HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Crassus

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] Ῥωμαῖοι μὲν οὖν λέγουσι πολλαῖς ἀρεταῖς τοῦ Κράσσου κακίαν μίαν ἐπισκοτῆσαι τὴν φιλοπλουτίαν· ἔοικε δ´ οὐ μία, πασῶν δ´ ἐρρωμενεστάτη τῶν ἐν αὐτῷ κακιῶν γενομένη, τὰς ἄλλας ἀμαυρῶσαι. τεκμήρια δὲ τῆς φιλοπλουτίας αὐτοῦ μέγιστα ποιοῦνται τόν τε τρόπον τοῦ πορισμοῦ καὶ τῆς οὐσίας τὸ μέγεθος. τριακοσίων γὰρ οὐ πλείω κεκτημένος ἐν ἀρχῇ ταλάντων, εἶτα παρὰ τὴν ὑπατείαν ἀποθύσας μὲν τῷ Ἡρακλεῖ τὴν δεκάτην καὶ τὸν δῆμον ἑστιάσας, τρεῖς δὲ μῆνας ἑκάστῳ Ῥωμαίων σιτηρέσιον ἐκ τῶν αὑτοῦ παρασχών, ὅμως πρὸ τῆς ἐπὶ Πάρθους στρατείας αὐτὸς αὑτῷ θέμενος ἐκλογισμὸν τῆς οὐσίας, εὗρεν ἑκατὸν ταλάντων τίμημα πρὸς ἑπτακισχιλίοις. τὰ δὲ πλεῖστα τούτων, εἰ δεῖ μετὰ βλασφημίας εἰπεῖν τὸ ἀληθές, ἐκ πυρὸς συνήγαγε καὶ πολέμου, ταῖς κοιναῖς ἀτυχίαις προσόδῳ τῇ μεγίστῃ χρησάμενος. ὅτε γὰρ Σύλλας ἑλὼν τὴν πόλιν ἐπώλει τὰς οὐσίας τῶν ἀνῃρημένων ὑπ´ αὐτοῦ, λάφυρα καὶ νομίζων καὶ ὀνομάζων, καὶ βουλόμενος ὅτι πλείστοις καὶ κρατίστοις προσομόρξασθαι τὸ ἄγος, οὔτε λαμβάνων οὔτ´ ὠνούμενος ἀπεῖπε. πρὸς δὲ τούτοις ὁρῶν τὰς συγγενεῖς καὶ συνοίκους τῆς Ῥώμης κῆρας ἐμπρησμοὺς καὶ συνιζήσεις διὰ βάρος καὶ πλῆθος οἰκοδομημάτων, ἐωνεῖτο δούλους ἀρχιτέκτονας καὶ οἰκοδόμους. εἶτ´ ἔχων τούτους, ὑπὲρ πεντακοσίους ὄντας, ἐξηγόραζε τὰ καιόμενα καὶ γειτνιῶντα τοῖς καιομένοις, διὰ φόβον καὶ ἀδηλότητα τῶν δεσποτῶν ἀπ´ ὀλίγης τιμῆς προϊεμένων, ὥστε τῆς Ῥώμης τὸ πλεῖστον μέρος ὑπ´ αὐτῷ γενέσθαι. τοσούτους δὲ κεκτημένος τεχνίτας, οὐδὲν ᾠκοδόμησεν αὐτὸς τὴν ἰδίαν οἰκίαν, ἀλλ´ ἔλεγε τοὺς φιλοικοδόμους αὐτοὺς ὑφ´ ἑαυτῶν καταλύεσθαι χωρὶς ἀνταγωνιστῶν. ὄντων δ´ αὐτῷ παμπόλλων ἀργυρείων, πολυτιμήτου δὲ χώρας καὶ τῶν ἐργαζομένων ἐν αὐτῇ, ὅμως ἄν τις ἡγήσαιτο μηδὲν εἶναι ταῦτα πάντα πρὸς τὴν τῶν οἰκετῶν τιμήν· τοσούτους ἐκέκτητο καὶ τοιούτους, ἀναγνώστας, ὑπογραφεῖς, ἀργυρογνώμονας, διοικητάς, τραπεζοκόμους, αὐτὸς ἐπιστατῶν μανθάνουσι καὶ προσέχων καὶ διδάσκων, καὶ ὅλως νομίζων τῷ δεσπότῃ προσήκειν μάλιστα τὴν περὶ τοὺς οἰκέτας ἐπιμέλειαν, ὡς ὄργανα ἔμψυχα τῆς οἰκονομικῆς. καὶ τοῦτο μὲν ὀρθῶς Κράσσος, εἴπερ ὡς ἔλεγεν ἡγεῖτο τὰ μὲν ἄλλα διὰ τῶν οἰκετῶν χρῆναι, τοὺς δ´ οἰκέτας δι´ αὑτοῦ κυβερνᾶν· τὴν γὰρ οἰκονομικήν, ἐν ἀψύχοις χρηματιστικὴν οὖσαν, ἐν ἀνθρώποις πολιτικὴν καὶ βασιλικὴν γιγνομένην ὁρῶμεν· ἐκεῖνο δ´ οὐκ εὖ, τὸ μηδένα νομίζειν μηδὲ φάσκειν εἶναι πλούσιον, ὃς μὴ δύναται τρέφειν ἀπὸ τῆς οὐσίας στρατόπεδον - γὰρ πόλεμος οὐ τεταγμένα σιτεῖται κατὰ τὸν Ἀρχίδαμον, ὥσθ´ πρὸς πόλεμον πλοῦτος ἀόριστος - καὶ πολὺ τῆς Μανίου γνώμης ἀπηρτημένως. ἐκεῖνος γὰρ ἐπεὶ κατ´ ἄνδρα νείμας ἑκάστῳ δέκα καὶ τέσσαρα πλέθρα γῆς ἑώρα πλέον ἐπιζητοῦντας, „μηδείςἔφηγένοιτο Ῥωμαίων ὀλίγην ἡγούμενος γῆν τὴν τρέφειν ἀρκοῦσαν.“ [2] Les Romains assurent que cet amour des richesses était le seul vice qui ternit en lui plusieurs vertus; mais je croirais plutôt que, l'avarice étant son vice dominant, elle servait à obscurcir et à cacher les autres. Les plus grandes preuves de cette passion sont dans les moyens qu'il employait pour acquérir du bien et dans les richesses immenses qu'il possédait. Sa fortune lorsqu'il entra dans le monde ne montait qu'à trois cents talents; et dans la suite, pendant son administration, il