[3] Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ περὶ ξένους ἦν φιλότιμος ὁ Κράσσος·
ἀνέῳκτο γὰρ ἡ οἰκία πᾶσι, καὶ τοῖς φίλοις ἐδάνειζεν
ἄνευ τόκων, ἀπῄτει δ´ ἀποτόμως τοῦ χρόνου παρελθόντος
εἰς ὃν ἐδάνειζε, καὶ τὸ προῖκα πολλῶν ἐγίνετο τόκων ἐπαχθέστερον.
ἐν δὲ τοῖς δείπνοις ἡ μὲν κλῆσις ἦν ὡς τὰ πολλὰ
δημοτικὴ καὶ λαώδης, ἡ δ´ εὐτέλεια τὴν καθαριότητα
καὶ φιλοφροσύνην ἡδίονα τοῦ πολυτελοῦς εἶχε. παιδείας
δὲ τῆς περὶ λόγον μάλιστα μὲν τὸ ῥητορικὸν καὶ χρειῶδες
εἰςτοὺς πολλοὺς ἤσκησε, καὶ γενόμενος δεινὸς εἰπεῖν
ἐν τοῖς μάλιστα Ῥωμαίων, ἐπιμελείᾳ καὶ πόνῳ τοὺς εὐφυεστάτους
ὑπερέβαλεν. οὐδεμίαν γὰρ οὕτω δίκην φασὶ
μικρὰν οὐδ´ εὐκαταφρόνητον γενέσθαι πρὸς ἣν ἀπαράσκευος
ἦλθεν, ἀλλὰ καὶ Πομπηίου πολλάκις ὀκνοῦντος
καὶ Καίσαρος ἐξαναστῆναι καὶ Κικέρωνος, ἐκεῖνος ἀνεπλήρου
τὴν συνηγορίαν, καὶ διὰ τοῦτο μᾶλλον ἤρεσκεν
ὡς ἐπιμελὴς καὶ βοηθητικός. ἤρεσκε δὲ καὶ τὸ περὶ τὰς
δεξιώσεις καὶ προσαγορεύσεις φιλάνθρωπον αὐτοῦ καὶ
δημοτικόν. οὐδενὶ γὰρ οὕτως ἀπήντησε Ῥωμαίων ἀδόξῳ
καὶ ταπεινῷ Κράσσος, ὃν ἀσπασάμενον οὐκ ἀντιπροσηγόρευσεν
ἐξ ὀνόματος. λέγεται δὲ καὶ πολυμαθὴς καθ´
ἱστορίαν γενέσθαι καί τι καὶ φιλοσοφῆσαι, τοῖς Ἀριστοτέλους
λόγοις προσθέμενος, ὧν διδάσκαλον εἶχεν Ἀλέξανδρον,
ἄνθρωπον εὐκολίας καὶ πρᾳότητος ἀπόδειξιν διδόντα
τὴν πρὸς Κράσσον συνήθειαν. οὐ γὰρ ἦν ἀποφήνασθαι
ῥᾳδίως, πότερον προσῆλθεν αὐτῷ πενέστερος ἢ προσελθὼν
ἐγένετο. μόνος δ´ οὖν ἀεὶ τῶν φίλων αὐτῷ συναποδημῶν,
στέγαστρον ἐλάμβανεν εἰς τὴν ὁδόν, καὶ τοῦτ´
ἐπανελθὼν ἀπῃτεῖτο. {φεῦ τῆς ὑπομονῆς, οὐδὲ τὴν πενίαν
ὁ τλήμων ἀδιάφορον ἡγούμενος.} ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὕστερον.
| [3] Crassus, malgré son avarice, était généreux pour les
étrangers; sa maison leur était toujours ouverte, et il prêtait
à ses amis sans intérêts; il est vrai qu'à l'expiration du terme
il exigeait le capital avec la dernière rigueur, et par là le prêt
gratuit qu'il avait fait était plus à charge qu'une forte usure.
Lorsqu'il donnait à manger, sa table était simple, et, pour
ainsi dire, populaire; mais cette simplicité était relevée par
une propreté et un ton de politesse plus agréables que la
meilleure chère. Dans l'étude des lettres, il s'appliqua principalement
à l'éloquence du barreau, comme la plus utile au
public; et, devenu un des plus grands orateurs que Rome
eût de son temps, il surpassa, par son travail et son application,
ceux qui étaient nés avec le plus de talent. Il ne plaidait
pas de cause, quelque légère et quelque petite qu'elle fût,
qu'il n'y vînt bien préparé; cependant lorsque Pompée, César
et Cicéron même refusaient de parler dans une affaire, il lui
arriva souvent de prendre la parole et de plaider à leur place,
ll se rendit par là très agréable au peuple, et passa pour un
homme obligeant, et disposé à secourir tout le monde. Il plut
surtout par sa popularité, par son attention à saluer, à accueillir
avec politesse tous les citoyens: s'il rencontrait un
Romain qui le saluât, fût-il de la condition la plus basse, il
lui rendait le salut en l'appelant par son nom. On dit aussi
qu'il était très versé dans l'histoire, et qu'il prit quelque
teinture de philosophie dans les écrits d'Aristote, qui lui furent
expliqués par Alexandre. Ce philosophe donna de grandes
preuves de sa douceur et de sa patience dans son commerce
avec Crassus; car il ne serait pas facile de dire s'il était
plus pauvre en entrant chez lui qu'après y avoir demeuré
longtemps. C'était de ses amis le seul que Crassus menât
toujours avec lui à la campagne; il lui prêtait pour le voyage un
chapeau, qu'il lui redemandait au retour. Quelle patience!
elle était d'autant plus admirable, que ce malheureux faisait
profession d'une philosophie qui ne croyait pas que la pauvreté
fût une chose indifférente; mais cela n'eut lieu que longtemps après.
|