[31] Οὐ μὴν ἔμειναν οἱ περὶ τὸν Ὀκτάβιον, ἀλλὰ συγκατέβαινον
ἀπὸ τοῦ λόφου· τοὺς δὲ ῥαβδούχους ἑπομένους
ὁ Κράσσος ἀπήλλασσε. πρῶτοι δὲ τῶν βαρβάρων
ἀπήντησαν αὐτοῖς δύο μειξέλληνες, οἳ καὶ προσεκύνησαν
τὸν Κράσσον, ἀπὸ τῶν ἵππων ἁλάμενοι, καὶ προσαγορεύσαντες
ἑλλάδι φωνῇ παρεκάλουν προπέμψαι τινάς, οἷς
ἐπιδείξεται Σουρήνας ἑαυτὸν καὶ τοὺς περὶ αὑτὸν ἀνόπλους
καὶ ἀσιδήρους προσερχομένους. ὁ δὲ Κράσσος
ἀπεκρίνατο μέν, ὡς εἰ καὶ τὸν ἐλάχιστον εἶχε τοῦ ζῆν λόγον,
οὐκ ἂν εἰς χεῖρας αὐτοῖς ἦλθεν· ὅμως δὲ δύο Ῥωσκίους
ἀδελφοὺς ἔπεμψε πευσομένους ἐπὶ τίσι καὶ πόσοι συνίασιν.
οὓς εὐθὺς συλλαβὼν ὁ Σουρήνας κατέσχεν, αὐτὸς δὲ μετὰ
τῶν ἀρίστων ἱππότης προσῄει καὶ „τί τοῦτο;“ ἔφη
„πεζὸς ὁ Ῥωμαίων αὐτοκράτωρ, ἡμεῖς δ´ ὀχούμεθα;“
καὶ προσαγαγεῖν ἐκέλευσεν ἵππον αὐτῷ. τοῦ δὲ Κράσσου
φήσαντος οὔθ´ ἑαυτὸν ἁμαρτάνειν οὔτ´ ἐκεῖνον, ὡς ἑκατέρῳ
πάτριόν ἐστι ποιουμένους τὴν σύνοδον, εἶναι μὲν αὐτόθεν
ἔφη σπονδὰς καὶ εἰρήνην ὁ Σουρήνας Ὁρώδῃ τε βασιλεῖ
καὶ Ῥωμαίοις, δεῖν δὲ γράψασθαι τὰς συνθήκας ἐπὶ τὸν
ποταμὸν προελθόντας· „οὐ γὰρ ὑμεῖς γε“ ἔφη „πάνυ
μνήμονες ὁμολογιῶν οἱ Ῥωμαῖοι“, καὶ προὔτεινε τὴν δεξιὰν
αὐτῷ. μεταπεμπομένου δ´ ἵππον, οὐδὲν ἔφη δεῖν·
„βασιλεὺς γάρ σοι δίδωσι τοῦτον.“ ἅμα δ´ ἵππος τε τῷ
Κράσσῳ παρέστη χρυσοχάλινος, οἵ τ´ ἀναβολεῖς αὐτὸν
ἀράμενοι περιεβίβασαν καὶ παρείποντο, πληγῇ τὸν ἵππον
ἐπιταχύνοντες. Ὀκτάβιος δὲ πρῶτος ἀντιλαμβάνεται τῶν
χαλινῶν, καὶ μετ´ ἐκεῖνον εἷς τῶν χιλιάρχων Πετρώνιος,
εἶθ´ οἱ λοιποὶ περιίσταντο, τόν θ´ ἵππον ἀνακόπτειν πειρώμενοι
καὶ τοὺς πιεζοῦντας τὸν Κράσσον ἐξ ἑκατέρου μέρους
ἀφέλκοντες. ὠθισμοῦ δὲ γενομένου καὶ ταραχῆς, εἶτα
πληγῶν, Ὀκτάβιος μὲν ἀνασπάσας τὸ ξίφος ἑνὸς τῶν
βαρβάρων κτείνει τὸν ἱπποκόμον, ἕτερος δὲ τὸν Ὀκτάβιον
ἐκ τῶν ὄπισθεν πατάξας· Πετρώνιος δ´ ὅπλου μὲν
οὐκ ηὐπόρησεν, εἰς δὲ τὸν θώρακα πληγεὶς ἀπεπήδησεν
ἄτρωτος· τὸν δὲ Κράσσον ὄνομα Ἐξάθρης Πάρθος ἀπέκτεινεν.
