HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Crassus

Chapitre 25

  Chapitre 25

[25] Ἄχρι μὲν οὖν ἤλπιζον αὐτοὺς ἐκχεαμένους τὰ βέλη σχήσεσθαι μάχης συνάψειν εἰς χεῖρας, ἐκαρτέρουν· ὡς δ´ ἔγνωσαν ὅτι πολλαὶ κάμηλοι παρεστᾶσι τοξευμάτων πλήρεις, ἀφ´ ὧν περιελαύνοντες οἱ πρῶτοι λαμβάνουσιν, οὐδὲν πέρας ὁρῶν Κράσσος ἠθύμει, καὶ σκοπεῖν ἐκέλευεν, ἀγγέλους πέμψας πρὸς τὸν υἱόν, ὅπως προσμεῖξαι βιάσαιτο τοῖς ἐναντίοις πρὶν κυκλωθῆναι· μάλιστα γὰρ ἐκείνῳ προσέκειντο καὶ περιίππευον τὸ κέρας ὡς κατὰ νώτου γενησόμενοι. λαβὼν οὖν νεανίας ἱππεῖς τε χιλίους καὶ τριακοσίους, ὧν οἱ χίλιοι παρὰ Καίσαρος ἦσαν, καὶ τοξότας πεντακοσίους καὶ τῶν ἔγγιστα θυρεαφόρων ὀκτὼ σπείρας, συνήγαγεν εἰς ἐμβολήν. τῶν δὲ Πάρθων οἱ περιελαύνοντες, εἴτε τέλμασιν ἐντυχόντες, ὡς ἔνιοί φασιν, εἴτε λαβεῖν τὸν Κράσσον ἀπωτάτω τοῦ πατρὸς στρατηγοῦντες, ὀπίσω στρέψαντες ἀπεδίωκον. δ´ ἐμβοήσας ὡς οὐ μένουσιν οἱ ἄνδρες ἤλαυνε, καὶ σὺν αὐτῷ Κηνσωρῖνός τε καὶ Μεγάβακχος, μὲν εὐψυχίᾳ καὶ ῥώμῃ διαφέρων, Κηνσωρῖνος δὲ καὶ βουλευτικὸν ἔχων ἀξίωμα καὶ δεινὸς εἰπεῖν, ἑταῖροι δὲ Κράσσου καὶ παραπλήσιοι καθ´ ἡλικίαν. ἐπισπομένων δὲ τῶν ἱππέων οὐδὲ τὸ πεζὸν ἀπελείπετο προθυμίᾳ καὶ χαρᾷ τῆς ἐλπίδος· νικᾶν γὰρ ᾤοντο καὶ διώκειν, ἄχρι οὗ πολὺ προελθόντες ᾔσθοντο τὴν ἀπάτην, μεταβαλλομένων ἅμα τῶν φεύγειν δοκούντων καὶ πλειόνων ἄλλων ἐπιφερομένων. ἐνταῦθα δ´ ἔστησαν, οἰόμενοι συνάψειν αὐτοῖς εἰς χεῖρας ὀλίγοις οὖσι τοὺς πολεμίους. οἱ δὲ τοὺς καταφράκτους προτάξαντες ἐναντίους τοῖς Ῥωμαίοις, τὴν δ´ ἄλλην ἵππον ἄτακτον περὶ αὐτοὺς ἐλαύνοντες καὶ συνταράσσοντες τὸ πεδίον, ἀνίστασαν ἐκ βυθοῦ θῖνας ἄμμου, κονιορτὸν ἐπαγούσας ἄπλετον, ὡς μήτε διορᾶν ῥᾳδίως μήτε φθέγγεσθαι τοὺς Ῥωμαίους, εἱλουμένους δ´ ἐν ὀλίγῳ καὶ συμπίπτοντας ἀλλήλοις, βάλλεσθαι καὶ ἀποθνῄσκειν οὐ ῥᾴδιον οὐδ´ ὀξὺν θάνατον, ἀλλ´ ὑπὸ σπασμοῦ καὶ ὀδύνης δυσανασχετοῦντας καὶ κυλινδουμένους περὶ τοῖς ὀιστοῖς ἐναποθραύειν τοῖς τραύμασι, βίᾳ τε πειρωμένους ἐξέλκειν ἠγκιστρωμένας ἀκίδας καὶ δεδυκυίας διὰ φλεβῶν καὶ νεύρων, προσαναρρηγνύναι καὶ λυμαίνεσθαι σφᾶς αὐτούς. οὕτω δὲ πολλῶν ἀποθνῃσκόντων, ἄπρακτοι καὶ οἱ ζῶντες ἦσαν πρὸς ἀλκήν, καὶ τοῦ Ποπλίου παρακαλοῦντος ἐμβαλεῖν εἰς τὴν κατάφρακτον, ἐπεδείκνυσαν ἑαυτῶν χεῖράς τε θυρεοῖς προσπεπερονημένας καὶ πόδας διαμπὰξ προσεληλαμένους πρὸς τοὔδαφος, ὥστε καὶ πρὸς φυγὴν ἀμηχάνους εἶναι καὶ πρὸς ἄμυναν. αὐτὸς οὖν τοὺς ἱππεῖς παρορμήσας, προσέβαλε μὲν ἐρρωμένως καὶ συνῆψε τοῖς ἀνδράσιν, ἦν δ´ ἄνισος ἔν τε ταῖς πληγαῖς καὶ τῷ φυλάσσεσθαι, παίων μὲν ἀσθενέσι καὶ μικροῖς δορατίοις θώρακας ὠμοβύρσους σιδηροῦς, παιόμενος δὲ κοντοῖς εἰς εὐσταλῆ καὶ γυμνὰ σώματα τῶν Γαλατῶν· τούτοις γὰρ ἐθάρρει μάλιστα, καὶ μετὰ τούτων ἔργα θαυμαστὰ διεπράττετο. τῶν τε γὰρ κοντῶν ἐπελαμβάνοντο, καὶ συμπλεκόμενοι τοὺς ἄνδρας ἀπὸ τῶν ἵππων ἐώθουν, τῇ βαρύτητι τοῦ ὁπλισμοῦ δυσκινήτους