[18] Ἤδη δὲ τὰς δυνάμεις ἐκ τῶν χειμαδίων συναθροίζοντος
αὐτοῦ, πρέσβεις ἀφίκοντο παρ´ Ἀρσάκου, βραχύν
τινα λόγον κομίζοντες. ἔφασαν γάρ, εἰ μὲν ὑπὸ Ῥωμαίων
ὁ στρατὸς ἀπέσταλται, πόλεμον αὐτοῖς ἄσπονδον εἶναι καὶ
ἀδιάλλακτον, εἰ δὲ τῆς πατρίδος ἀκούσης - ὡς πυνθάνονται - Κράσσος
ἰδίων ἕνεκα κερδῶν ὅπλα Πάρθοις ἐπενήνοχε
καὶ χώραν κατείληφε, μετριάζειν Ἀρσάκην καὶ τὸ
μὲν Κράσσου γῆρας οἰκτίρειν, ἀφιέναι δὲ Ῥωμαίοις τοὺς
ἄνδρας, οὓς ἔχει φρουρουμένους μᾶλλον ἢ φρουροῦντας.
πρὸς ταῦτα Κράσσου κομπάσαντος, ὡς ἐν Σελευκείᾳ
δώσει τὰς ἀποκρίσεις, γελάσας ὁ πρεσβύτατος τῶν πρέσβεων
Οὐαγίσης καὶ τῆς χειρὸς ὑπτίας δείξας τὸ μέσον,
„ἐντεῦθεν“ εἶπεν „ὦ Κράσσε φύσονται τρίχες πρότερον
ἢ σὺ ὄψει Σελεύκειαν.“ οὗτοι μὲν οὖν ἀπήλαυνον ὡς
Ὁρώδην βασιλέα, πολεμητέα φράσοντες, ἐκ δὲ τῶν πόλεων,
ἃς ἐφρούρουν Ῥωμαῖοι τῆς Μεσοποταμίας, παραβόλως
τινὲς διεκπεσόντες ἄξια φροντίδων ἀπήγγελλον, αὐτόπται
μὲν γεγονότες τοῦ τε πλήθους τῶν πολεμίων καὶ τῶν ἀγώνων
οὓς ἠγωνίσαντο προσμαχόμενοι ταῖς πόλεσιν, οἷα δὲ
φιλεῖ, πάντα πρὸς τὸ δεινότερον ἐξαγγέλλοντες, ὡς ἄφυκτοι
μὲν οἱ ἄνδρες διώκοντες, ἄληπτοι δὲ φεύγοντες, βέλη
δὲ πτηνὰ προθέοντα τῆς ὄψεως καί, πρὶν ὀφθῆναι τὸν
βάλλοντα, χωροῦντα διὰ τοῦ προστυχόντος, τῶν δὲ καταφράκτων
ὅπλων τὰ μὲν διὰ παντὸς ὠθεῖσθαι, τὰ δὲ πρὸς
μηδὲν ἐνδιδόναι πεποιημένα. ταῦτα τῶν στρατιωτῶν ἀκουόντων
τὸ θράσος ὑπήρειπε· πεπεισμένοι γὰρ οὐδὲν Ἀρμενίων
διαφέρειν Πάρθους οὐδὲ Καππαδοκῶν, οὓς ἄγων καὶ
φέρων Λεύκολλος ἀπεῖπε, καὶ τοῦ πολέμου τὸ χαλεπώτατον
ἡγούμενοι μακρὰν ὁδὸν ἔσεσθαι καὶ δίωξιν ἀνθρώπων
εἰς χεῖρας οὐκ ἀφιξομένων, παρ´ ἐλπίδας ἀγῶνα καὶ κίνδυνον
μέγαν προσεδόκων, ὥστε καὶ τῶν ἐν τέλει τινὰς οἴεσθαι
δεῖν ἐπισχόντα τὸν Κράσσον αὖθις ὑπὲρ τῶν ὅλων γνώμην
προθέσθαι· τούτων ἦν Κάσσιος ὁ ταμίας. ἡσυχῇ δὲ παρεδήλουν
καὶ οἱ μάντεις, ὡς ἀεὶ πονηρὰ σημεῖα καὶ δυσέκθυτα
προφαίνοιτο τῷ Κράσσῳ διὰ τῶν ἱερῶν. ἀλλ´ οὔτε τούτοις
προσεῖχεν οὔτε τοῖς ἕτερόν τι πλὴν ἐπείγεσθαι παραινοῦσιν.
