HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Nicias

Chapitre 26

  Chapitre 26

[26] ὡρμημένων δ' αὐτῶν ἀπαίρειν διὰ νυκτὸς οἱ μὲν περὶ τὸν Γύλιππον, ὁρῶντες ἐν θυσίαις καὶ πότοις τοὺς Συρακουσίους διά τε τὴν νίκην καὶ τὴν ἑορτὴν ὄντας, οὔτε πείσειν οὔτε βιάσεσθαι προσεδόκων ἀναστάντας ἤδη προσφέρεσθαι τοῖς πολεμίοις ἀπιοῦσιν, Ἑρμοκράτης δ' αὐτὸς ἀφ' ἑαυτοῦ συνθεὶς ἐπὶ τὸν Νικίαν ἀπάτην, ἔπεμψέ τινας τῶν ἑταίρων πρὸς αὐτόν, (2) ἀπ' ἐκείνων μὲν ἥκειν τῶν ἀνδρῶν φάσκοντας, οἳ καὶ πρότερον εἰώθεσαν κρύφα τῷ Νικίᾳ διαλέγεσθαι, παραινοῦντας δὲ μὴ πορεύεσθαι διὰ τῆς νυκτός, ὡς τῶν Συρακουσίων ἐνέδρας πεποιημένων αὐτοῖς καὶ προκατεχόντων τὰς παρόδους. τούτῳ δὲ καταστρατηγηθεὶς Νικίας ὑπέμενεν ψευδῶς ἔδεισεν ὑπὸ τῶν πολεμίων ἀληθῶς παθεῖν. (3) προελθόντες γὰρ ἅμ' ἡμέρα τὰς δυσχωρίας τῶν ὁδῶν κατέλαβον καὶ τὰς διαβάσεις τῶν ποταμῶν ἀπετείχισαν τάς τε γεφύρας ἀπέκοψαν, ἐν δὲ τοῖς ὁμαλοῖς καὶ πεδινοῖς τοὺς ἱππεῖς ἔταξαν, ὥστε μηδένα λελεῖφθαι τοῖς Ἀθηναίοις τόπον ἀμαχεὶ προελθεῖν. οἱ δὲ καὶ τὴν ἡμέραν ἐκείνην καὶ τὴν νύκτα τὴν ἑτέραν ἐπιμείναντες ἐπορεύοντο κλαυθμῷ καὶ ὀλοφυρμῷ, καθάπερ ἐκ πατρίδος, οὐ πολεμίας, ἀνιστάμενοι, διὰ τὰς ἀπορίας τῶν ἀναγκαίων καὶ τὰς ἀπολείψεις τῶν ἀδυνάτων φίλων καὶ συνήθων, ὅμως τὰ παρόντα κακὰ κουφότερα τῶν προσδοκωμένων νομίζοντες εἶναι. (4) πολλῶν δὲ δεινῶν ἐν τῷ στρατοπέδῳ φαινομένων, οὐδὲν ἦν οἰκτρότερον αὐτοῦ Νικίου θέαμα, κεκακωμένου μὲν ὑπὸ τῆς ἀσθενείας, συνεσταλμένου δὲ παρ' ἀξίαν εἰς ἀναγκαίαν δίαιταν καὶ τὰ μικρότατα τῶν ἐφοδίων εἰς τὸ σῶμα πολλῶν διὰ τὴν νόσον δεόμενον, πράττοντος δὲ μετ' ἀρρωστίας καὶ καρτεροῦντος πολλοὶ τῶν ἐρρωμένων μόλις ὑπέμενον, καταφανοῦς δὲ πᾶσιν ὄντος οὐ δι' αὑτὸν οὐδὲ τῷ φιλοψυχεῖν τοῖς πόνοις ἐμμένοντος, ἀλλὰ δι' ἐκείνους τὴν ἐλπίδα μὴ προϊεμένου. (5) καὶ γὰρ εἰς δάκρυα καὶ ὀδυρμοὺς τῶν ἄλλων ὑπὸ φόβου καὶ λύπης τρεπομένων, ἐκεῖνος, εἴ ποτε βιασθείη τοῦτο ποιῆσαι, δῆλος ἦν τὸ αἰσχρὸν καὶ τὸ ἀκλεὲς τῆς στρατείας ἀναλογιζόμενος πρὸς τὸ μέγεθος καὶ τὴν δόξαν ὧν ἤλπιζε κατορθώσειν. οὐ μόνον δ' αὐτοῦ τὴν ὄψιν ὁρῶντες, (6) ἀλλὰ καὶ τῶν λόγων μνημονεύοντες καὶ τῶν παραινέσεων ἃς ἐποιήσατο κωλύων τὸν ἔκπλουν, ἔτι μᾶλλον ἐνόμιζον ἀναξίως ταλαιπωρεῖν· καὶ πρὸς τὰς ἐκ θεῶν ἐλπίδας ἀθύμως εἶχον, ἐννοοῦντες ὡς ἀνὴρ θεοφιλὴς καὶ πολλὰ καὶ μεγάλα λαμπρυνάμενος πρὸς τὸ θεῖον οὐδενὸς ἐπιεικεστέρᾳ τύχῃ χρῆται τῶν κακίστων ἐν τῷ στρατεύματι καὶ ταπεινοτάτων. [26] Comme ils se disposaient à partir pendant la nuit, Gylippe, qui vit les Syracusains uniquement occupés de sacrifices et de banquets pour célébrer à la fois leur victoire et la fête d'Hercule, sentit bien que ni la persuasion, ni la force, ne pourraient les déterminer à poursuivre les ennemis dans leur retraite. Mais Hermocrate imagina une ruse pour arrêter Nicias; il lui envoya