ὄντας, πολλοὶ δὲ τοὺς ἑαυτῶν ἀπολείποντες ἵππους καὶ ὑποδυόμενοι τοῖς ἐκείνων ἔτυπτον εἰς τὰς γαστέρας· οἱ δ´ ἀνεσκίρτων ὑπ´ ὀδύνης, καὶ συμπατοῦντες ἐν ταὐτῷ τοὺς ἐπιβάτας καὶ τοὺς πολεμίους ἀναπεφυρμένους, ἀπέθνῃσκον. ἐπίεζε δὲ τοὺς Γαλάτας μάλιστα τό τε θάλπος καὶ τὸ δίψος, ἀμφοτέρων ἀήθεις ὄντας, καὶ τῶν ἵππων ἀπολώλεισαν οἱ πλεῖστοι πρὸς ἐναντίους ἐλαυνόμενοι τοὺς κοντούς. ἐβιάσθησαν οὖν ἀναχωρῆσαι πρὸς τοὺς ὁπλίτας, ἔχοντες τὸν Πόπλιον ὑπὸ τραυμάτων ἤδη κακῶς διακείμενον. ἰδόντες δὲ θῖνα βουνώδη πλησίον, ἐχώρουν ἐπ´ αὐτήν, καὶ τοὺς μὲν ἵππους ἐν μέσῳ κατέδησαν, ἔξωθεν δὲ τοῖς θυρεοῖς συγκλείσαντες, ᾤοντο ῥᾷον ἀμυνεῖσθαι τοὺς βαρβάρους. ἀπέβαινε δὲ τοὐναντίον· ἐν μὲν γὰρ τῷ ὁμαλῷ τοῖς ὄπισθεν ἁμῶς γέ πως οἱ πρότακτοι παρέχουσι ῥᾳστώνην, ἐκεῖ δ´ ἄλλον ὑπὲρ ἄλλου διὰ τὴν ἀνωμαλίαν ἀνέχοντος τοῦ χωρίου καὶ μᾶλλον ἀεὶ τοὺς κατόπιν ἐξαίροντος, οὐδὲν ἦν τὸ διαφεῦγον, ἀλλ´ ἐβάλλοντο πάντες ὁμαλῶς, ὀδυρόμενοι τὴν ἀκλεῆ καὶ ἄπρακτον αὑτῶν τελευτήν. Ἦσαν δὲ περὶ τὸν Πόπλιον ἄνδρες Ἕλληνες δύο τῶν αὐτόθι, κατοικοῦντες ἐν Κάρραις, Ἱερώνυμος καὶ Νικόμαχος· οὗτοι συνέπειθον αὐτὸν ὑπεξελθεῖν μετ´ αὐτῶν καὶ διαφυγεῖν εἰς Ἴχνας, πόλιν ᾑρημένην τὰ Ῥωμαίων καὶ οὐ μακρὰν οὖσαν. δὲ φήσας οὐδένα δεινὸν οὕτως ἔσεσθαι θάνατον, ὃν φοβηθεὶς Πόπλιος ἀπολείψει τοὺς ἀπολλυμένους δι´ αὑτόν, ἐκείνους μὲν ἐκέλευσε σῴζεσθαι καὶ δεξιωσάμενος ἀπέστειλεν, αὐτὸς δὲ τῇ χειρὶ χρήσασθαι μὴ δυνάμενος - διελήλατο γὰρ βέλει - τὸν ὑπασπιστὴν ἐκέλευσε πατάξαι τῷ ξίφει παρασχὼν τὸ πλευρόν. ὁμοίως δὲ καὶ Κηνσωρῖνον ἀποθανεῖν λέγουσι· Μεγάβακχος δ´ αὐτὸς ἑαυτὸν διεχρήσατο καὶ τῶν ἄλλων οἱ δοκιμώτατοι. τοὺς δ´ ὑπολελειμμένους ἀναβαίνοντες οἱ Πάρθοι τοῖς κοντοῖς διήλαυνον μαχομένους· ζῶντας δ´ οὐ πλείους φασὶν ἁλῶναι πεντακοσίων. τὰς δὲ κεφαλὰς τῶν περὶ τὸν Πόπλιον ἀποκόψαντες, ἤλαυνον εὐθὺς ἐπὶ τὸν Κράσσον. [25] Tant que les Romains espérèrent que les Parthes, après avoir épuisé leurs flèches, cesseraient de combattre ou en viendraient aux mains, ils souffrirent avec courage ; mais quand on sut qu'il y avait derrière l'armée des chameaux chargés de flèches, où les premiers rangs, en faisant le tour, allaient, à mesure qu'ils en avaient besoin, en prendre de nouvelles, alors Crassus, ne voyant pas de terme à des maux si cruels, fit dire à son fils de tout tenter pour joindre et charger les ennemis avant qu'il fût enveloppé; car c'était surtout de son corps de cavalerie qu'une des ailes de l'armée ennemie s'était approchée davantage, pour l'entourer et la prendre par derrière. Le jeune Crassus, ayant pris à l'instant treize cents chevaux, au nombre desquels étaient les mille que César lui avait donnés, cinq cents archers, et les huit cohortes d'infanterie qui se trouvaient le plus près de lui, courut sur ceux des ennemis qui cherchaient à l'envelopper; mais les