[30] Ὁρῶν οὖν ὁ Σουρήνας τούς τε Πάρθους ἀμβλύτερον
ἤδη κινδυνεύοντας, ἤν τε νὺξ ἐπίσχῃ καὶ τῶν ὀρῶν οἱ Ῥωμαῖοι
λάβωνται, παντάπασιν αὐτοὺς ἐσομένους ἀλήπτους,
ἐπῆγε τῷ Κράσσῳ δόλον. ἀφείθησαν μὲν γὰρ ἔνιοι τῶν
αἰχμαλώτων, ἀκηκοότες ἐν τῷ στρατοπέδῳ τῶν βαρβάρων
πρὸς ἀλλήλους ἐπίτηδες διαλεγομένων, ὡς οὐ βούλεται
βασιλεὺς ἄσπονδον αὑτῷ πόλεμον εἶναι πρὸς Ῥωμαίους,
ἀλλὰ τὴν φιλίαν ἀναλαβεῖν χάριτι, Κράσσῳ χρησάμενος
φιλανθρώπως, ἔσχοντο δὲ μάχης οἱ βάρβαροι, Σουρήνας
δὲ μετὰ τῶν ἀρίστων προσελάσας ἀτρέμα τῷ λόφῳ, τοῦ
μὲν τόξου τὸν τόνον ἀνῆκε, τὴν δὲ δεξιὰν προὔτεινεν,
ἐκάλει δὲ τὸν Κράσσον ἐπὶ συμβάσεις, ὑπειπὼν ὅτι τῆς
μὲν ἀνδρείας καὶ δυνάμεως ἄκοντος πεπείραται βασιλέως,
πρᾳότητα δ´ αὐτοῖς καὶ φιλοφροσύνην ἑκὼν ἐπιδείκνυται,
σπενδόμενος ἀπιοῦσι καὶ παρέχων σῴζεσθαι. ταῦτα τοῦ
Σουρήνα λέγοντος, οἱ μὲν ἄλλοι προθύμως ἐδέξαντο καὶ
περιχαρεῖς ἦσαν, ὁ δὲ Κράσσος οὐδὲν ὅ τι μὴ δι´ ἀπάτης
ἐσφαλμένος ὑπ´ αὐτῶν, καὶ τὸ αἰφνίδιον τῆς μεταβολῆς
ἄλογον ἡγούμενος, οὐχ ὑπήκουεν, ἀλλ´ ἐβουλεύετο. τῶν
δὲ στρατιωτῶν βοώντων καὶἰέναι κελευόντων, εἶτα λοιδορούντων
καὶ κακιζόντων ὡς προβάλλοντα μαχουμένους
αὐτοὺς οἷς αὐτὸς ἀνόπλοις εἰς λόγους οὐ θαρρεῖ συνελθεῖν,
πρῶτον μὲν ἐπειρᾶτο δεῖσθαι καὶ λέγειν, ὅτι τὸ
λειπόμενον μέρος τῆς ἡμέρας διακαρτερήσαντες, ἐν τοῖς
ὀρεινοῖς καὶ τραχέσι δύνανται διὰ νυκτὸς ἰέναι, καὶ τὴν
ὁδὸν ἐδείκνυε καὶ παρεκάλει τὴν ἐλπίδα μὴ προέσθαι τῆς
σωτηρίας ἐγγὺς οὔσης. ὡς δὲ χαλεπαίνοντες αὐτῷ καὶ τὰ
ὅπλα κρούοντες ἠπείλουν, φοβηθεὶς ἐχώρει, καὶ τοσοῦτον
εἶπε μεταστραφείς· „Ὀκτάβιε καὶ Πετρώνιε καὶ ὅσοι
πάρεστε Ῥωμαίων ἄρχοντες, ὑμεῖς ὁρᾶτε τῆς ἐμῆς ὁδοῦ
τὴν ἀνάγκην, καὶ σύνιστε παρόντες ὡς αἰσχρὰ πάσχω καὶ
βίαια· τοῖς δ´ ἄλλοις ἅπασιν ἀνθρώποις λέγετε σωθέντες,
ὡς Κράσσος ἀπατηθεὶς ὑπὸ τῶν πολεμίων, οὐκ ἐκδοθεὶς
ὑπὸ τῶν πολιτῶν ἀπόλωλε.“
| [30] Suréna, voyant que les Parthes n'avaient plus la même ardeur
de combattre ; que si la nuit les surprenait et que les Romains eussent
gagné les montagnes, il lui serait impossible de les prendre, eut encore
recours à la ruse pour tromper Crassus. Il laissa échapper à
dessein quelques prisonniers qui avaient entendu des barbares,
apostés pour cet effet, dire entre eux que le roi ne
voulait pas avoir avec les Romains une guerre implacable;
qu'il se proposait au contraire de gagner leur amitié par la
bienveillance et l'humanité dont il userait envers Crassus.
Les Parthes suspendirent donc leur attaque; et Suréna s'étant
approché du coteau d'un pas tranquille, accompagné de ses
principaux officiers, débanda son arc, et, tendant la main
vers Crassus, il l'invita à venir traiter avec lui, en l'assurant
que c'était contre son gré que le roi leur avait fait éprouver
son courage et ses forces, que maintenant il leur donnerait
volontiers des preuves de sa douceur et de sa bienveillance,
en leur accordant la paix, et leur laissant la liberté de se retirer.
Toutes les troupes entendirent avec une extrême joie
le discours de Suréna; au contraire, Crassus, qui n'avait
encore éprouvé que des fourberies de la part de ces barbares,
et qui ne voyait aucun motif d'un changement si subit,
refusait d'y prêter l'oreille, et en délibérait avec ses officiers;
mais ses soldats, le pressant à grands cris d'aller
trouver Suréna, et passant bientôt aux injures, l'accusent de
lâcheté et lui reprochent qu'il les livre à la mort, en les forçant
de combattre contre des ennemis avec lesquels il craint
lui-même de s'aboucher lorsqu'ils sont sans armes. Crassus
essaya d'abord les prières, et leur représenta que s'ils voulaient
attendre patiemment le reste du jour sur ces hauteurs,
dont l'accès était difficile, ils pourraient aisément se sauver
pendant la nuit; il leur montra même le chemin qu'il leur
ferait prendre et les exhorta à ne pas sacrifier cette espérance
prochaine de salut. Mais quand il les vit se mutiner et
frapper d'un air menaçant sur leurs armes, craignant qu'ils
ne lui fissent violence, il descendit de la colline, et, se tournant
vers ses troupes, il dit simplement ces mots : « Octavius
et Pétronius, et vous tous officiers romains, vous
voyez la nécessité qu'on m'impose d'aller trouver l'ennemi,
vous êtes témoins de l'indignité et de la violence
avec laquelle on me traite : si vous échappez à ce danger,
dites à tout le monde que c'est par la fourberie des ennemis,
et non par la trahison de ses concitoyens, que Crassus
a péri. »
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