[18] ταῖς μὲν οὖν πλείσταις πράξεσι βιαζόμενος τὸ σῶμα
παρῆν ὁ Νικίας· ἀκμὴν δέ ποτε τῆς ἀρρωστίας λαβούσης ὁ μὲν
ἐν τείχεσι μετ' ὀλίγων ὑπηρετῶν κατέκειτο, τὴν δὲ στρατιὰν
ἔχων ὁ Λάμαχος προσεμάχετο τοῖς Συρακουσίοις ἐκ τῆς
πόλεως τεῖχος ἀνάγουσι πρὸς τὸ τῶν Ἀθηναίων, ὃ κωλύσειν
ἔμελλε διὰ μέσου τὸν ἀποτειχισμόν. (2) τῷ δὲ κρατεῖν τῶν
Ἀθηναίων ἀτακτότερον φερομένων πρὸς τὰς διώξεις,
ἀπομονωθεὶς ὁ Λάμαχος ὑπέστη τῶν Συρακουσίων τοὺς ἱππεῖς
ἐπιφερομένους. ἦν δὲ πρῶτος αὐτῶν Καλλικράτης, ἀνὴρ
πολεμικὸς καὶ θυμοειδής. πρὸς τοῦτον ἐκ προκλήσεως
καταστὰς ὁ Λάμαχος ἐμονομάχησε, καὶ λαβὼν πληγὴν
πρότερος, εἶτα δοὺς καὶ πεσὼν ὁμοῦ συναπέθανε τῷ
Καλλικράτει. (3) καὶ τὸ μὲν σῶμα κρατήσαντες αὐτοῦ μετὰ τῶν
ὅπλων ἐξῆραν οἱ Συρακούσιοι, δρόμῳ δ' ἐφέροντο πρὸς τὰ τείχη
τῶν Ἀθηναίων, ἐν οἷς ὁ Νικίας ἦν οὐκ ἔχων τοὺς βοηθοῦντας.
ὅμως δ' ὑπὸ τῆς ἀνάγκης ἐξαναστὰς καὶ κατιδὼν τὸν κίνδυνον
ἐκέλευσε τοὺς καθ' ἑαυτόν, ὅσα ξύλα πρὸ τῶν τειχῶν
ἐτύγχανεν εἰς μηχανὰς παραβεβλημένα, καὶ τὰς μηχανὰς
αὐτὰς πῦρ κομίσαντας ἅψαι. τοῦτο τοὺς Συρακουσίους ἐπέσχε
καὶ τὸν Νικίαν ἔσωσε καὶ τὰ τείχη καὶ τὰ χρήματα τῶν
Ἀθηναίων· φλόγα γὰρ ἀρθεῖσαν διὰ μέσου πολλὴν ἰδόντες
ἀπετράπησαν οἱ Συρακούσιοι.
(4) τούτων δὲ πραχθέντων ἀπολέλειπτο μὲν ὁ Νικίας μόνος
τῶν στρατηγῶν, ἦν δ' ἐλπίδος μεγάλης. καὶ γὰρ πόλεις
μεθίσταντο καὶ πλοῖα μεστὰ σίτου πολλαχόθεν ἦλθεν εἰς τὸ
στρατόπεδον, τοῖς πράγμασιν εὖ φερομένοις πάντων
προστιθεμένων. καὶ λόγοι τινὲς ἤδη παρὰ τῶν Συρακουσίων
ἐγίνοντο περὶ συμβάσεως πρὸς αὐτόν, ἀπεγνωκότων τὴν πόλιν.
(5) ὅπου καὶ Γύλιππος ἐκ Λακεδαίμονος πλέων βοηθὸς αὐτοῖς,
ὡς ἤκουσε κατὰ πλοῦν τὸν ἀποτειχισμὸν καὶ τὰς ἀπορίας,
οὕτως ἔπλει τὸ λοιπὸν ὡς ἐχομένης μὲν ἤδη τῆς Σικελίας,
Ἰταλιώταις δὲ τὰς πόλεις διαφυλάξων, εἰ καὶ τοῦτό πως
ἐγγένοιτο. μεγάλη γὰρ ἡ δόξα διεφοίτα τοῦ κρατεῖν πάντα τοὺς
Ἀθηναίους καὶ στρατηγὸν ἔχειν ἄμαχον δι' εὐτυχίαν καὶ
φρόνησιν. (6) ὁ δὲ Νικίας εὐθὺς αὐτὸς καὶ παρὰ φύσιν ὑπὸ τῆς
ἐν τῷ παρόντι ῥώμης καὶ τύχης ἀνατεθαρρηκώς, μάλιστα δὲ
τοῖς ἐκ Συρακουσῶν διαλεγομένοις κρύφα καὶ πέμπουσι πρὸς
αὐτὸν ὅσον οὔπω τὴν πόλιν ἐνδίδοσθαι κατὰ συμβάσεις
νομίζων, οὐδένα τοῦ Γυλίππου λόγον ἔσχε προσπλέοντος, οὐδὲ
φυλακὴν ἐποιήσατο καθαράν, ἀλλὰ τῷ παντελῶς ὑπερορᾶσθαι
καὶ καταφρονεῖσθαι λαθὼν αὐτὸν ὁ ἀνὴρ εἰσέπλευσε διὰ
πορθμοῦ, καὶ προσκομισθεὶς ἀπωτάτω τῶν Συρακουσῶν
στρατιὰν συνηγάγετο πολλήν, οὐδ' εἰ πάρεστι τῶν
Συρακουσίων ἐπισταμένων οὐδὲ προσδοκώντῶν. (7) διὸ καὶ
παρήγγελτο μὲν αὐτοῖς ἐκκλησία περὶ τῶν πρὸς τὸν Νικίαν
ὁμολογιῶν, καί τινες ἐβάδιζον ἤδη, πρὶν ἢ παντελῶς
ἀποτειχισθῆναι τὴν πόλιν οἰόμενοι δεῖν γενέσθαι τὰς
διαλύσεις· βραχὺ γὰρ ἦν κομιδῇ τὸ ἀπολειπόμενον τοῦ ἔργου,
καὶ τοῦτο παραβεβλημένην εἶχε τὴν παρασκευὴν τῆς
τειχοδομίας σύμπασαν.
