HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De la vertu et du vice

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] Ὡς γὰρ ἀρώματα τρίβωνας εὐώδεις καὶ ῥάκια ποιεῖ, τοῦ δ´ Ἀγχίσου τὸ σῶμα ἰχῶρα πονηρὸν ἐξεδίδου νώτου καταστάζοντα βύσσινον φάρος, οὕτω μετ´ ἀρετῆς καὶ δίαιτα πᾶσα καὶ βίος ἄλυπός ἐστι καὶ ἐπιτερπής, δὲ κακία καὶ τὰ λαμπρὰ φαινόμενα καὶ πολυτελῆ καὶ σεμνὰ μιγνυμένη λυπηρὰ καὶ ναυτιώδη καὶ δυσπρόσδεκτα παρέχει τοῖς κεκτημένοις. οὗτος μακάριος ἐν ἀγορᾷ νομίζεται· ἐπὰν δ´ ἀνοίξῃ τὰς θύρας, τρισάθλιος, γυνὴ κρατεῖ πάντων, ἐπιτάττει, μάχετ´ ἀεί· καίτοι γυναικὸς οὐ χαλεπῶς ἄν τις ἀπαλλαγείη πονηρᾶς ἀνὴρ ὤν, μὴ ἀνδράποδον· πρὸς δὲ τὴν ἑαυτοῦ κακίαν οὐκ ἔστι γραψάμενον ἀπόλειψιν ἤδη πραγμάτων ἀφεῖσθαι καὶ ἀναπαύεσθαι γενόμενον καθ´ αὑτόν, ἀλλ´ ἀεὶ συνοικοῦσα τοῖς σπλάγχνοις καὶ προσπεφυκυῖα νύκτωρ καὶ μεθ´ ἡμέραν εὕει ἄτερ δαλοῖο καὶ ὠμῷ γήραϊ δῶκεν, βαρεῖα συνέκδημος οὖσα δι´ ἀλαζονείαν καὶ πολυτελὴς σύνδειπνος ὑπὸ λιχνείας καὶ σύγκοιτος ὀδυνηρά, φροντίσι καὶ μερίμναις καὶ ζηλοτυπίαις ἐκκόπτουσα τὸν ὕπνον καὶ διαφθείρουσα. καὶ γὰρ καθεύδουσι τοῦ σώματος ὕπνος ἐστὶ καὶ ἀνάπαυσις, τῆς δὲ ψυχῆς πτοῖαι καὶ ὄνειροι καὶ ταραχαὶ διὰ δεισιδαιμονίαν. ὅταν δὲ νυστάζοντά μ´ λύπη λάβῃ, ἀπόλλυμ´ ὑπὸ τῶν ἐνυπνίων φησί τις· οὕτω δὲ καὶ φθόνος καὶ φόβος καὶ θυμὸς καὶ ἀκολασία διατίθησι. μεθ´ ἡμέραν μὲν γὰρ ἔξω βλέπουσα καὶ συσχηματιζομένη πρὸς ἑτέρους κακία δυσωπεῖται καὶ παρακαλύπτει τὰ πάθη, καὶ οὐ παντάπασι ταῖς ὁρμαῖς ἐκδίδωσιν ἑαυτὴν ἀλλ´ ἀντιτείνει καὶ μάχεται πολλάκις· ἐν δὲ τοῖς ὕπνοις ἀποφυγοῦσα δόξας καὶ νόμους καὶ πορρωτάτω γενομένη τοῦ δεδιέναι τε καὶ αἰδεῖσθαι, πᾶσαν ἐπιθυμίαν κινεῖ καὶ ἐπανεγείρει τὸ κακόηθες καὶ ἀκόλαστον. "μητρί τε γὰρ ἐπιχειρεῖ μίγνυσθαι," ὥς φησιν Πλάτων, καὶ βρώσεις ἀθέσμους προσφέρεται καὶ πράξεως οὐδεμιᾶς ἀπέχεται, ἀπολαύουσα τοῦ παρανομεῖν ὡς ἀνυστόν ἐστιν εἰδώλοις καὶ φάσμασιν εἰς οὐδεμίαν ἡδονὴν οὐδὲ τελείωσιν τοῦ ἐπιθυμοῦντος τελευτῶσιν, ἀλλὰ κινεῖν μόνον καὶ διαγριαίνειν τὰ πάθη καὶ τὰ νοσήματα δυναμένοις. [2] De même que les parfums donnent une odeur agréable aux haillons comme aux manteaux, et qu'au contraire du corps d'Anchise sortait un sang vicié, "Qui tachait sur son dos la pourpre au fin tissu" ; de même avec la vertu tout régime, tout genre de vie est exempt de chagrins et devient délicieux. Mais la gloire, l'opulence, les honneurs, quand le vice s'y est mêlé, n'offrent plus à ceux qui les possèdent qu'amertume, dégoût et aversion. "Tel en place publique a plus d'un envieux; Mais pénétrez chez lui : sort trois fois malheureux! Sa femme y fait la loi, le mène, le querelle". Et cependant on se débarrassera sans peine d'une méchante femme si l'on est vraiment un homme et non pas un esclave; mais avec le vice il n'y a pas moyen de s'inscrire en demande de divorce, pour s'arracher aux tourments de cette communauté et pour vivre seul en repos. Le vice habite constamment au fond de nos entrailles, il s'attache à nous, la nuit comme le jour; "Sans tison il nous brûle, et hâte la vieillesse". C'est un fatigant compagnon de voyage à cause de son insolence, un convive coûteux à cause de sa friandise, un insupportable camarade de lit attendu qu'il interrompt et gâte notre repos par les soucis, par les inquiétudes et les tourments de la jalousie. En effet le sommeil que goûte le corps est, du moins, une trêve; mais quant à l'âme, elle est sans cesse en proie aux saisissements, aux songes, aux frayeurs qu'enfante la superstition. "Lorsque je m'assoupis le chagrin fond sur moi, Et des rêves affreux m'assassinent ..." dit un poète. Semblables sont les effets produits par l'envie, la crainte, la colère et l'intempérance. Pendant le jour l'homme vicieux, portant ses regards au dehors et se composant devant les autres, obéit à une sorte de pudeur. Il dissimule ses passions, et, loin de se livrer sans réserve à leur impétuosité, il y résiste et les combat le plus souvent. Mais dans ses rêves, où il échappe à l'opinion publique et aux lois, où il s'affranchit complètement de la crainte et de la honte, dans ses rêves il donne l'essor à toutes ses convoitises, il réveille tout ce qu'il a d'appétits mauvais et désordonnés. Il cherche, comme dit Platon à monter dans le lit de sa mère; il porte à sa bouche des aliments abominables; il ne s'abstient d'aucun acte ; et pour satisfaire autant que possible sa rage d'impiété, il se crée des images, des visions, sur lesquelles il ne peut assouvir pourtant ses faux appétits ni arriver à aucune volupté, et qui ne servent qu'à exciter, qu'à irriter ses passions et ses maladies.


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Dernière mise à jour : 29/09/2005