Parthes, soit comme on l'a dit, qu'ils craignissent cette attaque, soit qu'ils voulussent attirer le jeune homme le plus loin qu'ils pourraient de son père, tournèrent bride et prirent la fuite. Le fils de Crassus se mit à crier que les ennemis n'osaient les attendre ; et en même temps il pousse à eux à bride abattue, suivi de Censorinus et de Mégabacchus ; celui-ci, distingué par son courage et par sa force; Censorinus, par sa dignité de sénateur et par son éloquence ; tous deux amis du jeune Crassus et à peu près de son âge. La cavalerie s'étant donc mise à la poursuite de l'ennemi, l'infanterie ne voulut pas montrer moins d'ardeur ni moins de joie, dans l'espérance qu'ils avaient de la victoire; car ils croyaient être vainqueurs, et n'avoir plus qu'à poursuivre l'ennemi. Mais lorsqu'ils furent très éloignés du corps de leur armée, ils reconnurent la fraude des Parthes ; ceux qui avaient fait semblant de fuir tournèrent la tète, et furent bientôt rejoints par un grand nombre d'autres. Les Romains s'arrêtèrent, dans la pensée que les ennemis, les voyant en si petit nombre, en viendraient aux mains avec eux; mais les Parthes, leur opposant leurs chevaux bardés de fer, firent voltiger autour d'eux leur cavalerie légère, qui, en courant la plaine et en remuant jusqu'au fond les monceaux de sable dont elle était couverte, éleva un nuage de poussière si épais, que les Pomains ne pouvaient ni se voir ni se parler. Rassemblés dans un petit espace, et pressés les uns contre les autres, ils tombaient sous les flèches des ennemis, et expiraient d'une mort aussi lente que cruelle, dans des douleurs et des déchirements insupportables. Ils se roulaient sur le sable avec les flèches dans le corps et mouraient dans des tourments affreux; ou, s'ils voulaient arracher ces flèches à pointes recourbées, qui avaient pénétré à travers les veines et les nerfs, ils ouvraient davantage leurs plaies, et augmentaient leurs douleurs. Il en périt un grand nombre dans cette attaque meurtrière, et ceux qui restaient encore n'étaient plus en état de se défendre. Le jeune Crassus les ayant exhortés à charger cette cavalerie bardé de fer, ils lui montrèrent leurs mains attachées à leurs boucliers, leurs pieds percés d'outre en outre et cloués à terre , en sorte qu'ils étaient dans une égale impuissance de combattre et de fuir. Alors Crassus, poussant ses cavaliers, se jette au milieu des ennemis, et les charge avec vigueur, mais le combat était trop inégal, soit dans l'attaque, soit dans la défense. Les Romains frappaient avec des javelins faibles et courtes, sur des cuirasses d'acier ou de cuir ; et les barbares, armés de forts épieux, portaient des coups terribles sur les corps des Gaulois qui étaient presque nus ou légèrement armés. C'était en ces