[22] ὁ μὲν οὖν Νικίας πληγεὶς οὐκ ἀπροσδοκήτως ᾐτιᾶτο τοῦ
Δημοσθένους τὴν προπέτειαν· ἐκεῖνος δὲ περὶ τούτων
ἀπολογησάμενος ἐκέλευσεν ἀποπλεῖν τὴν ταχίστην· οὔτε γὰρ
ἄλλην ἀφίξεσθαι δύναμιν αὐτοῖς, οὔτ' ἀπὸ τῆς παρούσης τῶν
πολεμίων κρατεῖν, (2) ὅπου γε καὶ κρατοῦντας ἐκείνων ἔδει
μεταστῆναι καὶ φυγεῖν τὸ χωρίον, ἀεὶ μέν, ὡς πυνθάνονται,
βαρὺ καὶ νοσῶδες ὂν στρατοπέδῳ, νῦν δ', ὡς βλέπουσι, καὶ διὰ
τὴν ὥραν ὀλέθριον. μετοπώρου γὰρ ἦν ἡ ἀρχή· καὶ πολλοὶ μὲν
ἠσθένουν ἤδη, πάντες δὲ ἠθύμουν. ὁ δὲ Νικίας χαλεπῶς ἤκουε
τὴν φυγὴν καὶ τὸν ἀπόπλουν, οὐ τῷ μὴ δεδιέναι τοὺς
Συρακουσίους, ἀλλὰ τῷ μᾶλλον τοὺς Ἀθηναίους καὶ τὰς
ἐκείνων δίκας καὶ συκοφαντίας φοβεῖσθαι. (3) δεινὸν μὲν οὖν
οὐδὲν αὐτόθι προσδοκᾶν ἔφασκεν, εἰ δὲ συμβαίη, μᾶλλον
αἱρεῖσθαι τὸν ὑπὸ τῶν πολεμίων θάνατον ἢ τὸν ὑπὸ τῶν
πολιτῶν, οὐχ ὅμοια φρονῶν οἷς ὕστερον ὁ Βυζάντιος Λέων εἶπε
πρὸς τοὺς ἑαυτοῦ πολίτας· “βούλομαι γὰρ,” ἔφη, “μᾶλλον ὑφ'
ὑμῶν ἢ μεθ' ὑμῶν ἀποθανεῖν”. περὶ μέντοι τόπου καὶ χώρας εἰς
ἣν μετατάξουσι τὸ στρατόπεδον, βουλεύσεσθαι καθ' ἡσυχίαν.
(4) ταῦτα δ' αὐτοῦ λέγοντος ὁ μὲν Δημοσθένης οὐδὲ τῇ προτέρᾳ
γνώμῃ κατευτυχήσας ἐπαύσατο βιαζόμενος, τοῖς δ' ἄλλοις
παρέσχε τὸν Νικίαν προσδοκῶντα καὶ πιστεύοντα τοῖς ἔνδον
οὕτως ἐρρωμένως ἀναμάχεσθαι περὶ τῆς ἀποβάσεως· διὸ καὶ
συνεχώρησαν. ὡς μέντοι στρατιὰ Συρακουσίοις ἐπῆλθεν ἄλλη
καὶ μᾶλλον ἥπτετο τῶν Ἀθηναίων ἡ νόσος, ἤδη καὶ τῷ Νικίᾳ
συνεδόκει μεθίστασθαι, καὶ παρήγγειλε τοῖς στρατιώταις
εὐτρεπεῖς εἶναι πρὸς ἀπόπλουν.
| [22] XXXII. Nicias, qui s'était attendu à cette défaite, reprochait à Démosthène
sa témérité; celui-ci, après avoir cherché à justifier sa conduite, proposa
de s'embarquer en toute diligence, parce qu'ils ne devaient plus attendre de nouvelle
armée, et qu'il était impossible, avec celle qui leur restait, de vaincre les ennemis; que
quand même ils le pourraient, il faudrait toujours s'éloigner, et fuir un pays connu
pour être toujours malsain et dangereux à une armée, mais que la saison rendait
mortel : l'automne venait de commencer, et tous les soldats étaient ou malades, ou
découragés. Nicias ne pouvait, sans une peine extrême, entendre parler de fuite et
d'embarquement, non qu'il ne craignît les Syracusains; mais il redoutait encore
davantage les accusations et les calomnies des Athéniens. Il ne voyait pas de danger
à rester dans le camp; mais y eût-il eu un péril réel, il aimait mieux encore, disait-il,
mourir de la main des ennemis que de celle de ses concitoyens : bien différent en cela
de Léon de Byzance, qui, longtemps après, disait aux Byzantins : « J'aime mieux
mourir par vous qu'avec vous. » Nicias ajouta que s'il fallait transporter ailleurs le
camp, on délibérerait à loisir sur le lieu où il conviendrait de le placer. Démosthène,
qui n'avait pas été heureux dans son premier avis, n'osa résister aux remontrances oe
Nicias, et cessa de le presser. Les autres généraux, de leur côté, persuadés que Nicias
ne s'opposait si fortement à la retraite que parce qu'il avait dans la ville des
intelligences dont il était sûr, se rangèrent à son avis. Mais quand on sut que les
Syracusains avaient reçu de nouveaux renforts, qu'on vit la maladie faire chaque jour
de plus grands ravages parmi les Athéniens, alors Nicias changea de sentiment, et fit
donner l'ordre aux soldats de se tenir prêts pour l'embarquement.
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