[3] τὸ δ' οὖν εὐδάπανον τῷ Σόλωνι καὶ ὑγρὸν πρὸς τὴν
δίαιταν, καὶ τὸ φορτικώτερον ἢ φιλοσοφώτερον ἐν τοῖς
ποιήμασι διαλέγεσθαι περὶ τῶν ἡδονῶν, τὸν ἐμπορικὸν οἴονται
βίον προστετρῖφθαι· πολλοὺς γὰρ ἔχοντα κινδύνους καὶ
μεγάλους ἀνταπαιτεῖν πάλιν εὐπαθείας τινὰς καὶ ἀπολαύσεις.
(2) ὅτι δ' αὑτὸν ἐν τῇ τῶν πενήτων μερίδι μᾶλλον ἢ τῇ τῶν
πλουσίων ἔταττε, δῆλόν ἐστιν ἐκ τούτων·
πολλοὶ γὰρ πλουτεῦσι κακοί, ἀγαθοὶ δὲ πένονται·
ἀλλ' ἡμεῖς αὐτοῖς οὐ διαμειψόμεθα
τῆς ἀρετῆς τὸν πλοῦτον· ἐπεὶ τὸ μὲν ἔμπεδον αἰεί,
χρήματα δ' ἀνθρώπων ἄλλοτε ἄλλος ἔχει.
(3) τῇ δὲ ποιήσει κατ' ἀρχὰς μὲν εἰς οὐδὲν ἄξιον σπουδῆς, ἀλλὰ
παίζων ἔοικε προσχρήσασθαι καὶ παράγων ἑαυτὸν ἐν τῷ
σχολάζειν· ὕστερον δὲ καὶ γνώμας ἐνέτεινε φιλοσόφους καὶ
τῶν πολιτικῶν πολλὰ συγκατέπλεκε τοῖς ποιήμασιν, οὐχ
ἱστορίας ἕνεκεν καὶ μνήμης, ἀλλ' ἀπολογισμούς τε τῶν
πεπραγμένων ἔχοντα καὶ προτροπὰς ἐνιαχοῦ καὶ νουθεσίας
καὶ ἐπιπλήξεις πρὸς τοὺς Ἀθηναίους. (4) ἔνιοι δέ φασιν ὅτι καὶ
τοὺς νόμους ἐπεχείρησεν ἐντείνας εἰς ἔπος ἐξενεγκεῖν, καὶ
διαμνημονεύουσι τὴν ἀρχὴν οὕτως ἔχουσαν·
πρῶτα μὲν εὐχώμεσθα Διὶ Κρονίδῃ βασιλῆι
θεσμοῖς τοῖσδε τύχην ἀγαθὴν καὶ κῦδος ὀπάσσαι.
φιλοσοφίας δὲ τοῦ ἠθικοῦ μάλιστα τὸ πολιτικόν, ὥσπερ οἱ
πλεῖστοι τῶν σοφῶν, ἠγάπησεν. ἐν δὲ τοῖς φυσικοῖς ἁπλοῦς
ἐστι λίαν καὶ ἀρχαῖος, ὡς δῆλον ἐκ τούτων·
(5) ἐκ νεφέλης πέλεται χιόνος μένος ἠδὲ χαλάζης·
βροντὴ δ' ἐκ λαμπρᾶς γίνεται ἀστεροπῆς.
ἐξ ἀνέμων δὲ θάλασσα ταράσσεται· ἢν δέ τις αὐτὴν
μὴ κινῇ, πάντων ἐστὶ δικαιοτάτη.
καὶ ὅλως ἔοικεν ἡ Θάλεω μόνου σοφία τότε περαιτέρω τῆς
χρείας ἐξικέσθαι τῇ θεωρίᾳ· τοῖς δὲ ἄλλοις ἀπὸ τῆς πολιτικῆς
ἀρετῆς τοὔνομα τῆς σοφίας ὑπῆρξε.
| [3] On croit donc que la grande dépense que faisait Solon, sa vie délicate et sensuelle,
la licence de ses poésies, où il parle des voluptés d'une manière si peu digne d'un sage,
furent la suite de son négoce. Comme cette profession expose à de grands dangers, elle
invite aussi à s'en dédommager par les plaisirs et la bonne chère. Cependant on voit,
dans ses vers, qu'il se mettait lui-même plutôt au nombre des pauvres que des
riches. "Le crime trop souvent fleurit dans l'opulence, Et l'on voit l'honnête homme en
proie à l'indigence. Mais nous, de la vertu sages adorateurs, Pourrions-nous de
Plutus envier les faveurs? La fortune souvent détruit son propre ouvrage. La vertu
chaque jour s'affermit davantage". IV. Il ne s'appliqua d'abord à la poésie que par
amusement et pour charmer son loisir, sans jamais traiter des sujets sérieux. Dans la
suite, il mit en vers des maximes philosophiques, et fit entrer dans ses poèmes
plusieurs choses relatives à son administration politique, non pour en faire l'histoire
et en conserver le souvenir, mais pour servir à l'apologie de sa conduite. Il y mêlait
aussi des exhortations, des avis aux Athéniens, et quelquefois même de vives
censures contre eux. On dit encore qu'il avait entrepris de mettre ses lois en vers, et
on en cite le commencement : "Puissent, par la faveur du souverain des dieux, Ces
lois jouir longtemps d'un succès glorieux"! A l'exemple des sages de son temps, il
cultiva principalement cette partie de la morale qui traite de la politique. Il
n'avait en physique que des connaissances très superficielles, et en était aux
premiers éléments de cette science, comme on le voit par ces vers : "La neige
fécondante et la grêle homicide S'engendrent dans la nue, et la foudre rapide Nait
du sein de l'éclair : les vents impétueux Soulèvent seuls des mers les flots
tumultueux; S'ils n'étaient le jouet de leur souffle terrible, La mer des éléments serait
le plus paisible". En général, Thalès fut, de tous les sages, le seul qui porta au delà des
choses d'usage la théorie des sciences ; tous les autres ne durent qu'à leurs
connaissances politiques leur réputation de sagesse.
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