[17] Ὁ δὲ Κράσσος εἰς Βρεντέσιον ἦλθεν. ἔτι δ´ ἀστατούσης
χειμῶνι τῆς θαλάσσης, οὐ περιέμεινεν, ἀλλ´ ἀνήχθη
καὶ συχνὰ τῶν πλοίων ἀπέβαλε, τὴν δ´ ἄλλην ἀναλαβὼν
δύναμιν, ἠπείγετο πεζῇ διὰ Γαλατίας. εὑρὼν δὲ
τὸν βασιλέα Δηιόταρον πάνυ μὲν ὄντα γηραιὸν ἤδη, κτίζοντα
δὲ νέαν πόλιν, ἐπέσκωψεν εἰπών· „ὦ βασιλεῦ,
δωδεκάτης ὥρας οἰκοδομεῖν ἄρχῃ.“ γελάσας δ´ ὁ Γαλάτης·
„ἀλλ´ οὐδ´ αὐτός“ εἶπεν „ὦ αὐτόκρατορ, ὡς ὁρῶ, πρωὶ
λίαν ἐπὶ Πάρθους ἐλαύνεις.“ ἦν δ´ ὁ Κράσσος ἑξήκοντα
μὲν ἔτη παραλλάττων, πρεσβύτερος δὲ τὴν ὄψιν ἢ καθ´
ἡλικίαν. ἀφικόμενον δ´ αὐτὸν ἐδέξατο τὰ πράγματα τῆς
ἐλπίδος ἀξίως τὸ πρῶτον. καὶ γὰρ ἔζευξε ῥᾳδίως τὸν
Εὐφράτην καὶ διήγαγε τὸν στρατὸν ἀσφαλῶς, καὶ πόλεις
πολλὰς ἐν τῇ Μεσοποταμίᾳ κατέσχεν, ἑκουσίως προσθεμένας.
ἐν μιᾷ δ´, ἧς Ἀπολλώνιός τις ἐτυράννει, στρατιωτῶν
ἑκατὸν ἀναιρεθέντων, ἐπαγαγὼν τὴν δύναμιν αὐτῇ καὶ
κρατήσας, διήρπασε τὰ χρήματα καὶ τοὺς ἀνθρώπους
ἀπέδοτο· Ζηνοδοτίαν ἐκάλουν τὴν πόλιν οἱ Ἕλληνες. ἐπὶ
ταύτῃ δ´ ἁλούσῃ δεξάμενος αὐτοκράτωρ ὑπὸ τῆς στρατιᾶς
ἀναγορευθῆναι, πολλὴν ὦφλεν αἰσχύνην καὶ ταπεινὸς ἐφάνη
καὶ περὶ τὰ μείζονα δύσελπις, οὕτω πλεονέκτημα μικρὸν
ἠγαπηκώς. ἐμβαλὼν δὲ φρουρὰς ταῖς προσκεχωρηκυίαις
πόλεσιν, ὧν ἀριθμὸς ἦν ἑπτακισχίλιοι πεζοί, χίλιοι δ´
ἱππεῖς, ἀνεχώρησεν αὐτός, ἐν Συρίᾳ διαχειμάσων καὶ
δεξόμενος αὐτόθι τὸν υἱόν, ἥκοντα παρὰ Καίσαρος ἐκ Γαλατίας,
αὐτόν τε κεκοσμημένον ἀριστείοις καὶ χιλίους
ἱππέας ἐπιλέκτους ἄγοντα. τοῦτο πρῶτον ἁμαρτεῖν ἔδοξεν
ὁ Κράσσος - μετά γε τὴν στρατείαν αὐτήν - μέγιστον
ἁμάρτημα τῶν γενομένων, ὅτι πρόσω χωρεῖν δέον ἔχεσθαί
τε Βαβυλῶνος καὶ Σελευκείας, δυσμενῶν ἀεὶ Πάρθοις
πόλεων, χρόνον ἔδωκε τοῖς πολεμίοις παρασκευῆς. ἔπειτα
τὰς ἐν Συρίᾳ διατριβὰς ᾐτιῶντο, χρηματιστικὰς μᾶλλον
οὔσας ἢ στρατηγικάς· οὐ γὰρ ὅπλων ἀριθμὸν ἐξετάζων
οὐδὲ γυμνασιῶν ποιούμενος ἁμίλλας, ἀλλὰ προσόδους
πόλεων ἐκλογιζόμενος, καὶ τὰ χρήματα τῆς ἐν Ἱεραπόλει
θεοῦ σταθμοῖς καὶ τρυτάναις μεταχειριζόμενος ἐπὶ πολλὰς
ἡμέρας, ἐπιγράφων δὲ καὶ δήμοις καὶ δυνάσταις στρατιωτῶν
καταλόγους, εἶτ´ ἀνιεὶς ἀργύριον διδόντας, ἠδόξει
καὶ κατεφρονεῖτο. γίνεται δὲ πρῶτον αὐτῷ σημεῖον ἀπὸ
τῆς θεοῦ ταύτης, ἣν οἱ μὲν Ἀφροδίτην, οἱ δ´ Ἥραν, οἱ δὲ
τὴν ἀρχὰς καὶ σπέρματα πᾶσιν ἐξ ὑγρῶν παρασχοῦσαν
αἰτίαν καὶ φύσιν νομίζουσι καὶ τὴν πάντων εἰς ἀνθρώπους
ἀρχὴν ἀγαθῶν καταδείξασαν. ἐξιόντων γὰρ ἐκ τοῦ ἱεροῦ
πρῶτος ἐσφάλη κατὰ τὰς θύρας ὁ νεανίας Κράσσος,
εἶτ´ ἐπ´ αὐτῷ περιπεσὼν ὁ πρεσβύτερος.
