖται καὶ μαρτυροῦσιν αὐτοί. μικρῷ γὰρ ἔμπροσθεν ἠκούομενἔφητούτου λέγοντος, οἵας φωνὰς ἀφῆκεν Ἐπίκουρος, οἷα δὲ γράμματα τοῖς φίλοις ἔπεμψεν, ὑμνῶν καὶ μεγαλύνων Μητρόδωρον, ὡς εὖ τε καὶ νεανικῶς ἐξ ἄστεως ἅλαδε κατέβη Μιθρῇ τῷ Σύρῳ βοηθήσων, καὶ ταῦτα πράξαντος οὐθὲν τότε τοῦ Μητροδώρου. τίνας οὖν οἰόμεθα καὶ πηλίκας ἡδονὰς εἶναι τὰς Πλάτωνος, ὁπηνίκα Δίων ὁρμήσας ἀπ´ αὐτοῦ κατέλυσε Διονύσιον καὶ Σικελίαν ἠλευθέρωσε; τίνας δ´ Ἀριστοτέλους, ὅτε τὴν πατρίδα κειμένην ἐν ἐδάφει πάλιν ἀνέστησε καὶ κατήγαγε τοὺς πολίτας; τίνας δὲ Θεοφράστου καὶ Φαινίου τοὺς τῆς πατρίδος ἐκκοψάντων τυράννους; ἰδίᾳ μὲν γὰρ ὅσοις ἐβοήθησαν ἀνδράσιν, οὐ πυροὺς διαπέμποντες οὐδ´ ἀλφίτων μέδιμνον, ὡς Ἐπίκουρος ἐνίοις ἔπεμψεν, ἀλλὰ φεύγοντας διαπραξάμενοι κατελθεῖν καὶ δεδεμένους λυθῆναι καὶ τέκνα καὶ γυναῖκας ἐστερημένους ἀπολαβεῖν, τί ἂν λέγοι τις ὑμῖν ἀκριβῶς εἰδόσιν; ἀλλὰ τὴν ἀτοπίαν οὐδὲ βουλόμενον ἔστι τοῦ ἀνθρώπου παρελθεῖν, τὰς μὲν Θεμιστοκλέους καὶ Μιλτιάδου πράξεις ὑπὸ πόδας τιθεμένου καὶ κατευτελίζοντος, ὑπὲρ ἑαυτοῦ δὲ ταυτὶ τοῖς φίλοις γράφοντος· ’δαιμονίως τε καὶ μεγαλοπρεπῶς ἐπεμελήθητε ἡμῶν τὰ περὶ τὴν τοῦ σίτου κομιδὴν καὶ οὐρανομήκη σημεῖα ἐνδέδειχθε τῆς πρὸς ἐμὲ εὐνοίας.‘ ὥστ´, εἴ τις ἐξεῖλε τὸ σιτάριον ἐκ τῆς ἐπιστολῆς τοῦ φιλοσόφου, δόξαν ἂν παραστῆσαι τὰ ῥήματα τῆς χάριτος ὡς ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος ὅλης τοῦ δήμου τῶν Ἀθηναίων ἐλευθερωθέντος σωθέντος γραφομένης. [15] — En tout cas, repris-je, ce ne sera pas nous qui aurons prononcé un pareil jugement, et nous vous renvoyons de toute accusation de malveillance. Ainsi, rassurez- vous, et achevez ce qui reste à dire. — "Eh quoi! reprit Théon, est-ce qu'Aristodème ne me remplacera pas, cher Plutarque, si vous renoncez à garder la parole ?" "Je suis tout à vos ordres, dit Aristodème, quand vous vous sentirez à bout de forces, comme notre ami. Mais vous êtes encore vigoureux, Théon : déployez tous vos moyens, et ne souffrez pas qu'on croie que vous mollissez." — "Il est vrai, reprit alors Théon, que le reste de la tâche est facile. Je n'ai plus qu'à démontrer combien la faculté d'agir renferme de jouissances. Or les Epicuriens conviennent eux-mêmes "que faire du bien est plus doux qu'en recevoir". Sans doute par des paroles aussi l'on peut faire du bien, mais ce n'est jamais avec autant d'abondance et d'une manière aussi souveraine que par des actes, comme l'indique le mot seul de bienfaisance, et comme ils en témoignent eux-mêmes. Il y a peu d'instants, nous entendions notre ami rapporter quelles paroles prononcait Epicure, quelles lettres il envoyait à ses amis, pour vanter et glorifier Métrodore. "Métrodore, s'écrie Epicure, a fait preuve de bonté et de noble hardiesse en descendant de la ville au bord de la mer pour secourir le Syrien Mythrus. Et pourtant, Métrodore en cette circonstance ne fit rien. Quel plaisir donc, quel grand plaisir ne devons-nous pas croire qu'ait éprouvé Platon, lorsque Dion, au sortir de ses entretiens avec lui, fit voile vers la Sicile pour renverser Denis et y rétablir la liberté ! Quelle joie inonda le coeur d'Aristote, quand après avoir, vu le sol de sa patrie jonché de ruines, il eut le bonheur de la relever et d'y faire rentrer ses concitoyens ! Combien furent heureux Théophraste et Phidias d'avoir exterminé les tyrans de leur patrie ! Il n'est pas nécessaire d'entrer dans le récit détaillé des services rendus par ces sages, et d'énumérer à combien d'hommes ils portèrent secours : non pas par un envoi de blé ou par un muid de farine comme Epicure fit pour quelques particuliers, mais en obtenant le retour de leurs compatriotes exilés, en brisant les fers des captifs, en rendant à des pères et à des époux leurs enfants et leurs femmes dont ils étaient privés. II n'est pas nécessaire de rappeler ce que vous savez tous parfaitement ; mais ce que je ne pourrais omettre quand bien même je le voudrais, c'est l'impudence, souverainement déplacée, de l'homme qui, mettant sous les pieds et réduisant à rien les exploits des Thémistocle, des Miltiade, écrit sur son propre compte à ses amis : «Honneur à la bonté, à la munificence avec laquelle vous vous êtes occupés de moi par cet envoi de blé ! Vous vous êtes élevés à la hauteur des cieux par les témoignages de bienveillance que vous m'avez prodigués." De telle sorte, que si l'on enlevait de la lettre ce peu de blé, les expressions qu'elle contient présenteraient à l'esprit l'idée d'une reconnaissance motivée par l'affranchissement et le salut de la Grèce entière, ou tout au moins par celui de la république d'Athènes.


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Dernière mise à jour : 27/06/2005