[13] Ἡ μὲν οὖν ὑπατεία τοῦ Κράσσου ταῦτ´ ἔσχεν ἄξια
μνήμης, ἡ δὲ τιμητεία παντάπασιν ἀτελὴς καὶ ἄπρακτος
αὐτῷ διῆλθεν - οὔτε γὰρ βουλῆς ἐξέτασιν οὔθ´ ἱππέων
ἐπίσκεψιν οὔτ´ ἀποτίμησιν πολιτῶν ἐποιήσατο - , καίτοι
συνάρχοντα Ῥωμαίων ἔχοντι τὸν πρᾳότατον Λουτάτιον
Κάτλον. ἀλλά φασιν ἐπὶ δεινὸν ὁρμήσαντι τῷ Κράσσῳ
πολίτευμα καὶ βίαιον, Αἴγυπτον ποιεῖν ὑποτελῆ Ῥωμαίοις,
ἀντιβῆναι τὸν Κάτλον ἐρρωμένως, ἐκ δὲ τούτου γενομένης
διαφορᾶς, ἑκόντας ἀποθέσθαι τὴν ἀρχήν.
Ἐν δὲ τοῖς περὶ Κατιλίναν πράγμασι μεγάλοις καὶ μικροῦ
δεήσασιν ἀνατρέψαι τὴν Ῥώμην ἥψατο μέν τις ὑπόνοια
τοῦ Κράσσου, καὶ προσῆλθεν ἄνθρωπος ὀνομάζων
- - - ἀπὸ τῆς συνωμοσίας, οὐδεὶς δ´ ἐπίστευσεν. ὅμως δ´ ὁ
Κικέρων ἔν τινι λόγῳ φανερός ἐστι καὶ Κράσσῳ καὶ Καίσαρι
τὴν αἰτίαν προστριβόμενος. ἀλλ´ οὗτος μὲν ὁ λόγος
ἐξεδόθη μετὰ τὴν ἀμφοῖν τελευτήν, ἐν δὲ τῷ Περὶ τῆς
ὑπατείας ὁ Κικέρων νύκτωρ φησὶ τὸν Κράσσον ἀφικέσθαι
πρὸς αὐτόν, ἐπιστολὴν κομίζοντατὰ περὶ τὸν Κατιλίναν
ἐξηγουμένην ὡς ἤδη βεβαιοῦντα τὴν συνωμοσίαν.
ὁ δ´ οὖν Κράσσος ἀεὶ μὲν ἐμίσει τὸν Κικέρωνα διὰ τοῦτο,
τοῦ δὲ βλάπτειν ἀναφανδὸν ἐμποδὼν εἶχε τὸν υἱόν. ὁ γὰρ
Πούπλιος ὢν φιλολόγος καὶ φιλομαθὴς ἐξήρτητο τοῦ
Κικέρωνος, ὥστε καὶ συμμεταβαλεῖν αὐτῷ τὴν ἐσθῆτα κρινομένῳ
καὶ τοὺς ἄλλους νέους ταὐτὸ ποιοῦντας παρασχεῖν.
τέλος δὲ τὸν πατέρα πείσας φίλον ἐποίησεν.
| [13] Voilà ce qu'eut de plus remarquable le consulat de Crassus.
Sa censure ne fut pas plus utile et n'offre rien à citer. Il ne fit ni l'examen
de la conduite des sénateurs, ni la revue des chevaliers, ni le dénombrement
du peuple. Cependant il avait pour collègue l'homme le plus
doux des Romains, Lutatius Catulus, qui n'y aurait mis aucun
obstacle. On rapporte néanmoins que Crassus ayant voulu
faire l'entreprise, aussi injuste que violente, de rendre l'Égypte
tributaire du peuple romain, Catulus lui opposa la plus
forte résistance, et cette différence d'opinion ayant excité entre eux
une contestation très vive, ils se démirent volontairement de la censure.
Dans cette fameuse conjuration de Catilina; qui pensa
ruiner la république romaine, Crassus fut soupçonné d'y avoir
eu part, et l'un des complices le nomma dans sa déposition;
mais personne n'y ajouta foi. Cependant Cicéron, dans un de
ses discours, charge ouvertement Crassus et César de cette
complicité; mais ce discours ne fut publié qu'après la mort
de l'un et de l'autre. Cicéron, dans l'oraison qu'il fit sur son
consulat, dit encore que Crassus, étant venu la nuit le trouver,
lui remit une lettre où il était fort question de Catilina,
et lui prouva la vérité de la conjuration sur laquelle il faisait
informer. Ce qu'il y a de certain, c'est que, depuis, Crassus
eut pour Cicéron une haine mortelle; mais son fils empêcha
qu'il ne cherchât les moyens de lui nuire. Ce jeune homme,
qui aimait singulièrement les lettres et se livrait à l'élude avec
ardeur, avait un attachement si vif pour Cicéron, que lorsqu'on
lui fit son procès il prit comme lui un habit de deuil,
et persuada à tous les autres jeunes gens de faire de même.
Il parvint dans la suite à le réconcilier avec son père.
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