[6] πρὸς Θαλῆν δ' εἰς Μίλητον ἐλθόντα τὸν Σόλωνα
θαυμάζειν ὅτι γάμου καὶ παιδοποιΐας τὸ παράπαν ἠμέληκε. καὶ
τὸν Θαλῆν τότε μὲν σιωπῆσαι, διαλιπόντα δ' ὀλίγας ἡμέρας
ἄνδρα παρασκευάσαι ξένον, ἀρτίως ἥκειν φάσκοντα δεκαταῖον
ἐξ Ἀθηνῶν. πυθομένου δὲ τοῦ Σόλωνος εἰ δή τι καινὸν ἐν ταῖς
Ἀθήναις, δεδιδαγμένον ἃ χρὴ λέγειν τὸν ἄνθρωπον, “οὐδέν,”
εἰπεῖν, “ἕτερον, εἰ μὴ νὴ Δία νεανίσκου τινὸς ἦν ἐκφορὰ καὶ
προὔπεμπεν ἡ πόλις. (2) ἦν γὰρ υἱός, ὡς ἔφασαν, ἀνδρὸς
ἐνδόξου καὶ πρωτεύοντος ἀρετῇ τῶν πολιτῶν· οὐ παρῆν δέ,
ἀλλ' ἀποδημεῖν ἔφασαν αὐτὸν ἤδη πολὺν χρόνον.” “ὡς
δυστυχὴς ἐκεῖνος,” φάναι τὸν Σόλωνα. “τίνα δὲ ὠνόμαζον
αὐτόν;” “ἤκουσα,” φάναι, “τοὔνομα,” τὸν ἄνθρωπον, “ἀλλ' οὐ
μνημονεύω· πλὴν ὅτι πολὺς λόγος ἦν αὐτοῦ σοφίας καὶ
δικαιοσύνης.” οὕτω δὴ καθ' ἑκάστην ἀπόκρισιν τῷ φόβῳ
προσαγόμενον τὸν Σόλωνα καὶ τέλος ἤδη συντεταραγμένον
αὐτὸν ὑποβάλλειν τοὔνομα τῷ ξένῳ, πυνθανόμενον μὴ
Σόλωνος ὁ τεθνηκὼς υἱὸς ὠνομάζετο. (3) φήσαντος δὲ τοῦ
ἀνθρώπου, τὸν μὲν ὁρμῆσαι παίειν τὴν κεφαλὴν καὶ τἆλλα
ποιεῖν καὶ λέγειν ἃ συμβαίνει τοῖς περιπαθοῦσι, τὸν δὲ Θαλῆν
ἐπιλαβόμενον αὐτοῦ καὶ γελάσαντα, “ταῦτά τοι,” φάναι, “ὦ
Σόλων, ἐμὲ γάμου καὶ παιδοποιΐας ἀφίστησιν, ἃ καὶ σὲ
κατερείπει τὸν ἐρρωμενέστατον. ἀλλὰ θάρρει τῶν λόγων ἕνεκα
τούτων· οὐ γάρ εἰσιν ἀληθεῖς.” ταῦτα μὲν οὖν Ἕρμιππος
ἱστορεῖν φησι Πάταικον, ὃς ἔφασκε τὴν Αἰσώπου ψυχὴν ἔχειν.
| [6] VII. Solon, étant allé à Milet pour voir Thalès, lui témoigna sa surprise de ce qu'il
n'avait jamais voulu se marier et avoir des enfants. Thalès ne lui répondit rien dans le
moment; mais ayant laissé passer quelques jours, il fit paraître un étranger qui disait
arriver d'Athènes, d'où il était parti depuis dix jours. Solon lui demanda s'il n'y avait rien
de nouveau lorsqu'il en était parti. Cet homme, à qui Thalès avait fait la leçon, lui
répondit qu'il n'y avait autre chose que la mort d'un jeune homme dont toute la ville
accompagnait le convoi. C'était, disait-on, le fils d'un des premiers et des plus
vertueux citoyens, qui n'était pas alors à Athènes, et qui voyageait depuis
longtemps. « Le malheureux père ! s'écria Solon, comment s'appelait-il? — Je l'ai
entendu nommer, répondit l'étranger; mais j'ai oublié son nom; je me souviens
seulement qu'on ne parlait que de sa sagesse et de sa justice. » A chacune de ces
réponses, les craintes de Solon augmentaient; enfin, troublé, hors de lui-même, il
suggéra le nom à l'étranger, et lui demanda si ce jeune homme n'était pas le fils de
Solon. « C'est lui-même, » lui répliqua-t-il. A cette parole, Solon, se frappant la tête,
se mit à faire et à dire tout ce que la douleur la plus violente peut inspirer. Alors
Thalès, lui prenant la main, lui dit en souriant : "voilà, Solon, ce qui m'a éloigné de
me marier et d'avoir des enfants; j'ai redouté le coup qui vous accable aujourd'hui,
et contre lequel toute votre fermeté est impuissaute. Mais rassurez-vous; il n'y a rien
de vrai dans tout ce qu'on vient de vous dire. » Hermippus rapporte cette histoire
d'après le récit qu'en fait Patécus, celui qui prétendait avoir hérité de l'âme d'Ésope.
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