| [17] Crassus, s'étant mis en route, arrive à Brundusium;
l'hiver n'était pas encore passé et rendait la navigation dangereuse;
mais il ne voulut pas attendre, et ayant mis tout de
suite à la voile, il perdit plusieurs vaisseaux. Il rassembla le
reste de son armée et se rendit par terre en Galatie, où il
trouva le roi Déjotarus occupé, malgré son extrême vieillesse,
à bâtir une ville. « Eh! quoi, prince, lui dit Crassus en plaisantant,
vous commencez à bâtir une ville à la douzième
heure du jour! — Mais vous-même, général, lui répondit
en riant Déjotarus, vous ne partez pas de trop bonne heure
pour aller faire la guerre aux Parthes." Crassus avait alors
soixante ans, et il en paraissait davantage. Arrivé en Syrie, il
vit ses premiers succès justifier ses espérances : il jeta sans
obstacles un pont sur l'Euphrate, et y fit passer en sûreté son
armée. Plusieurs villes de la Mésopotamie se rendirent à lui
volontairement; il y en eut une cependant, dont Apollonius
était le tyran, qui osa faire résistance et tua cent soldats romains.
Crassus, ayant fait approcher toute son armée, prit la
ville d'assaut, en pilla toutes les richesses et vendit les habitants.
Les Grecs appelaient cette ville Zénodotie. Crassus,
ayant souffert que ses soldats, pour un si mince avantage,
lui donnassent le titre d'imperator, se couvrit de honte, et ne
donna pas une grande idée de l'élévation de ses sentiments;
on jugea qu'il renonçait à l'espérance de plus grands exploits,
puisqu'il attachait tant de prix à un si faible succès. Après
avoir mis dans les villes qu'il avait soumises des garnisons
qui montaient à sept mille hommes de pied et à mille chevaux,
il retourna prendre ses quartiers d'hiver en Syrie. Ce
fut là que son fils vint le joindre de la Gaule, où il était avec
César. Ce jeune homme avait déjà reçu plusieurs prix d'honneur,
qu'il devait à son courage, et il amenait à son père
mille cavaliers d'élite.
Après la faute qu'avait faite Crassus d'entreprendre
cette guerre, et qui fut la plus grande de toutes, il n'en commit
pas de plus funeste que ce prompt retour en Syrie, tandis
qu'il aurait dû hâter sa marche et occuper les villes de Babylone
et de Séleucie, de tout temps ennemies des Parthes. Par
ce retard, il donna le temps aux ennemis de se préparer à la
défense. A cette première faute il en ajouta une seconde : ce
fut de se conduire pendant son séjour en Syrie plutôt en
commerçant qu'en général d'armée, ce qui lui attira un blâme
universel. Au lieu de faire la revue de ses troupes, de les
tenir en haleine par des exercices et des jeux militaires, il
s'amusa pendant p'usieurs jours à compter les revenus des
villes, à peser lui-même à la balance tous les trésors que
renfermait le temple de la déesse d'Hiérapolis. Il envoyait
demander aux peuples et aux villes des contributions en hommes
pour recruter son armée; et ensuite il les en exemptait
pour de l'argent. Cette conduite le rendit méprisable à ceux
même qui obtenaient ces exemptions. Le premier présage de
ses malheurs lui vint de cette déesse d'Hiérapolis, qui selon
les uns est Vénus, suivant d'autres Junon, et que quelques-uns
assurent être la nature même, qui a tiré de la substance
humide les principes et les semences de tous les êtres et a fait
connaître aux hommes les sources de tous les biens. Comme
il sortait du temple, le jeune Crassus fit une chute sur le seuil
de la porte, et son père tomba sur lui.
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