[19] ἐν τούτῳ δὲ καιροῦ παρόντος τοῦ κινδύνου ἀφικνεῖται
Γογγύλος ἐκ Κορίνθου μιᾷ τριήρει· καὶ συνδραμόντων πρὸς
αὐτόν, ὡς εἰκός, πάντων ἔφραζεν ὅτι Γύλιππος ἀφίξεται διὰ
ταχέων καὶ νῆες ἄλλαι βοηθοὶ προσπλέουσιν. οὔπω δὲ τῷ
Γογγύλῳ πιστευόντων βεβαίως, (2) ἧκεν ἄγγελος παρὰ τοῦ
Γυλίππου κελεύοντος ἀπαντᾶν. οἱ δὲ θαρρήσαντες
ἐξωπλίζοντο· καὶ προσῆγεν εὐθὺς ὁ Γύλιππος ἐξ ὁδοῦ
παρατεταγμένος ἐπὶ τοὺς Ἀθηναίους. ὡς δὲ κἀκείνους
ἀντέταξεν ὁ Νικίας, θέμενος ἐπὶ τοὺς Ἀθηναίους ὁ Γύλιππος τὰ
ὅπλα καὶ κήρυκα πέμψας ἔλεγε διδόναι τοῖς Ἀθηναίοις ἄδειαν
ἀπιοῦσιν ἐκ Σικελίας. (3) ὁ μὲν οὖν Νικίας οὐθὲν ἠξίωσεν
ἀποκρίνασθαι· τῶν δὲ στρατιωτῶν τινες καταγελῶντες ἠρώτων
εἰ διὰ παρουσίαν ἑνὸς τρίβωνος καὶ βακτηρίας Λακωνικῆς
οὕτως ἰσχυρὰ τὰ Συρακουσίων ἐξαίφνης γέγονεν ὥστ'
Ἀθηναίων καταφρονεῖν, οἳ πολὺ ῥωμαλεωτέρους Γυλίππου καὶ
μᾶλλον κομῶντας τριακοσίους ἔχοντες ἐν πέδαις δεδεμένους
ἀπέδωκαν Λακεδαιμονίοις. (4) Τίμαιος δὲ καὶ τοὺς Σικελιώτας
φησὶν ἐν μηδενὶ λόγῳ ποιεῖσθαι τὸν Γύλιππον, ὕστερον μὲν
αἰσχροκέρδειαν αὐτοῦ καὶ μικρολογίαν καταγνόντας, ὡς δὲ
πρῶτον ὤφθη, σκώπτοντας εἰς τὸν τρίβωνα καὶ τὴν κόμην. εἶτα
μέντοι φησὶν αὐτὸς ὅτι τῷ Γυλίππῳ φανέντι καθάπερ γλαυκὶ
πολλοὶ προσέπτησαν ἑτοίμως στρατευόμενοι. καὶ ταῦτα τῶν
πρώτων ἀληθέστερά εἰσιν· ἐν γὰρ τῇ βακτηρίᾳ καὶ τῷ τρίβωνι
τὸ σύμβολον καὶ τὸ ἀξίωμα τῆς Σπάρτης καθορῶντες
συνίσταντο. (5) κἀκείνου τὸ πᾶν ἔργον γεγονέναι φησὶν οὐ
Θουκυδίδης μόνον, ἀλλὰ καὶ Φίλιστος, ἀνὴρ Συρακούσιος καὶ
τῶν πραγμάτων ὁρατὴς γενόμενος. τῇ μὲν οὖν πρώτῃ μάχῃ
κρατήσαντες οἱ Ἀθηναῖοι τῶν Συρακουσίων ὀλίγους τινὰς
ἀπέκτειναν καὶ Γογγύλον τὸν Κορίνθιον, εἰς δὲ τὴν ἐπιοῦσαν
ἡμέραν ἔδειξεν ὁ Γύλιππος οἷόν ἐστιν ἐμπειρία. τοῖς γὰρ αὐτοῖς
ὅπλοις καὶ ἵπποις καὶ χωρίοις χρησάμενος οὐχ ὡσαύτως, ἀλλὰ
μεταθεὶς τὴν τάξιν, (6) ἐνίκησε τοὺς Ἀθηναίους· καὶ φυγόντων
εἰς τὸ στρατόπεδον ἐπιστήσας τοὺς Συρακουσίους, τοῖς λίθοις
οἷς ἐκεῖνοι προσεκόμιζον καὶ τῇ ὕλῃ παροικοδομῶν εἰς
διαστολὰς ἀπέκοψε τὸν ἐκείνων περιτειχισμόν, ὥστ' αὐτοῖς
μηδὲν εἶναι πλέον κρατοῦσιν. ἐκ τούτου δὲ θαρρήσαντες οἱ
Συρακούσιοι τάς τε ναῦς ἐπλήρουν, καὶ τοῖς ἱππεῦσι τοῖς
ἑαυτῶν καὶ ἀκολούθοις περιελαύνοντες πολλοὺς ᾕρουν. (7) καὶ
ὁ Γύλιππος ἐπιὼν ἐπὶ τὰς πόλεις αὐτὸς ἐξώρμα καὶ συνίστη
πάντας ἐρρωμένως ὑπακούοντας αὐτῷ καὶ
συλλαμβανομένους, ὥστε τὸν Νικίαν αὖθις εἰς ἐκείνους
ἀποτρεπόμενον τοὺς πρώτους λογισμοὺς καὶ συμφρονοῦντα
τὴν τῶν πραγμάτων μεταβολὴν ἀθυμεῖν, καὶ γράφειν τοῖς
Ἀθηναίοις κελεύοντα πέμπειν ἕτερον στρατὸν ἢ καὶ τοῦτον
ἀπαγαγεῖν ἐκ Σικελίας, αὑτῷ δὲ πάντως αἰτούμενον τῆς
στρατηγίας ἄφεσιν διὰ τὴν νόσον.