οἱ δ´ οὔ φασιν, ἀλλ´ ἕτερον μὲν εἶναι τὸν ἀποκτείναντα,
τοῦτον δὲ κειμένου τὴν κεφαλὴν ἀποκόψαι καὶ τὴν
δεξιάν. εἰκάζεται δὲ ταῦτα μᾶλλον ἢ γινώσκεται· τῶν
γὰρ παρόντων οἱ μὲν ἐκεῖ μαχόμενοι περὶ τὸν Κράσσον
ἀνῃρέθησαν, οἱ δ´ εὐθὺς ἀνεχώρησαν ἐπὶ τὸν λόφον.
Ἐπελθόντων δὲ τῶν Πάρθων καὶ λεγόντων ὅτι Κράσσος
μὲν δίκην δέδωκε, τοὺς δ´ ἄλλους κελεύει Σουρήνας
κατιέναι θαρροῦντας, οἱ μὲν ἐνεχείρισαν αὑτοὺς καταβάντες,
οἱ δὲ τῆς νυκτὸς ἐσπάρησαν, καὶ τούτων ὀλίγοι
παντάπασιν διεσώθησαν· τοὺς δ´ ἄλλους ἐκθηρεύοντες
οἱ Ἄραβες συνελάμβανον καὶ διέφθειρον. λέγονται δ´ οἱ
πάντες δισμύριοι μὲν ἀποθανεῖν, μύριοι δ´ ἁλῶναι ζῶντες.
| [31] Octavius n'eut pas le courage de le laisser, et il descendit avec
lui; Crassus renvoya ses licteurs, qui voulaient le suivre.
Du côté des barbares, les premiers qui vinrent au-devant de lui
étaient deux Grecs métis, qui, descendant de
cheval, le saluèrent d'un air respectueux, et lui dirent en
langue grecque d'envoyer quelqu'un des siens à qui Suréna
ferait voir que lui et sa suite venaient sans aucune espèce
d'armes. Crassus leur répondit que s'il avait fait le moindre
cas de sa vie, il ne serait pas venu se mettre entre leurs
mains; et il envoya les deux frères Roscius pour s'informer
de quoi l'on devait traiter et combien on serait à cette conférence.
Suréna fit arrêter aussitôt ces deux envoyés, et les
retint, après quoi il s'avança à cheval avec ses principaux
officiers, et ayant aperçu Crassus : « Eh! quoi, dit-il, le général
des Romains est à pied, et nous à cheval ! » En même
temps il ordonne qu'on amène un cheval. "Nous ne sommes
en tort ni vous ni moi, lui répondit Crassus; nous venons
à une entrevue, chacun suivant l'usage de notre pays." -
« Dès ce moment, repartit Suréna, il s'établit un traité de
paix et d'alliance entre le roi Hyrode et les Romains; mais
il faut en aller régler les conditions sur les bords de l'Euphrate;
car, ajouta-t-il, vous autres Romains vous ne vous
souvenez pas toujours des conventions que vous avez
faites. » En finissant ces mots, il lui tendit la main. Crassus
voulut envoyer chercher un de ses chevaux, mais Suréna lui
dit que cela n'était pas nécessaire, et que le roi lui faisait
présent de celui-là. En même temps on présente à Crassus
un cheval, dont le frein était d'or. Les écuyers du roi l'aidèrent
à y monter; et, s'étant placés autour de lui, ils se
mirent à frapper le cheval, afin de hâter sa marche. Octavius
alors saisit le premier la bride, et, à son exemple, Pétronius,
un tribun des soldats; enfin tous ceux qui accompagnaient
Crassus l'environnent pour arrêter le cheval et écarter ceux
qui le pressaient. D'abord on se pousse de part et d'autre
avec beaucoup de tumulte et de confusion ; bientôt on en
vient à se frapper; Octavius, tirant son épée, tue un palefrenier
de ces barbares, et, frappé lui-même par derrière, il
tombe roide mort. Pétronius, qui n'avait point de bouclier,
reçoit un coup dans sa cuirasse, et saute à bas de son cheval
sans être blessé. Crassus est tué par un Parthe, nommé
Pomaxathre; suivant quelques auteurs, ce fut un autre Parthe
qui lui porta le coup mortel, et Pomaxathre lui coupa la tête
et la main droite.
Mais on en parle plutôt par conjecture que par une
connaissance certaine des faits; car de tous ceux qui étaient
présents, les uns furent tués en combattant près de Crassus,
les autres eurent le temps de s'enfuir sur la colline. Les
Parthes y arrivèrent bientôt après eux, et leur dirent que
Crassus avait été justement puni de sa perfidie; que, pour
eux, Suréna les engageait à venir le trouver sans crainte : les
uns descendirent et se livrèrent entre leurs mains; les
autres, à l'entrée de la nuit, se dispersèrent; mais de ceux-ci
il ne s'en sauva qu'un très-petit nombre, la plupart furent
pris et massacrés par les Arabes qui s'étaient mis à leur
poursuite. On dit que cette expédition coûta aux Romains
vingt mille morts et dix mille prisonniers.
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