derniers que le jeune Crassus avait la plus grande confiance, et il fit avec eux des prodiges de valeur. Ils prenaient à pleines mains les épieux des Parthes, et, les saisissant eux-mêmes par le milieu du corps, ils les renversaient de dessus leurs chevaux, et une fois à terre, la pesanteur de leurs armes les empêchait de se relever. Plusieurs de ces cavaliers gaulois, quittant leurs chevaux, se glissaient sous ceux des ennemis, et leur perçaient le flanc avec. leurs épées. Ces animaux se cabraient de douleur, renversaient leurs maitres, les foulaient aux pieds pêle-mêle avec les ennemis, et tombaient morts sur la place : mais rien ne faisait autant souffrir les Gaulois que la chaleur et la soif, qu'ils n'étaient pas accoutumés à supporter. Plusieurs de leurs chevaux périrent en allant s'enferrer d'eux-mêmes dans les épieux des ennemis. Ils furent donc obligés de se retirer vers leur infanterie, emmenant le jeune Crassus, qui souffrait beaucoup de ses blessures. Ayant aperçu assez près d'eux une bulle de sable, ils s'y retirèrent, attachèrent leurs chevaux au milieu de cet espace, et formèrent une sorte d'enceinte avec leurs boucliers, dans l'espérance qu'ils pourraient mieux s'y défendre contre les barbares. Il arriva tout le contraire; car, sur un terrain uni, les premiers rangs servent à couvrir les derniers; mais l'inégalité du lieu les élevant les uns au-dessus des autres, et ceux de derrière étant les plus découverts, ils ne pouvaient éviter les flèches des ennemis, ils en étaient tous également frappés, et déploraient leur malheur de périr ainsi sans gloire et sans pouvoir se venger. Le jeune Crassus avait auprès de lui deux de ces Grecs qui s'étaient établis à Carrhes, ville de cette contrée; ils le nommaient Hiéronymus et Nicomachus. Ils lui proposèrent de s'enfuir avec eux, et de se retirer dans la ville d'Ischnes, qui tenait pour les Romains, et qui n'était pas éloignée. Mais il leur répondit qu'il n'y avait point de mort si affreuse dont la crainte pût lui faire abandonner des soldats qui se sacrifiaient pour lui; il leur conseilla donc de se sauver, et, après les avoir embrassés, il les congédia. Pour lui, ne pouvant se servir de sa main, qui était traversée d'une flèche, il présenta le flanc à son écuyer, et lui ordonna de le percer de son épée. Censorinus mourut, dit-on, de la même manière; et Mégabacchus se donna lui-même la mort. Les principaux officiers se tuèrent de leur propre main, et ceux qui restèrent périrent par le fer de leur ennemi, en combattant avec beaucoup de valeur. Les Parthes ne firent pas plus de cinq cents prisonniers; ils coupèrent la tête du jeune Crassus, et marchèrent aussitôt contre son père.


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Dernière mise à jour : 1/09/2006