| [14] Ὁ δὲ Καῖσαρ ὡς ἐπανῆλθεν ἀπὸ τῆς ἐπαρχίας,
 παρασκευαζόμενος ὑπατείαν μετιέναι, καὶ Κράσσον ὁρῶν
 καὶ Πομπήιον αὖθις ἐν διαφοραῖς πρὸς ἀλλήλους ὄντας,
 οὔτε θατέρου δεηθεὶς ἐβούλετο λαβεῖν ἐχθρὸν τὸν ἕτερον,
 οὔτε μηδετέρου συνεργοῦντος ἤλπιζε κατορθώσειν.
 ἔπραττεν οὖν διαλλαγὰς αὐτοῖς προσκείμενος ἀεὶ καὶ διδάσκων,
 ὡς καταλύοντες ἀλλήλους αὔξουσι Κικέρωνας
 καὶ Κάτλους καὶ Κάτωνας, ὧν οὐδεὶς λόγος, ἂν ἐκεῖνοι
 συνενεγκόντες εἰς ταὐτὸ τὰς φιλίας καὶ τὰς ἑταιρείας ἑνὶ
 κράτει καὶ μιᾷ γνώμῃ τὴν πόλιν ἄγωσι. πείσας δὲ καὶ
 διαλλάξας συνήγαγε, καὶ συνέστησεν ἐκ τῶν τριῶν ἰσχὺν
 ἄμαχον, ᾗ κατέλυσε Ῥωμαίων τήν τε βουλὴν καὶ τὸν δῆμον,
 οὐκ ἐκείνους δι´ ἀλλήλων μείζονας, ἀλλὰ δι´ ἐκείνων
 μέγιστον ἑαυτὸν ἀπεργασάμενος. εὐθὺς μὲν γὰρ ἀρθεὶς
 ὑπ´ ἀμφοτέρων ὕπατος ἀπεδείχθη λαμπρῶς, ὑπατεύοντι
 δ´ αὐτῷ μεγάλων ψηφισάμενοι στρατευμάτων ἡγεμονίαν
 καὶ Γαλατίαν ἐγχειρίσαντες, ὥσπερ εἰς ἀκρόπολιν κατέστησαν,
 οἰόμενοι καθ´ ἡσυχίαν νεμήσεσθαι τὰ λοιπὰ πρὸς
 ἀλλήλους ἐκείνῳ βεβαιοῦντες ἣν ἔλαχεν ἀρχήν. Πομπήιος
 μὲν οὖν ὑπὸ φιλαρχίας ἀμέτρου ταῦτ´ ἔπραττε, τῶν δὲ
 Κράσσου νοσημάτων τὸ ἀρχαῖον, ἡ φιλοπλουτία, καινὸν
 ἔρωτα προσλαβοῦσα καὶ ζῆλον ἐπὶ ταῖς Καίσαρος ἀριστείαις
 τροπαίων καὶ θριάμβων, οἷς γε μόνοις ἐλαττοῦσθαι
 προὔχοντα τοῖς ἄλλοις ἑαυτόν, οὐκ ἀνῆκεν οὐδ´ ἐλώφησε,
 πρὶν εἰς ὄλεθρον ἀκλεῆ καὶ δημοσίας συμφορὰς τελευτῆσαι.
 Καίσαρος γὰρ εἰς Λοῦκαν πόλιν ἐκ Γαλατίας καταβάντος,
 ἄλλοι τε πολλοὶ Ῥωμαίων ἀφίκοντο, καὶ Πομπήιος
 καὶ Κράσσος ἰδίᾳ συγγενόμενοι πρὸς αὐτὸν ἔγνωσαν
 ἐγκρατέστερον ἔχεσθαι τῶν πραγμάτων καὶ πᾶσαν
 ὑφ´ ἑαυτοῖς ποιεῖσθαι τὴν ἡγεμονίαν, Καίσαρος μὲν ἐν
 τοῖς ὅπλοις μένοντος, ἄλλας δ´ ἐπαρχίας καὶ στρατεύματα
 Πομπηίου καὶ Κράσσου λαβόντων. ἐπὶ ταῦτα δ´
 ὁδὸς ἦν μία δευτέρας ὑπατείας αἴτησις, ἣν μετιόντων
 ἐκείνων ἔδει συμπράττειν Καίσαρα, τοῖς τε φίλοις γράφοντα
 καὶ τῶν στρατιωτῶν πέμποντα πολλοὺς ἀρχαιρεσιάσοντας.
 
 | [14] Cependant César, qui, revenu de son gouvernement, se disposait 
à demander le consulat, ayant trouvé Crassus et Pompée divisés 
l'un contre l'autre, ne voulut pas, en sollicitant le secours 
de l'un, encourir l'inimitié de l'autre; mais aussi, ne se flattant 
pas de réussir sans l'appui de l'un ou de l'autre, il s'attacha 
à les remettre bien ensemble, et pour cela il les obsédait 
sans cesse; il leur représentait qu'en cherchant à se 
détruire mutuellement ils ne faisaient qu'augmenter la 
puissance des Cicéron, des Catulus et des Caton, à qui ils ôteraient 
tout crédit si, réunissant leurs intérêts et se liant par 
une amitié et une association solides, ils gouvernaient la ville 
avec un accord qui assurerait la durée de leur autorité. Il 
réussit à les persuader, et les ayant remis en bonne intelligente, 
il forma ce triumvirat dont la force invincible ruina 
l'autorité du sénat et du peuple : loin que dans cette union 
César eût accru la puissance de Crassus et de Pompée, il 
s'était rendu par le moyen de l'un et de l'autre le plus puissant 
des trois. Appuyé de leur crédit, il fut déclaré consul par le 
suffrage unanime du peuple; et comme il se conduisit avec 
sagesse dans son consulat, ils lui firent obtenir le commandement 
d'une armée et le gouvernement des Gaules. Ils l'établissaient 
ainsi dans la citadelle d'où il devait commander à la ville ; persuadés 
qu'après lui avoir assuré cette province qui lui était échue par le sort, 
ils partageraient facilement entre eux tout le reste.
Pompée suivait en cela son ambition démesurée; 
Crassus venait de joindre à son ancienne maladie, l'avarice, un 
amour violent, une soif insatiable de trophées et de triomphes, 
que les victoires de César avaient allumé dans son coeur. 
Supérieur à lui en tout le reste et ne voulant pas lui céder la 
gloire militaire, il mit tout en oeuvre pour satisfaire une passion 
malheureuse, qui finit par le précipiter dans la mort la 
plus honteuse et la plus funeste à sa patrie. César étant venu 
de son gouvernement des Gaules à la ville de Lucques, y fut 
visité par plusieurs Romains, et entre autres par Crassus et 
Pompée. Ils eurent ensemble des entretiens secrets, dans lesquels 
ils résolurent de se rendre encore plus maîtres des affaires 
et de s'assujettir toute la république. Ils convinrent que 
César resterait toujours armé, que Crassus et Pompée prendraient 
pour eux d'autres gouvernements et d'autres armées; 
que la seule voie pour y parvenir était que ces derniers 
demandassent un nouveau consulat; et que César, pour appuyer 
leur brigue, écrivit à tous ses amis et envoyât aux élections 
un grand nombre de soldats de son armée. 
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