| [18] XXV.
Nicias, toujours souffrant, se faisait violence, et se trouvait à toutes ces entreprises;
mais sa maladie ayant considérablement augmenté, il fut obligé de rester dans son
camp, où il ne retint auprès de lui qu'un petit nombre de personnes. Lamachus,
chargé seul du commandement, attaqua les Syracusains, qui travaillaient à tirer un
autre mur depuis la ville jusqu'à la muraille des Athéniens, afin qu'ils ne pussent
l'achever. Les Athéniens, presque toujours vainqueurs dans ces combats, se laissèrent
emporter un jour à leur ardeur, et poursuivirent en désordre les Syracusains.
Lamachus, resté presque seul, s'arrêta pour soutenir l'effort de la cavalerie des
ennemis, qui venait fondre sur lui. Elle était commandée par Callicrate, guerrier plein
de courage, qui, s'avançant hors des rangs, défia Lamachus à un combat singulier. Le
général athénien l'accepta; blessé le premier, il porta à son ennemi un coup mortel, et
tous deux expirèrent en même temps. Les Syracusains enlevèrent le corps et les
armes de Lamachus, et coururent à toute bride au camp des Athéniens, où Nicias
n'avait aucun corps de troupes qui pût le défendre; mais, cédant à la nécessité, il se
lève, et voyant à quel danger il est exposé, il ordonne à ceux qui étaient restés auprès
de lui de mettre le feu à tous les bois qu'on avait ramassés devant les retranchements
pour le service des machines, et aux machines mêmes. Ce parti désespéré arrêta les
Syracusains, et sauva Nicias avec le camp et toutes les richesses des Athéniens. Les
Syracusains, à la vue de cette flamme qui s'élevait de tous côtés, n'osèrent avancer, et
se retirèrent. XXVI. Nicias, resté seul général, avait les plus grandes espérances. Le
succès de ses armes attirait les villes en foule à son parti, et il arrivait de tous côtés
dans son camp des vaisseaux chargés de vivres pour son armée. Déjà les Syracusains,
désespérant de conserver leur ville, lui faisaient des ouvertures de paix; et Gylippe,
que Lacédémone envoyait à leur secours, informé dans la route que Syracuse,
entourée d'une muraille, était réduite à la dernière extrémité, poursuivit sa
navigation, mais sans espoir de sauver la Sicile qu'il croyait au pouvoir des
Athéniens, et seulement pour conserver, s'il en était encore temps, les villes qui
appartenaient aux peuples d'Italie. Le bruit s'était répandu partout que les
Athéniens étaient maîtres de la Sicile, et qu'ils avaient à leur tête un général que sa
prudence et son bonheur rendaient invincible. Nicias lui-même, prenant tout à coup
une confiance qui n'était pas dans son caractère, comptant trop sur ses forces et sur
son bonheur, persuadé d'ailleurs par les avis secrets qu'on lui apportait de Syracuse,
qu'elle se rendrait incessamment par composition, ne tint aucun compte de la marche
de Gylippe, et ne mit point de gardes sur sa route pour empêcher son passage. Cette
négligence et ce mépris donnèrent à Gylippe la facilité d'aborder dans un simple
bateau, à l'insu de Nicias; il débarqua loin de Syracuse; et leva promptement une
grande armée, avant que les Syracusains apprissent son arrivée, et qu'ils pussent s'y
attendre : ils avaient même convoqué une assemblée, pour présenter à Nicias les
articles de la capitulation; déjà plusieurs d'entre eux s'étaient rendus au lieu de
l'assemblée, pour en presser la conclusion, avant que la muraille fût entièrement
achevée; car il n'en restait plus qu'une petite partie à finir, et les matériaux étaient
déjà sur le lieu.
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