| [18] Pendant qu'il rassemblait ses troupes de leurs quartiers d'hiver,
il reçut des ambassadeurs d'Arsace, roi des Parthes, qui lui exposèrent
en peu de mots l'objet de leur députation. "Si cette armée, lui
dirent-ils, est envoyée par les Romains, notre roi leur fera
une guerre implacable; mais si, comme on nous l'a dit,
c'est contre la volonté de Rome et pour satisfaire sa propre
cupidité que Crassus est entré en armes dans le pays des
Parthes et s'est emparé de leurs villes, Arsace, lui donnant
l'exemple de la modération, aura pitié de sa vieillesse et
laissera la libre sortie de ses états aux soldats romains,
qu'il regarde plutôt comme ses prisonniers que comme des
troupes établies en garnison dans ses villes." Crassus leur
ayant répondu avec une sorte de bravade qu'il leur ferait savoir
ses intentions dans la ville de Séleucie, Vasigès, le plus
âgé des ambassadeurs, se mit à rire, et lui montrant la paume
de sa main : « Crassus, lui dit-il, il croîtra du poil dans le
creux de ma main plus tôt que tu ne verras Séleucie. »
Les ambassadeurs se retirèrent, et étant retournés vers leur roi
Hyrodes, ils lui déclarèrent qu'il ne fallait plus songer qu'à la guerre.
Cependant quelques-uns des soldats romains que
Crassus avait mis en garnison dans les villes de Mésopotamie
s'en étant échappés avec le plus grand danger, apportèrent à
Crassus des nouvelles inquiétantes. Ils avaient vu de leurs
yeux le grand nombre des ennemis, les combats qu'ils avaient
livrés en attaquant ces villes; et, comme il est ordinaire dans
la frayeur, ils faisaient les choses beaucoup plus terribles
qu'elles ne l'étaient. « Les Parthes, disaient-ils, sont des hommes
dont on ne peut éviter la poursuite et qu'on ne saurait
atteindre dans leur fuite : leurs traits sont d'une espèce
inconnue aux Romains, et ils les lancent avec tant de roideur,
que l'oeil ne peut en suivre la rapidité et qu'on en est
frappé avant de les avoir vus partir. Les armes offensives
de leur cavalerie brisent et pénètrent tout sans trouver de
résistance, et leurs armes défensives ne peuvent être entamées."
Ces rapports rabattirent beaucoup de l'audace des
soldats, qui avaient cru que les Parthes ressemblaient aux
peuples d'Arménie et de Cappadoce, que Lucullus avait toujours
battus et poussés devant lui jusqu'à se lasser. Ils s'étaient
flattés que les plus grandes difficultés de cette guerre
seraient la longueur du chemin et la poursuite des ennemis
qui n'oseraient jamais les attendre pour se mesurer avec
eux ; et ils se voyaient, contre leur attente, réservés à des
combats et, à des dangers continuels. Aussi quelques-uns des
principaux officiers furent-ils d'avis que Crassus s'arrêtât et
qu'avant d'aller plus loin il remit l'entreprise entière en délibération.
De ce nombre était le questeur Cassius. Les devins
même disaient tout bas que les victimes avaient toujours
donné des signes funestes et n'avaient jamais pu rendre les
dieux propices. Mais Crassus ne fit aucune attention à leurs présages,
et ne voulut écouter que ceux qui l'exhortaient à presser la marche.
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