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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Crassus

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] Ἦν δ´ ἀσπάσιος ἅπασιν κλῆρος. οἵ τε γὰρ πολλοὶ Πομπήιον ἐβούλοντο μὴ μακρὰν εἶναι τῆς πόλεως, καὶ Πομπήιος ἐρῶν τῆς γυναικὸς αὐτόθι τὰ πολλὰ διατρίβειν ἔμελλε, Κράσσος δ´ ὑπὸ χαρᾶς εὐθὺςἅμ´ ἐκπεσόντι τῷ κλήρῳ καταφανὴς ἦν οὐδὲν εὐτύχημα λαμπρότερον ἑαυτῷ γεγονέναι τοῦ παρόντος ἡγούμενος, ὡς μόλις ἐν ἀλλοτρίοις καὶ πολλοῖς ἡσυχίαν ἄγειν, πρὸς δὲ τοὺς συνήθεις πολλὰ κενὰ καὶ μειρακιώδη λέγειν παρ´ ἡλικίαν τὴν ἑαυτοῦ καὶ φύσιν, ἥκιστα κομπαστὴς σοβαρὸς ἐν τῷ βίῳ γεγονώς. τότε δ´ ἐπηρμένος κομιδῇ καὶ διεφθαρμένος, οὐ Συρίαν οὐδὲ Πάρθους ὅρον ἐποιεῖτο τῆς εὐπραξίας, ἀλλ´ ὡς παιδιὰν ἀποφανῶν τὰ Λευκόλλου πρὸς Τιγράνην καὶ Πομπηίου πρὸς Μιθριδάτην, ἄχρι Βακτρίων καὶ Ἰνδῶν καὶ τῆς ἔξω θαλάσσης ἀνῆγεν ἑαυτὸν ταῖς ἐλπίσι. καίτοι τῷ γραφέντι περὶ τούτων νόμῳ Παρθικὸς πόλεμος οὐ προσῆν. ᾔδεσαν δὲ πάντες, ὅτι πρὸς τοῦτο Κράσσος ἐπτόητο, καὶ Καῖσαρ ἐκ Γαλατίας ἔγραφεν αὐτῷ, τὴν ὁρμὴν ἐπαινῶν καὶ παροξύνων ἐπὶ τὸν πόλεμον. ἐπεὶ δὲ δημαρχῶν Ἀτήιος ἔμελλε πρὸς τὴν ἔξοδον ἐναντιώσεσθαι, καὶ συνίσταντο πολλοὶ χαλεπαίνοντες, εἴ τις ἀνθρώποις οὐδὲν ἀδικοῦσιν, ἀλλ´ ἐνσπόνδοις, πολεμήσων ἄπεισι, δείσας Κράσσος ἐδεήθη Πομπηίου παραγενέσθαι καὶ συμπροπέμψαι. μέγα γὰρ ἦν ἐκείνου τὸ πρὸς τὸν ὄχλον ἀξίωμα, καὶ τότε παρεσκευασμένους πολλοὺς ἐνίστασθαι καὶ καταβοᾶν ὁρώμενος πρὸ αὐτοῦ φαιδρῷ τῷ βλέμματι καὶ προσώπῳ κατεπράυνεν Πομπήιος, ὥσθ´ ὑπείκειν σιωπῇ δι´ αὐτῶν προϊοῦσιν. δ´ Ἀτήιος ἀπαντήσας, πρῶτον μὲν ἀπὸ φωνῆς ἐκώλυε καὶ διεμαρτύρετο μὴ βαδίζειν, ἔπειτα τὸν ὑπηρέτην ἐκέλευσεν ἁψάμενον τοῦ σώματος κατέχειν. ἄλλων δὲ δημάρχων οὐκ ἐώντων, μὲν ὑπηρέτης ἀφῆκε τὸν Κράσσον, δ´ Ἀτήιος προδραμὼν ἐπὶ τὴν πύλην ἔθηκεν ἐσχαρίδα καιομένην, καὶ τοῦ Κράσσου γενομένου κατ´ αὐτήν, ἐπιθυμιῶν καὶ κατασπένδων ἀρὰς ἐπηρᾶτο δεινὰς μὲν αὐτὰς καὶ φρικώδεις, δεινοὺς δέ τινας θεοὺς καὶ ἀλλοκότους ἐπ´ αὐταῖς καλῶν καὶ ὀνομάζων. ταύτας φασὶ Ῥωμαῖοι τὰς ἀρὰς ἀποθέτους οὔσας καὶ παλαιὰς τοιαύτην ἔχειν δύναμιν, ὡς περιφεύγειν μηδένα τῶν ἐνσχεθέντων αὐταῖς, κακῶς δὲ πράσσειν καὶ τὸν χρησάμενον, ὅθεν οὐκ ἐπὶ τοῖς τυχοῦσιν αὐτὰς οὐδ´ ὑπὸ πολλῶν ἐγείρεσθαι. καὶ τότ´ οὖν ἐμέμφοντο τὸν Ἀτήιον, εἰ δι´ ἣν ἐχαλέπαινε τῷ Κράσσῳ πόλιν, εἰς αὐτὴν ἀρὰς ἀφῆκε καὶ δεισιδαιμονίαν τοσαύτην. [16] Ce partage plut à tous les partis ; le peuple désirait que Pompée ne fût pas éloigné de Rome, et lui-même, aimant tendrement sa femme, était bien aise de pouvoir rester plus longtemps auprès d'elle. Crassus n'eut pas plutôt su le partage que le sort lui avait donné, qu'on vit à ses transports de joie qu'il le regardait comme le plus grand bonheur qu'il eût eu de sa vie; et