consacra à Hercule la dîme de ses biens, donna un festin au peuple, distribua à chaque citoyen du blé pour trois mois; et malgré toutes ces dépenses, lorsque, avant de partir pour son expédition contre les Parthes, il voulut se rendre compte à lui-même de sa fortune, il trouva que ses fonds montaient à sept mille cent talents : la plus grande partie de ces richesses, s'il faut dire une vérité si déshonorante pour lui, avait été acquise par le fer et par le feu; les calamités publiques avaient été les sources de ses plus grands revenus. Car lorsque Sylla, devenu maître de Rome, fit vendre publiquement les biens de ses malheureuses victimes, qu'il regardait comme des dépouilles dont il voulait faire partager l'usurpation aux citoyens les plus considérables, Crassus ne refusa rien de ce que le dictateur lui donna ou de ce qu'il put acheter lui même. Comme il voyait que les fléaux les plus ordinaires de Rome étaient les incendies et les chutes des maisons, à cause de leur élévation et de leur masse, il acheta jusqu'à cinq cents esclaves maçons et architectes; et lorsque le feu avait pris à quelque édifice, il se présentait pour acquérir non seulement la maison qui brûlait, mais encore les maisons voisines, que les maîtres, par la crainte et l'incertitude de l'événement, lui abandonnaient à vil prix. Par ce moyen, il se trouva possesseur de la plus grande partie de Rome. Quoiqu'il eût parmi ses esclaves un si grand nombre d'ouvriers, il ne fit jamais bâtir d'autre maison que celle qu'il habitait; il avait coutume de dire que ceux qui aiment à bâtir n'ont pas besoin d'ennemis pour se ruiner. Il avait plusieurs mines d'argent, des terres d'un grand rapport, avec beaucoup de laboureurs qui les faisaient valoir; mais ces possessions n'étaient rien en comparaison de ce que lui rapportaient ses esclaves : tant ils étaient nombreux, et tous distingués par leurs talents : ils étaient lecteurs, écrivains, banquiers, gens d'affaires, maîtres-d'hôtel. Non content d'assister à leur instruction, il les formait et les instruisait lui-même; persuadé que le devoir le plus important du maître est de bien dresser ses esclaves, comme les instruments vivants de l'administration domestique. En cela Crassus avait raison, s'il pensait réellement, comme il le disait quelquefois, qu'il fallait gouverner ses biens par ses esclaves, et ses esclaves par soi-même. Nous voyons en effet que la science économique, qui n'a rapport qu'aux choses inanimées, est un simple trafic; et celle qui s'applique à conduire les hommes fait partie de la politique. Mais Crassus ne pensait pas aussi juste lorsqu'il soutenait qu'il n'y avait d'homme riche que celui qui pouvait, de son bien, soudoyer une armée. Car la guerre, suivant Archidamus, ne se fait pas sur une dépense fixe et réglée; on ne saurait déterminer les fonds qu'elle exige. En cela il n'était pas de l'avis de Marius, qui, ayant distribué à chacun de ses soldats quatorze arpents de terre, et ayant su qu'ils en demandaient davantage : « A Dieu ne plaise, dit-il, qu'il y ait un seul Romain qui trouve trop petite une portion de terre qui suffit à sa nourriture ! »


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Dernière mise à jour : 1/09/2006