quelques-uns de ses compagnons, qui, feignant de venir de la part de ces mêmes personnes qui avaient eu jusqu'alors avec lui des intelligences secrètes, l'avertirent, comme de leur part, de ne pas décamper cette nuit-là, parce que les Syracusains avaient placé partout des embuscades, et occupaient tous les passages. Nicias, trompé par cet artifice, resta dans son camp, et tomba réellement dans le piège que ces avis lui faisaient craindre. Dès le lendemain, au point du jour, les Syracusains se saisirent des passages les plus difficiles, postèrent des gardes aux gués des rivières, disposèrent des corps de cavalerie dans la plaine, et ne laissèrent pas un seul lieu où les Athéniens pussent passer sans être obligés de combattre. Nicias attendit tout ce jour-là, et la nuit suivante il se mit en marche : la disette où étaient ses soldats des choses les plus indispensables, la nécessité où ils se trouvaient d'abandonner leurs parents et leurs amis malades, leur arrachaient des cris de douleur et des gémissements, comme s'ils eussent quitté, non une terre ennemie, mais leur propre patrie; et cependant leurs maux présents leur paraissaient légers, au prix de ceux qu'ils attendaient. XXXVII. Mais de tous les objets affligeants que le camp des Athéniens offrait de toutes parts, il n'en était pas de plus digne de pitié que Nicias lui-même : accablé par la maladie, indignement réduit à la privation des choses les plus nécessaires, quand sa maladie et sa faiblesse auraient exigé les plus grands ménagements, il supportait cet état de souffrance avec un courage dont les hommes les plus forts auraient à peine été capables. On voyait que ce n'était pas pour lui-même, ni par amour de la vie, qu'il soutenait de si grands maux, et que l'intérêt de ses troupes l'empêchait seul de perdre toute espérance. Dans la frayeur et la désolation générale de ses soldats, si quelquefois il lui échappait des larmes, il faisait assez connaître qu'il ne les donnait qu'au sentiment de l'humiliation et de la honte que lui attirait cette funeste expédition, dont il s'était promis tant de grandeur et tant de gloire. Non seulement la vue de son déplorable état, mais encore le souvenir des discours qu'il avait tenus, des représentations qu'il avait faites pour empêcher cette guerre, prouvait assez à ses troupes qu'il n'avait pas mérité ses malheurs; elles désespéraient même du secours des dieux, lorsqu'elles voyaient un homme qui toujours avait témoigné le plus grand respect pour la Divinité, et s'était montré si magnifique dans les honneurs qu'il lui rendait, réduit à la même infortune que les hommes les plus méchants et les plus méprisables de son armée.


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Dernière mise à jour : 20/09/2007