[28] ἐκκλησίας δὲ πανδήμου Συρακουσίων καὶ τῶν
συμμάχων γενομένης, Εὐρυκλῆς ὁ δημαγωγὸς ἔγραψε πρῶτον
μὲν τὴν ἡμέραν ἐν ᾗ τὸν Νικίαν ἔλαβον, ἱερὰν ἔχειν, θύοντας
καὶ σχολάζοντας ἔργων, Ἀσιναρίαν τὴν ἑορτὴν ἀπὸ τοῦ
ποταμοῦ καλοῦντας· ἡμέρα δ' ἦν τετρὰς φθίνοντος τοῦ
Καρνείου μηνός, ὃν Ἀθηναῖοι Μεταγειτνιῶνα προσαγορεύουσι·
(2) τῶν δ' Ἀθηναίων τοὺς μὲν οἰκέτας ἀποδόσθαι καὶ τοὺς
ἄλλους συμμάχους, αὐτοὺς δὲ καὶ τοὺς ἀπὸ Σικελίας φρουρεῖν
ἐμβαλόντας εἰς τὰς λατομίας, πλὴν τῶν στρατηγῶν, ἐκείνους
δὲ ἀποκτεῖναι. ταῦτα προσδεχομένων τῶν Συρακουσίων,
Ἑρμοκράτης μὲν εἰπὼν ὅτι τοῦ νικᾶν κρεῖττόν ἐστι τὸ καλῶς
χρῆσθαι τῇ νίκῃ, οὐ μετρίως ἐθορυβήθη, Γύλιππον δὲ τοὺς
στρατηγοὺς τῶν Ἀθηναίων ἐξαιτούμενον ζῶντας ἀγαγεῖν
Λακεδαιμονίοις ὑβρίζοντες· ἤδη τοῖς εὐτυχήμασιν οἱ
Συρακούσιοι κακῶς ἔλεγον, (3) ἄλλως τε καὶ παρὰ τὸν πόλεμον
αὐτοῦ τὴν τραχύτητα καὶ τὸ Λακωνικὸν τῆς ἐπιστασίας οὐ
ῥᾳδίως ἐνηνοχότες, ὡς δὲ Τίμαιός φησι, καὶ μικρολογίαν τινὰ
καὶ πλεονεξίαν κατεγνωκότες, ἀρρώστημα πατρῷον, ἐφ' ᾧ καὶ
Κλεανδρίδης ὁ πατὴρ αὐτοῦ δώρων ἁλοὺς ἔφυγε, καὶ οὗτος
αὐτός, ἀπὸ τῶν χιλίων ταλάντων ἃ Λύσανδρος ἔπεμψεν εἰς
Σπάρτην ὑφελόμενος τριάκοντα καὶ κρύψας ὑπὸ τὸν ὄροφον
τῆς οἰκίας, εἶτα μηνυθείς, αἴσχιστα πάντων ἐξέπεσεν. ἀλλὰ
ταῦτα μὲν ἐν τῷ Λυσάνδρου βίῳ μᾶλλον διηκρίβωται. (4)
Δημοσθένην δὲ καὶ Νικίαν ἀποθανεῖν Τίμαιος οὔ φησιν ὑπὸ
Συρακουσίων κελευσθέντας, ὡς Φίλιστος ἔγραψε καὶ
Θουκυδίδης, ἀλλ' Ἑρμοκράτους πέμψαντος, ἔτι τῆς ἐκκλησίας
συνεστώσης, καὶ δι' ἑνὸς τῶν φυλάκων παρέντων αὐτοὺς δι'
αὑτῶν ἀποθανεῖν· τὰ μέντοι σώματα πρὸς ταῖς πύλαις
ἐκβληθέντα κεῖσθαι φανερὰ τοῖς δεομένοις τοῦ θεάματος. (5)
πυνθάνομαι δὲ μέχρι νῦν ἐν Συρακούσαις ἀσπίδα κειμένην
πρὸς ἱερῷ δείκνυσθαι, Νικίου μὲν λεγομένην, χρυσοῦ δὲ καὶ
πορφύρας εὖ πως πρὸς ἄλληλα μεμιγμένων δι' ὑφῆς
συγκεκροτημένην.
| [28] XXXIX. Ils furent à peine entrés dans la ville, qu'on convoqua une assemblée générale
des Syracusains et de leurs alliés, dans laquelle l'orateur Euryclès proposa le décret
suivant : « Le jour où Nicias a été fait prisonnier sera consacré à jamais par des
sacrifices, et par la suspension de tout travail public : cette fète sera appelée Asinaria,
du nom du fleuve que les Syracusains ont illustré par leur'victoire (c'était le 26 du
mois Carnéen, que les Athéniens appellent Métagitnion) ; les valets, des Athéniens
et tous leurs alliés seront vendus à l'encan : les Athéniens, de condition libre, et les
Siciliens qui ont embrassé leur parti, seront jetés dans les Carrières, excepté les
généraux, qu'on fera mourir tout de suite. » Les Syracusains confirmèrent ce décret;
et leur général Hermocrate ayant voulu représenter que la modération dans la
victoire était plus glorieuse que la victoire même, il s'excita contre lui un
soulèvement général. Gylippe ayant demandé les deux généraux athéniens, pour les
mener à Lacédémone, les Syracusains enivrés de leurs succès, dégoûtés d'ailleurs de
Gylippe, dont pendant la guerre ils n'avaient supporté qu'avec peine la sévérité, et la
manière spartiate de commander, le traitèrent avec le dernier mépris et l'accablèrent
d'injures. Ils lui reprochèrent aussi, selon l'historien Timée, son avarice et ses
concussions, vices qui étaient en lui héréditaires ; car son père Cléandrides avait été
banni de Sparte, parce qu'il fut convaincu de s'être laissé corrompre; et Gylippe
lui-même ayant soustrait trente talents des mille que Lysandre envoyait à Sparte, les
cacha sous le toit de sa maison; ayant été découvert, il s'enfuit honteusement, et se
condamna lui-même à l'exil. J'ai raconté ce fait avec plus de détail dans la vie de
Lysandre. Timée ne dit pas, comme Philistus et Thucydide, que Démosthène et
Nicias aient été lapidés par les Syracusains ; il prétend au contraire que, pendant
que le peuple était encore assemblé, Hermocrate envoya aux deux généraux un
homme affidé, que les gardes laissèrent entrer, pour les informer de ce qui se passait,
et qu'aussitôt ils se donnèrent eux-mêmes la mort. Leurs corps, jetés à la porte de la
prison, restèrent longtemps exposés à la vue de ceux qui voulurent se repaître de ce
spectacle. J'ai entendu dire qu'encore aujourd'hui, dans un des temples de Syracuse,
on montre un bouclier qu'on dit être celui de Nicias; il est couvert, par-dessus, d'or et
de pourpre tissus ensemble avec beaucoup d'art.
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