| [19] XXVII. Dans un danger si pressant, Gongylus arrive de Corinthe sur
une galère à trois rangs de rames; on s'assemble autour de lui, et il annonce que
Gylippe est sur le point de paraître, suivi de plusieurs autres galères qu'il amène à
leur secours. Les Syracusains n'osaient croire cette heureuse nouvelle, lorsqu'un
courrier de Gylippe vient, de sa part, leur ordonner de sortir à sa rencontre; alors,
reprenant courage, ils vont s'armer. Gylippe, à peine arrivé, met ses troupes en
bataille; Nicias en fait autant de son côté. Mais tout à coup Gylippe, posant ses armes
à terre, envoie un héraut aux Athéniens, pour leur offrir toute sûreté dans leur
retraite, s'ils veulent évacuer la Sicile. Nicias ne daigna pas même répondre à cette
proposition, et quelques-uns de ses soldats demandèrent au héraut, d'un ton railleur,
si l'arrivée d'un manteau et d'un bâton lacédémonien avait subitement donné aux
Syracusains une telle supériorité, qu'ils n'eussent plus que du mépris pour les
Athéniens, qui tout récemment avaient rendu aux Spartiates trois cents de leurs
prisonniers qu'ils tenaient dans les fers, tous beaucoup plus forts et plus chevelus que
Gylippe. Timée rapporte que les Siciliens firent peu de cas de ce général, surtout
lorsqu'ils eurent connu, dans la suite, son avarice et sa cupidité; dès son arrivée
même, ils l'avaient raillé sur son manteau et sur sa longue chevelure. Cependant il
ajoute que Gylippe n'eut pas plutôt paru, que les Syracusains s'assemblèrent autour
de lui comme les oiseaux s'attroupent autour d'une chouette, et qu'ils montrèrent la
plus grande ardeur pour combattre : ce récit est beaucoup plus vraisemblable que le
premier. Les Syracusains, voyant dans ce manteau et dans ce bâton le symbole de la
dignité de Sparte, se rangèrent avec empressement autour de Gylippe. Aussi
Thucydide n'est-il pas le seul qui fasse honneur à ce général de tout ce qui se fit en
Sicile; Philistus de Syracuse, témoin oculaire des faits, dit la même chose. XXVIII. Les
Athéniens, vainqueurs dans un premier combat, tuèrent quelques Syracusains, et
avec eux Gongylus de Corinthe. Mais le lendemain Gylippe fit voir ce que peut
l'expérience dans un général ; car, avec les mêmes armes, les mêmes chevaux; et sur
le même terrain, par le changement seul, de son ordonnance de bataille, il
vainquit les Athéniens, et les poursuivit jusqu'à leurs retranchements. Alors, avec les
pierres, et les autres matériaux que les Athéniens avaient apportés pour achever leur
muraille, il fait continuer celle que les Syracusains avaient commencée; et coupant
ainsi celle des ennemis, il la rendit inutile pour eux, quand même ils auraient été
vainqueurs. Les Syracusains, encouragés par ce succès, armèrent plusieurs
galères; et ayant envoyé leur cavalerie faire des courses dans la plaine avec leurs
valets, ils firent un grand nombre de prisonniers. Gylippe lui-même ayant parcouru
les villes pour les exciter à se joindre à lui, les détermina presque toutes à se ranger à
son obéissance et à lui fournir des secours. Alors Nicias, rejeté par ce changement
subit dans sa première timidité, perdit de nouveau courage, et écrivit aux Athéniens
de lui envoyer promptement une nouvelle armée, ou de rappeler celle qui était en
Sicile : il leur faisait aussi les plus vives instances pour être déchargé du
commandement, à cause de sa maladie.
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