HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Nicias

Chapitre 29

  Chapitre 29

[29] τῶν δ' Ἀθηναίων οἱ μὲν πλεῖστοι διεφθάρησαν ἐν ταῖς λατομίαις ὑπὸ νόσου καὶ διαίτης πονηρᾶς, εἰς ἡμέραν ἑκάστην κοτύλας δύο κριθῶν λαμβάνοντες καὶ μίαν ὕδατος, οὐκ ὀλίγοι δ' ἐπράθησαν διακλαπέντες καὶ διαλαθόντες ὡς οἰκέται. καὶ τούτους ὡς οἰκέτας ἐπώλουν, στίζοντες ἵππον εἰς τὸ μέτωπον· ἀλλ' ἦσαν οἱ καὶ τοῦτο πρὸς τῷ δουλεύειν ὑπομένοντες. (2) ἐβοήθει δὲ καὶ τούτοις τ' αἰδὼς καὶ τὸ κόσμιον· γὰρ ἠλευθεροῦντο ταχέως τιμώμενοι παρέμενον τοῖς κεκτημένοις. ἔνιοι δὲ καὶ δι' Εὐριπίδην ἐσώθησαν. μάλιστα γάρ, ὡς ἔοικε, τῶν ἐκτὸς Ἑλλήνων ἐπόθησαν αὐτοῦ τὴν μοῦσαν οἱ περὶ Σικελίαν· καὶ μικρὰ τῶν ἀφικνουμένων ἑκάστοτε δείγματα καὶ γεύματα κομιζόντων ἐκμανθάνοντες ἀγαπητῶς μετεδίδοσαν ἀλλήλοις. (3) τότε γοῦν φασι τῶν σωθέντων οἴκαδε συχνοὺς ἀσπάσασθαι τὸν Εὐριπίδην φιλοφρόνως, καὶ διηγεῖσθαι τοὺς μέν, ὅτι δουλεύοντες ἀφείθησαν ἐκδιδάξαντες ὅσα τῶν ἐκείνου ποιημάτων ἐμέμνηντο, τοὺς δ', ὅτι πλανώμενοι μετὰ τὴν μάχην τροφῆς καὶ ὕδατος μετέλαβον τῶν μελῶν ᾄσαντες. οὐ δεῖ δὴ θαυμάζειν ὅτι τοὺς Καυνίους φασὶ πλοίου προσφερομένου τοῖς λιμέσιν ὑπὸ λῃστρίδων διωκομένου μὴ δέχεσθαι τὸ πρῶτον, ἀλλ' ἀπείργειν, εἶτα μέντοι διαπυνθανομένους εἰ γινώσκουσιν ᾄσματα τῶν Εὐριπίδου, φησάντων ἐκείνων, οὕτω παρεῖναι καὶ καταγαγεῖν τὸ πλοῖον. [29] XL. La plupart des autres prisonniers moururent dans les Carrières, ou de maladie, ou des suites de leur mauvaise nourriture ; ils ne recevaient chacun, par jour, que deux cotyles d'orge, et une cotyle d'eau. Plusieurs de ceux que les soldats avaient dérobés, ou qu'ils avaient fait passer pour des valets, furent vendus comme esclaves, après avoir été marqués, au front, d'un cheval. Le nombre de ceux qui, outre l'esclavage, subirent cette flétrissure, fut assez considérable : mais leur modestie et leur bonne conduite leur furent très utiles ; ou ils obtinrent bientôt leur liberté, ou ils restèrent auprès de leurs maîtres, qui les traitèrent avec beaucoup d'humanité. Quelques-uns durent leur salut à Euripide; car, de tous les Grecs qui habitent l'intérieur de la Grèce, il n'en est point qui aiment, autant que les Siciliens, les ouvrages de ce poète ; et quand les étrangers qui abordaient dans leur île leur en apportaient des fragments, et leur en faisaient pour ainsi aire goûter quelques essais, ils les apprenaient par coeur, et se les communiquaient les uns aux autres. Aussi dit-on que dans cette occasion plusieurs de ceux qui retournèrent dans leur patrie allèrent voir Euripide, et le remercièrent avec beaucoup d'affection, les uns, parce qu'ils avaient été mis en liberté, pour avoir appris à leurs maîtres ce qu'ils avaient retenu de ses pièces; les autres, parce que errant dans la campagne, après le combat, ils recevaient de la nourriture de ceux à qui ils chantaient ses vers. Il ne faut pas s'en étonner, après ce qu'on raconte d'un vaisseau de la ville de Caunus, qui, poursuivi par des corsaires, s'était réfugié dans un port de Sicile : les habitants refusèrent d'abord de le recevoir, et voulurent le chasser; mais ensuite, ayant demandé aux passagers s'ils savaient des vers d'Euripide, sur leur réponse affirmative, ils laissèrent entrer le vaisseau.


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Dernière mise à jour : 20/09/2007