si en public, même devant les étrangers, il avait peine à se contenir, il se permettait avec ses amis des discours pleins d'une vanité puérile, aussi peu convenables à son âge qu'au caractère qu'il avait toujours montré; car il n'avait jamais paru ni fanfaron ni vain. Mais alors, transporté hors de lui-même et corrompu par cette nouvelle promotion au consulat, loin de borner ses prétentions à la conquête de la Syrie et des Parthes, il ne se promettait rien moins que de faire passer pour des jeux d'enfants les exploits de Lucullus contre Tigrane et les victoires de Pompée sur Mithridate; déjà, dans ses folles espérances, il voyait la Bactriane, les Indes et la mer extérieure soumises à ses armes. Cependant le décret du peuple ne comprenait pas la guerre des Parthes; mais tout le monde savait que c'était la folie de Crassus; et César lui écrivit des Gaules pour louer son projet et l'exciter à cette guerre. Atéius, l'un des tribuns du peuple, voulait s'opposer à son départ, et il était appuyé par un grand nombre de citoyens, qui voyaient avec indignation qu'on allât porter la guerre chez des nations alliées du peuple romain et desquelles l'on n'avait pas à se plaindre. Crassus, qui craignit les suites de cette opposition, eut recours à Pompée, et le pria de l'accompagner hors de la ville. Ce dernier jouissait auprès du peuple d'une telle considération, que cette multitude, qui s'était attroupée pour s'opposer au départ de Crassus et l'arrêter par ses clameurs, n'eut pas plutôt vu Pompée marcher devant lui avec un visage serein et un air riant, qu'adoucie par sa présence elle lui laissa le passage libre. Atéius, sans se déconcerter va au-devant de Crassus, lui défend de sortir de Rome et proteste contre son entreprise. Il commande ensuite à un huissier de le saisir et de l'arrêter. Les autres tribuns s'y étant opposés, l'huissier le lâcha ; Atéius, ayant couru à la porte de la ville, met à terre un brasier plein de feu, et lorsque Crassus arrive il jette des parfums dans le brasier, y répand des libations, et, prononçant des imprécations horribles, il invoque par leurs noms des divinités étranges et terribles. Les Romains prétendent que ces imprécations, qui sont très secrètes et très anciennes, ont toujours un effet inévitable sur ceux qui en ont été l'objet; qu'elles sont même funestes à ceux qui les prononcent ; d'où vient que peu de personnes osent les employer, et qu'ils ne le font que dans des occasions extraordinaires. Aussi blâme-t-on Atéius d'avoir compris dans un anathème si terrible Rome elle-même, dont l'intérêt était le seul motif de son indignation contre le consul.


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Dernière mise à jour : 1/09/2006