| [9] (1) ᾿Επεὶ δὲ Τισαφέρνης ἐν 
ἀρχῇ μὲν φοβηθεὶς τὸν ᾿Αγησίλαον ἐποιήσατο σπονδάς, ὡς τὰς πόλεις αὐτῷ τὰς 
῾Ελληνίδας ἀφήσοντος αὐτονόμους βασιλέως, ὕστερον δὲ πεισθεὶς ἔχειν δύναμιν 
ἱκανὴν ἐξήνεγκε τὸν πόλεμον, ἄσμενος ὁ ᾿Αγησίλαος ἐδέξατο. (2) προσδοκία γὰρ ἦν 
μεγάλη τῆς στρατείας· καὶ δεινὸν ἡγεῖτο τοὺς μὲν σὺν Ξενοφῶντι μυρίους ἥκειν ἐπὶ 
θάλατταν, ὁσάκις ἐβουλήθησαν αὐτοὶ τοσαυτάκις βασιλέα νενικηκότας, αὐτοῦ δὲ 
Λακεδαιμονίων ἄρχοντος ἡγουμένων γῆς καὶ θαλάσσης μηδὲν ἔργον ἄξιον μνήμης 
φανῆναι πρὸς τοὺς ῞Ελληνας. (3) εὐθὺς οὖν ἀμυνόμενος ἀπάτῃ δικαίᾳ τὴν Τισαφέρνους 
ἐπιορκίαν, ἐπέδειξεν ὡς ἐπὶ Καρίαν προάξων, ἐκεῖ δὲ τὴν δύναμιν τοῦ βαρβάρου 
συναθροίσαντος ἄρας εἰς Φρυγίαν ἐνέβαλε. (4) καὶ πόλεις μὲν εἷλε συχνὰς καὶ χρημάτων 
ἀφθόνων ἐκυρίευσεν, ἐπιδεικνύμενος τοῖς φίλοις ὅτι τὸ μὲν σπεισάμενον ἀδικεῖν 
τῶν θεῶν ἔστι καταφρονεῖν, ἐν δὲ τῷ παραλογίζεσθαι τοὺς πολεμίους οὐ μόνον τὸ 
δίκαιον, ἀλλὰ καὶ δόξα πολλὴ καὶ τὸ μεθ’ ἡδονῆς κερδαίνειν ἔνεστι. (5) τοῖς δὲ 
ἱππεῦσιν ἐλαττωθεὶς καὶ τῶν ἱερῶν ἀλόβων φανέντων, ἀναχωρήσας εἰς ῎Εφεσον 
ἱππικὸν συνῆγε, τοῖς εὐπόροις προειπών, εἰ μὴ βούλονται στρατεύεσθαι, παρασχεῖν 
ἕκαστον ἵππον ἀνθ’ ἑαυτοῦ καὶ ἄνδρα. (6) πολλοὶ δ’ ἦσαν οὗτοι, καὶ συνέβαινε τῷ 
᾿Αγησιλάῳ ταχὺ πολλοὺς καὶ πολεμικοὺς ἔχειν ἱππεῖς ἀντὶ δειλῶν ὁπλιτῶν. 
ἐμισθοῦντο γὰρ οἱ μὴ βουλόμενοι στρατεύεσθαι τοὺς βουλομένους στρατεύεσθαι, οἱ 
δὲ μὴ βουλόμενοι ἱππεύειν τοὺς βουλομένους ἱππεύειν. (7) καὶ γὰρ τὸν ᾿Αγαμέμνονα 
ποιῆσαι καλῶς ὅτι θήλειαν ἵππον ἀγαθὴν λαβὼν κακὸν ἄνδρα καὶ πλούσιον ἀπήλλαξε 
τῆς στρατείας. (8) ἐπεὶ δὲ κελεύσαντος αὐτοῦ τοὺς αἰχμαλώτους ἀποδύοντες ἐπίπρασκον 
οἱ λαφυροπῶλαι, καὶ τῆς μὲν ἐσθῆτος ἦσαν ὠνηταὶ πολλοί, τῶν δὲ σωμάτων λευκῶν 
καὶ ἁπαλῶν παντάπασι διὰ τὰς σκιατραφίας γυμνουμένων κατεγέλων ὡς ἀχρήστων καὶ 
μηδενὸς ἀξίων, ἐπιστὰς ὁ ᾿Αγησίλαος, "Οὗτοι μέν" εἶπεν "οἷς μάχεσθε, ταῦτα δὲ 
ὑπὲρ ὧν μάχεσθε."
 | [9] (1) Au début de la guerre Tissapherne, par peur d'Agésilas, avait conclu 
avec lui un accord aux termes duquel le roi laisserait libres les villes 
grecques d'Asie; mais, par la suite, se croyant sûr d'avoir des forces 
suffisantes, il reprit les armes. Agésilas en fut ravi; (2) car il attendait 
beaucoup de son expédition et ne pouvait admettre que si les Dix Mille, avec 
Xénophon, étaient arrivés à la mer après avoir vaincu le roi aussi souvent 
qu'ils l'avaient voulu, les Lacédémoniens, maîtres de la terre et de la mer 
n'eussent encore, sous son propre commandement, fait voir aux Grecs aucun 
exploit digne de mémoire. (3) Aussitôt donc, répondant au parjure de Tissapherne 
par une feinte légitime, il fit ostensiblement des préparatifs comme pour une 
expédition en Carie; puis, quand le barbare eut rassemblé ses forces dans cette 
province lointaine, il leva le camp et envahit la Phrygie. (4) Il y prit bien 
des villes et s'empara de richesses considérables. Il montrait de la sorte à ses 
amis que, si violer une trêve après l'avoir conclue, c'est mépriser les dieux, 
en revanche, infliger un mécompte aux ennemis, c'est satisfaire non seulement la 
justice, mais encore l'intérêt, et gagner beaucoup de gloire, sans préjudice de 
l'agrément. (5) Mais comme il se trouvait en état d'infériorité sous le rapport 
de la cavalerie et qu'un jour le foie des victimes n'avait pas présenté de lobe, 
il repartit pour Éphèse. Il put y former une cavalerie en persuadant les riches, 
s'ils ne voulaient pas servir en personne, de fournir chacun, pour son 
remplacement, un cheval et un homme. (6) Ces gens-là étaient nombreux, et 
Agésilas réussit bien vite à recruter beaucoup d'excellents cavaliers au lieu de 
mauvais fantassins, car ceux qui ne voulaient pas servir payaient des 
volontaires pour le faire à leur place; et de même, ceux qui ne voulaient pas 
monter à cheval. (7) Agésilas agissait ainsi comme Agamemnon, qui fit bien 
d'accepter une bonne jument pour débarrasser l'armée d'un homme sans valeur et 
riche. (8) Comme, par son ordre, les trafiquants de butin dépouillaient les 
prisonniers avant de les vendre, il y avait beaucoup d'acheteurs pour les 
habits; mais quand on voyait à nu les corps blancs et mous de gens habitués à 
vivre à l'ombre, on en riait comme d'êtres inutiles et sans valeur marchande. 
Agésilas survint et dit: "Voilà ceux que vous combattez! Et voilà ce pour quoi 
vous combattez!" 
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